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Peut-on faire de la conscience le lieu de la liberté ?

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« Définition des termes du sujet: LIBERTÉ: Ce mot, en philosophie a trois sens : 1° Libre arbitre.

Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux. 2° Liberté de spontanéité.

S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure. 3° Liberté du sage.

État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).

Être conscient signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.

Mais il convient de distinguer la conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie, conscience qui se saisit elle-même comme conscience.

La première consiste à « avoir conscience », tandis que la seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».

Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre conscience ». Faire de la conscience le lieu de la liberté signifie d'une part que c'est en la conscience que se situe notre liberté, et d'autre part que c'est parce que nous sommes conscients que nous sommes libres.

Il y aurait donc une liberté, la liberté de conscience, qui serait la liberté.

Ceci mérite discussion car que serait une liberté qui resterait dans l'inaction ou dans l'inconscient ? Il faut donc interroger plus précisément les relations entre liberté et conscience. Peut-on être libre si on est inconscient ? Si on rapproche cette interrogation du concept de responsabilité : à partir de quand estime-t-on que quelqu'un est responsable ? Quelles sont les conditions pour définir la responsabilité ? Mais par ailleurs il faut se demander si la conscience suffit à définir la liberté : si la conscience suffit pour qu'un homme soit dit libre.

Il convient de montrer ce qui fait de la conscience une réalité à part, qui permet de distinguer l'homme du monde.

Mais il convient de s'interroger aussi sur l'expression : " faire de la conscience ".

En quel sens l'homme peut-il faire de la conscience le lieu de la liberté, c'est-à-dire se libérer de ses aveuglements, de ses illusions (y compris ceux de la conscience), de ses aliénations ? Et la conscience est-elle un lieu de la liberté ou le lieu de la liberté ? Références utiles : Spinoza, Freud. Conscience et liberté ? Des expressions courantes conduisent à mettre en évidence un rapport entre conscience et liberté.

Par exemple, « prendre conscience » d'un geste machinal, c'est prendre du « recul » et se le « représenter ».

« Avoir conscience » du geste ouvre sur la possibilité de « réfléchir » en vue de l'arrêter, le poursuivre, le modifier; l'améliorer; etc.

Ainsi, au lien de réagir par réflexe, comme l'animal, l'homme peut agir après mûre réflexion.

Le choix que la conscience éclaire est bien la marque d'une liberté. La puissance que nous vivons en nous-mêmes et qui vise la liberté n'est pas nécessairement celle de la passion destructrice et violente.

Dans ses Méditations, Descartes reconnaît en lui sa volonté "si grande que je ne conçois point l'idée d'aucune autre plus ample et plus étendue".

En cet infini pouvoir de la volonté que nous expérimentons en nous-mêmes, il voit la marque et la ressemblance de Dieu.

La liberté humaine est infinie, à l'image de la puissance infinie de notre volonté.

Il n'appartient qu'à nous d'affirmer ou de nier, de faire ou de ne pas faire, de poursuivre ou de fuir tout ce que nous voulons.

La liberté n'est pas un état d'indifférence dans lequel je suis plongé lorsque toutes les contraintes sont absentes — car en ce cas je ne choisis pas ou bien je choisis au hasard —, mais bien dans l'acte volontaire par lequel je donne mon assentiment ou je le refuse.

Nous serons donc d'autant plus libres que nous agirons en raison, c'est-à-dire en connaissance de cause.

Plus la connaissance des conséquences et des effets de nos actes nous est claire, plus notre volonté trouve de facilité à s'exercer dans ses jugements.

Si la volonté est une puissance infinie, la raison en est le seul guide pour la bien conduire. Toutefois, des conditions déterminantes interviennent dans la façon dont nous prenons conscience du monde, des autres et de nous-même.

Ces conditions, qui nous « marquent », sont la culture, la langue, le milieu social, l'éducation, les traditions, etc.

Par exemple, tel geste sera considéré comme arrogant dans une culture et poli dans une autre.

Que reste-t-il alors du choix que notre conscience semblait guider; si nous ne sommes pas aussi libres de nos représentations et de nos actions que nous le pensions ? Prise de conscience et expérience de la liberté. Analysons un acte machinal : il s'accomplit sans que la conscience l'éclaire.

« Je ne m'en suis pas rendu compte », disons-nous.

Se rendre compte, c'est réaliser ce que l'on fait, c'est-à-dire se représenter l'acte au moment de son accomplissement, être présent à l'acte.

Cette présence à l'acte, c'est la conscience.

En cela, l'acte machinal se distingue d'une action consciente, délibérée et volontaire.

Le cas du somnambule est exemplaire : il est inconscient de ce qu'il fait.

Qu'un obstacle surgisse et sa conscience s'éveille, il redevient capable de représentation et réflexion.

Ce faisant, il se libère de l'emprise de l'automatisme dont il n'était jusque-là que l'esclave aveugle.. »

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