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Est-ce un progrès de ne plus croire ?

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« Au sens large, la croyance se définit comme une adhésion à une idée, à une théorie ou à un dogme : la foi, l'opinion et le savoir sont dans cette perspective des modes différents de croyance.

En un sens plus restreint, la croyance est opposée au savoir et désigne une attitude de l'esprit qui affirme quelque chose avec un degré plus ou moins grand de probabilité, sans pouvoir en donner de preuves.

Enfin, en un sens particulier, la croyance peut être synonyme de foi, et consiste à adhérer à une vérité transcendante sans justification rationnelle.

Se demander si ne plus croire est un progrès semble amener à considérer les sens restreints de la croyance, au sens où il s'agit de savoir si la croyance est une attitude imparfaite de l'esprit, qui peut être dépassée par un mode de connaissance supérieur : il faut donc se demander si l'on peut comprendre la croyance comme une étape dans une hiérarchie, qui doit mener à son dépassement.

Cela amène à poser la question du statut de la croyance, c'est-à-dire de ce que cette attitude de l'esprit peut apporter en termes théoriques et pratiques, et de la possibilité de la dépasser.

Ne peut-on penser que la croyance désigne un rapport à soi-même et au monde spécifique, indépendant du mode du savoir et indépassable par lui ? Ou bien que notre esprit, parce qu'il est limité, ne peut toujours dépasser la croyance en donnant des raisons rationnelles d'adhérer à une idée ? Après avoir envisagé que le dépassement de la croyance, loin d'être un progrès, apparaît comme une illusion irréalisable, nous envisagerons la croyance comme une étape de la raison appelant son dépassement dans le savoir scientifique.

Nous pourrons alors envisager l'idée que les rapports entre croyance et savoir ne sont pas à comprendre comme un progrès, mais comme deux ordres distincts et tout autant nécessaires. 1° Les limites de la connaissance font que la croyance ne peut être dépassée Hume se place dans une perspective qualifiée de scepticisme modéré : à la différence du scepticisme antique représenté notamment par Pyrrhon, pour qui l'impossibilité d'accéder à la certitude doit conduire à la suspension de tous nos jugements, Hume, de manière moins radicale, pose les limites de la connaissance en tant qu'elle prétend accéder au vrai de manière certaine. Pour Pyrrhon, nous devons suspendre toute croyance, alors que Hume pose que la croyance est notre mode habituel et indépassable de nous rapporter aux choses.

Nos idées proviennent des impressions et perceptions qui trouvent leurs sources dans l'expérience et s'ancrent dans notre esprit par leur répétition.

Mais notre raison ne dispose pas de la capacité de dépasser ce plan de l'expérience pour connaître la véritable essence des choses.

La science, tout comme la morale ou la religion, ne peuvent donc posséder des bases rationnelles qui nous permettraient de les justifier comme des certitudes : elles sont des croyances basées sur des degrés de probabilité plus ou moins élevés selon les rapports qu'elles entretiennent avec l'expérience dont elles proviennent, et sur des sentiments inhérents à la nature humaine.

Dans cette perspective empiriste, la croyance ne peut être dépassée dans la mesure où notre raison dépend de l'expérience et ne peut la dépasser dans un savoir absolu sur ce que serait la nature des choses en dehors de la manière dont elle nous apparaît : notre esprit s'en tient à des croyances basées sur la répétition des expériences.

On peut donc simplement distinguer des degrés, à l'intérieur de la croyance, selon le degré de proximité qu'une croyance entretient avec cette expérience : en ce sens, les croyances de la science paraissent plus probables que les croyances religieuses.

Poser un progrès qui dépasserait l'ordre de la croyance apparaît ainsi comme une illusion. 2° Le progrès de la raison amène à un dépassement de la croyance par le savoir Comte pense un progrès de la raison, à la fois dans son développement collectif et individuel, qui passe par trois états : l'Etat théologique, caractérisé par la croyance en des agents surnaturels conçus comme des explications des phénomènes, l'Etat métaphysique, qui explique les phénomènes par des entités abstraites, et l'Etat positif, ou l'esprit renonce à chercher la cause absolue des phénomènes pour se consacrer à la recherche de lois entre ces phénomènes.

Contrairement à Hume, l'idée que l'on ne puisse atteindre la véritable nature des choses en dehors des phénomènes n'est pas le signe que la croyance ne peut être dépassée.

Au contraire, le véritable savoir de la raison advient lorsque l'esprit renonce aux croyances religieuses et métaphysiques cherchant des causes cachées aux phénomènes.

Ce savoir se caractérise par la mise en évidence de lois vérifiées par l'expérimentation.

La science constitue ainsi un progrès par rapport à la croyance, notamment par rapport à la croyance religieuse, qui ne consiste que dans une réalisation imparfaite de l'humanité, une étape nécessaire qui peut être dépassée par la connaissance des lois de la nature. Comte: La loi des trois états 1.

Une découverte précoce Énoncée très tôt dans l'oeuvre de Comte, la loi des trois états est formulée comme suit : « Parla nature même de l'esprit humain, chaque branche de nos connaissances est nécessairement assujettie dans sa marche à passer. »

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