Aide en Philo

Peut-on être libre sans le savoir ?

Extrait du document

« Analyse du sujet : Le sujet prend la forme d'une question fermée : il faudra donc y répondre par « oui » ou par « non » en conclusion. Il nous demande de statuer sur la possibilité d'une situation : être libre et, à la fois, ne pas savoir qu'on est libre.

Deux notions interviennent : la liberté et le savoir. Il est possible d'opérer une distinction double de la notion de liberté La liberté s'entend premièrement dans un sens négatif comme l'absence de contraintes : ce qui est libre est ce qui n'est pas déterminé.

Liberté est alors synonyme de contingence.

Dans un second sens, positif, la liberté peut se penser en terme d'autonomie, c'est-à-dire comme la possibilité de se déterminer soimême. A cette première distinction se superpose une seconde : on peut en effet opposer la liberté pratique, effective, celle dont relève l'action libre, d'une liberté plus originaire : celle qui rend possible l'action libre. Il s'agit d'une distinction pratique/transcendantale (au sens d'une condition de possibilité) ou de fait/en droit.

Cette seconde distinction soulève question suivante : la liberté de fait (que nous éprouvons tous les jours) est-elle fondée par une liberté transcendantale ou bien n'est-elle qu'une illusion ? Savoir qu'on est libre n'est pas seulement le croire ou en avoir l'intime conviction : il faut pouvoir le prouver de manière irréfutable.

On ne peut pas se contenter pour preuve de notre impression quotidienne de liberté. Notons enfin que le sujet invite à penser que celui qui est libre le sait forcément, de telle sorte qu'être libre impliquerait nécessairement de le savoir.

Une liberté qui s'ignore ne serait alors pas une véritable liberté : le savoir de cette liberté serait le critère de distinction entre liberté véritable et une liberté illusoire. Proposition de plan : I – Faut-il différencier une liberté illusoire d'une liberté véritable ? Référence : Kant, Critique de la raison pratique (scolie du § 6) « A supposer que quelqu'un prétende ne pouvoir résister à sa passion luxurieuse quand l'objet aimé et l'occasion se présentent à lui ; on demande si, un gibet se trouvant dressé devant la maison où cette occasion s'offre à lui, pour l'y prendre aussitôt sa passion satisfaite, il lui sera dans ce cas impossible de dompter son inclination.

On n'aura pas à chercher longtemps ce qu'il répondrait.

Mais demandons lui si, son prince lui intimant, sous menace de la même mort immédiate, de porter un faux témoignage contre un homme honnête qu'il voudrait bien perdre sous de spécieux prétextes, il tiendrait dans ce cas pour possible, quelque grand que puisse être son amour de la vie, de la vaincre malgré tout ? Il n'osera peut-être assurer s'il le ferait ou non, mais il devra concéder sans hésitation que cela lui est possible.

Il juge donc qu'il peut quelque chose parce qu'il a conscience qu'il le doit, et il reconnaît en lui la liberté qui, sans la loi morale, lui serait restée inconnue.

» Si la liberté n'est qu'illusoire, non reconnue comme réelle, alors l'homme qui a mal agi peut toujours justifier ses actes en prétendant l'impossibilité de contenir ses pulsions.

C'est que qu'illustre le premier exemple du texte dans lequel l'homme « satisfait sa passion ».

Autrement dit, c'est l'idée de responsabilité de nos actes qui s'évanouit si nous ne reconnaissons pas la réalité de notre liberté. Le second exemple montre que, même face à la menace de la mort, nous avons conscience qu'accuser un homme innocent est moralement répréhensible.

Nous avons donc conscience du fait que nous sommes toujours libres de ne pas le faire, autrement dit que notre liberté est bien réelle.

Le geste de Kant consiste à placer le lecteur devant ses responsabilités on montrant qu'il est toujours libre d'agir moralement parce qu'il ne peut pas s'empêcher de juger l'action qu'il va commettre : il sait qu'il doit bien agir, et c'est pour cela qu'il le peut. Transition : Il est donc nécessaire de différencier la liberté véritable d'une liberté illusoire pour maintenir l'idée de responsabilité, sans laquelle aucune éthique n'est possible (du moins dans une perspective kantienne).

Celui qui a été mis devant ses responsabilités sait qu'il est libre.

Du moins le ressent-il.

Il s'agit maintenant de déterminer s'il s'agit bien d'un savoir, c'est-à-dire d'une connaissance fondée par une preuve. II – Peut-on prouver qu'on est libre ? Référence : Fichte, système de l'éthique (édition PUF pp.

31-32). »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles