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Peut-on être indifférent à la beauté ?

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« PROBLEMATIQUE DE L'ELEVE: Si on définit le beau comme ce qui plaît dans l'œuvre d'art, il faut se demander de quelle manière la beauté d'une œuvre d'art nous est donnée et en quoi nous pouvons y être sensibles.

Il ne s'agit d'abord pas d'une simple sensation, car dans la satisfaction esthétique, ce que je vois, écoute ou lit à une prétention à l'universalité, alors que la sensation est toujours relative et particulière.

Il s'agit davantage d'une satisfaction qui implique toute ma sensibilité, tout mon être.

Lorsque je perçois une œuvre d'art, je la perçois en tant qu'être intelligent et sensible.

Etre indifférent à la beauté, ce serait alors ne plus être sensible et ne plus être incarné.

Mais ce que je perçois de l'œuvre d'art n'est pas en même temps une réalité ou une propriété qui existerait indépendamment de moi, puisque la beauté n'est pas une propriété de quelque chose que la science pourrait démontrer, mais ce qui résulte d'un rapport entre un sujet et un objet.

Dès lors ce que je perçois dans le beau, c'est un accord, un équilibre entre ce que je suis et ce qu'est l'œuvre.

Donc en admirant une œuvre d'art, c'est moi-même que j'admire presque.

Enfin la perception d'une œuvre d'art n'aborde pas l'œuvre d'art dans une pure logique de consommation, mais elle envisage le monde de manière désintéressée, ni visant pas l'efficacité et l'utilité et c'est ainsi que Bergson va affirmer que l'œuvre d'art nous fait percevoir le monde autrement.

Ainsi, le sujet pose le problème de savoir si la perception habituelle et usuelle ne nous empêche pas de percevoir authentiquement ce qui est beau.

Pour autant, vous devrez montrer que la démarche philosophique peut parfois passer outre l'argument de la beauté : réfléchir, c'est parfois dépasser les apparences et refuser la séduction.

Par exemple, les hommes ne voient pas leurs droits multipliés parce qu'ils sont beaux et la sagesse commande de ne pas s'attacher à la considération du physique. [Le goût de la beauté est une question de sensibilité. Or, de nombreuses personnes, par manque d'intérêt ou de volonté, sont insensibles.

La sensibilité à la beauté n'est donc pas universelle, on peut être indifférent à celle-ci.] La sensibilité se cultive Le goût de la beauté n'est pas inné.

Un enfant ne peut pas apprécier un tableau de Botticelli ou une sculpture de Donatello.

Il s'ennuiera dans un musée.

Pour qu'il apprécie la beauté d'une oeuvre d'art, il faut que quelqu'un la lui apprenne.

Beaucoup de gens n'ont pas eu la chance de recevoir une culture artistique.

Aussi resteront-ils indifférents aux beautés de l'art. On peut être insensible Pour apprécier la beauté, il ne suffit pas d'être cultivé.

Il faut encore - et peut-être d'abord - y être sensible. Être sensible, cela veut dire être ouvert à l'émotion que procure la contemplation d'une belle oeuvre, d'un beau paysage.

Or, certaines personnes sont fermées à une telle émotion.

Par sécheresse de coeur, par manque de désir, elles seront insensibles à la beauté. La jouissance esthétique est désintéressée Kant dit que la jouissance esthétique est désintéressée.

« Le beau est l'objet d'un jugement de goût désintéressé.

» Kant, Critique de la faculté de juger.

Kant distingue l'émotion esthétique de la sensualité. Les oeuvres d'art ne « servent » pas nos désirs charnels.

Par exemple, lorsque Ingres peint Le Bain turc (1863) ou Gauguin Les Seins aux fleurs rouges (1897), ce n'est pas pour exciter le désir sensuel.

La nudité est une expérience naturelle, naturaliste, mais le nu est un concept de l'art.

Le nu s'offre à la contemplation.

Michel Ribon écrit : « Si le nu est moins un "sujet" de l'art que l'un de ses territoires essentiels (1), c'est que l'érotisme trouve dans l'oeuvre d'art sa nécessaire et légitime présence (jusque dans l'art le plus modeste : ainsi, ces épouses nues, peintes au Moyen Age à l'intérieur des coffres de mariage).

Le nu suscite une émotion spécifique ; c'est avec notre propre corps de chair que nous le percevons et les sensations, qui ébranlent notre être, redoublent en le sublimant l'émoi érotique que nous donne le nu.

Par sa mise en forme, la glorification de cette matière '.

vivante dont le spectateur est lui aussi pétri, le réconcilie avec son propre corps ; contempler un nu apaise le désir et confère au regard une sérénité qu'interdit la présence immédiate d'une nudité ; à travers le mirage de l'immortalité d'un corps pénétré de spiritualité, le nu semble révéler l'ordre et l'harmonie du monde.

A son admirable nu de 1945, Dali donne ce titre qui est aussi un acte de foi : Portrait de ma femme regardant son corps devenir un temple.

(L'Art et la nature, Hatier).. »

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