Peut-on ne pas croire au progrès ?
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Termes du sujet:
PROGRESSER /PROGRÈS:
* Progresser: évoluer du moins bien vers le mieux, (s') améliorer.
* Progrès: 1) Passage graduel du moins bien vers le mieux, évolution dans le sens d'une amélioration.
2) Le Progrès:
marche en avant de la civilisation, par le biais du développement des sciences et techniques.
CROIRE / CROYANCE:
1) Attitude de l'esprit qui affirme quelque chose sans pouvoir en donner une preuve (Synonyme d'opinion).
2) Adhésion de l'esprit à des vérités qui ne sont pas connues par la raison (synonyme de foi).
Le progrès est indiscutable et il est toujours positif (voir Qu'est-ce que les Lumières ? de Kant).
Comme le dit
Auguste Comte : "Le progrès développe l'ordre et ramène à l'amour".
En effet, tout progrès, scientifique ou
technique, théorique ou pratique, s'affirme comme une réussite à la gloire de l'homme et de son intelligence.
De plus,
il autorise l'espérance d'une nouvelle progression qui continuera le mouvement amorcé.
La lutte contre les maladies
infectieuses, la maîtrise de l'atome, les télécommunications, l'informatique sont autant d'outils scientifiques et
techniques ayant permis à l'homme de mieux vivre et de vivre plus longtemps.
Si le progrès est une croyance, n'estil pas également la marque de la liberté humaine ? Croire, est-ce accepter aveuglément tout ce qui est progrès ? Ou
le progrès ne doit-il pas faire l'objet d'une croyance, mais d'une rationalité clairvoyante ? Mais le progrès existerait-il
toujours s'il devait être soumis systématiquement à la barrière de la raison ? Ne pas croire au progrès, n'est-ce pas
refuser l'idée de l'histoire comme processus vers le bien suprême (Hegel) ? N'est-ce pas refuser que l'homme puisse
encore faire mieux, et croire que tout progrès ultérieur ne serait que néfaste ?
Introduction
S'il est un domaine où le progrès semble à la fois considérable et incontestable, c'est bien celui des techniques.
Quel
chemin parcouru depuis la diligence portant les messages d'un bout à l'autre de la France, à Internet permettant de
joindre instantanément un correspondant situé à l'autre bout du monde ! Compte tenu du gain de temps, d'efforts,
de confort et d'argent, il semble bien difficile de trouver des motifs légitimes pour critiquer, au sens de désapprouver
et de condamner, le progrès technique.
Mais il suffit de constater l'usage effectif ou possible de certaines inventions, comme la bombe atomique, pour
s'apercevoir que la technique peut se retourner contre les intentions de son instigateur et réveiller ce que l'homme a
en lui de plus bestial.
À ces conditions une critique, comprise comme examen des conditions de légitimité du progrès
technique, s'avère non seulement raisonnable mais nécessaire.
Mais comment la concevoir ?
I.
Il est déraisonnable de critiquer le progrès technique en tant que tel
1.
La technique est révélatrice d'une intelligence spécifiquement humaine (Aristote, Bergson).
Son progrès souligne
la complexification de cette intelligence.
Le condamner reviendrait à ravaler l'homme au rang de la bête.
2.
Le retour â x techniques ancestrales peut avoir un intérêt historique ou exotique (se dépayser), mais en aucun
cas économique.
Le progrès technique fait gagner à l'homme du temps, des efforts et de l'argent, et le libère pour le
loisir, notamment pour la pensée.
3.
Les quelques « ratés » du progrès technique, si « ratés » il y a, sont négligeables par rapport aux gains (cf.
tout
le domaine de la recherche scientifique, avec par exemple l'invention du scanner).
II.
L'usage de la technique doit être réglementé par l'éthique
1.
L'intérêt pour les moyens ou le progrès en lui-même, supplante l'examen des fins, de la finalité et de l'usage
possible de la technique (Kant et Ellul).
2.
L'histoire des techniques regorge d'exemples d'utilisations perverses d'inventions signalant en elles-mêmes un
progrès (la bombe atomique, le clonage...
).
3.
Une critique des conditions de légitimité du progrès technique est nécessaire pour rendre ce progrès pleinement
humain (Jonas.
Exemple de la bio-éthique).
Conclusion
Il semble déraisonnable de désapprouver le progrès technique en tant que tel.
Car il n'est en lui-même ni bon ni
mauvais, et témoigne dans tous les cas d'une créativité.
C'est sur les conditions de son utilisation légitime qu'il faut
réfléchir.
En ce sens : « L'observation de la civilisation technicienne, malgré tant de misères physiques et morales,
d'échecs et de dangers terrifiants, conduit à dire résolument : Oui ! à la technique, mais à la technique dominée par
l'homme » (Friedmann, « La grande aventure », in Sept Études sur l'homme et la technique).
L'homme n'est jamais
plus humain ou raisonnable que lorsqu'il décide de limiter le pouvoir par le devoir, ses possibilités techniques par
l'exigence éthique..
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