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Peut on être esclave sans avoir de maître ?

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« Introduction -L'esclavage constitue un état dans lequel l'individu est soumis à la tyrannie d'une force extérieure. -L'esclavage se saisit ainsi dans une double dimension : la dimension sociale, dans laquelle l'individu est soumis à un autre individu, et la dimension "naturelle", dans laquelle l'individu est soumis à la tyrannie de ses propres passions. -Or, si l'esclave, dans sa dimension sociale, implique l'existence d'un maître qui le dirige, ne pourrait-on précisément pas fonder cette relation de subordination sur celle d'un manque d'emprise sur soi-même ? Ainsi, la condition de subordination à un maître n'implique-t-elle pas le manque de maîtrise fondamental sur soi-même ? Ou bien la condition d'esclave implique-t-elle nécessairement la présence d'un maître, un maître qui précisément porterait en lui sa propre possibilité de devenir à son tour esclave ? I.

L'esclavage constitue la contrepartie d'un manque de maîtrise sur soi (Aristote). -L'esclave constitue la force motrice d'une volonté extérieure, celle de son maître.

Un esclave constitue ainsi un instrument pour pourvoir aux nécessités vitales du foyer.

Il remplace l'animal domestique (par ex.

le boeuf de labour), duquel seuls les plus pauvres peuvent se satisfaire.

Un esclave constitue les bras de son maître, qui, lui constitue l'intelligence rectrice ; l'esclave et le maître ont un même intérêt, celui de la survie organique, rendue seulement possible par la conjonction de la force et de l'intelligence directrice. -Un esclave est un individu qui ne peut se maîtriser lui-même, c'est-à-dire qui n'a pas en lui l'intelligence rectrice nécessaire pour pouvoir diriger son activité.

L'esclave est donc avant tout dépendant de soi, c'est-à-dire passif par rapport aux sollicitations multiples et déréglées des sens.

Un esclave est sujet aux passions, et ne peut se suffire à lui-même : un maître lui est ainsi rendu nécessaire.

L'esclave a donc un maître, parce que précisément il ne sait pas être son propre maître. "Celui qui par nature ne s'appartient pas mais qui est l'homme d'un autre, celui-là est esclave par nature ; et est l'homme d'un autre celui qui, tout en étant un homme, est un bien acquis, et un bien acquis c'est un instrument en vue de l'action et séparé de celui qui s'en sert. Il faut examiner s'il existe ou non quelqu'un qui soit ainsi par nature, s'il est meilleur et juste pour quelqu'un d'être esclave, ou si cela ne l'est pas, tout esclavage étant contre nature.

Or (le problème) n'est pas difficile, la raison le montre aussi bien que les faits l'enseignent. Car commander et être commandé font partie non seulement des choses indispensables, mais aussi des choses avantageuses.

Et c'est dès leur naissance qu'une distinction a été opérée chez certains, les uns devant être commandés, les autres commandant. (...) La nature veut marquer dans les corps la différence entre hommes libres et esclaves : ceux des seconds sont robustes, aptes aux travaux indispensables, ceux des premiers sont droits et inaptes à de telles besognes, mais adaptés à la vie politique (laquelle se trouve partagée entre les tâches de la guerre et les tâches de la paix).

Pourtant le contraire, aussi, se rencontre fréquemment : tels ont des corps d'hommes libres, tels en ont l'âme.

Il est, en effet, manifeste que si les hommes libres se distinguaient par le corps seul autant que les images des dieux, tout le monde conviendrait que les autres mériteraient de les servir comme esclaves.

Et si cela est vrai du corps, une telle distinction est encore plus juste appliquée à l'âme.

Mais il n'est pas aussi facile d'apercevoir la beauté de l'âme que celle du corps." ARISTOTE. La société grecque, dans laquelle vit Aristote, est esclavagiste.

Pour lui comme pour la plupart de ses contemporains, l'esclavage va de soi.

Il explique ici que la différence de statut entre les hommes libres et les esclaves tient à une différence de nature entre les hommes. L'esclave est défini par Aristote d'une part comme celui qui appartient à un autre (un « bien acquis »), d'autre part comme celui qui est « un instrument en vue de l'action », la différence entre l'esclave et l'outil étant alors que le premier est un instrument animé. La question posée est de savoir si l'esclavage est « par nature » ou « contre nature ».

Aristote répond que l'esclavage est naturel, en ce sens qu'il est raisonnable (« la raison le montre...

») et juste — la justice se définissant pour Aristote non comme le respect de droits individuels, mais comme une juste répartition des fonctions à l'intérieur d'une société. Il est en effet socialement avantageux qu'il y ait des gens qui commandent et d'autres qui soient commandés.

Mais il faut remarquer qu'Aristote réduit alors la relation maître/ esclave à la relation commandant/commandé...

comme s'il n'y avait pas d'autre façon de commander que celle que suppose l'esclavage ! Cela montre à quel point l'organisation esclavagiste de la société va de soi pour Aristote.

Son caractère naturel est toujours au fond présupposé. La deuxième partie du texte enrichit l'idée d'un esclavage « naturel ».

La différence entre hommes libres et esclaves est naturelle si elle est marquée dans le corps et dans l'âme des individus.

Car la nature, pour Aristote, est finalisée : les phénomènes s'expliquent par ce pour quoi ils sont faits.

On doit donc pouvoir repérer une prédisposition naturelle à l'esclavage ou à la maîtrise.

Un corps robuste, fait pour les travaux manuels, indiquera la « nature » esclave, comme un corps droit une « nature » faite pour la réflexion et la vie politique.

(Athènes était, à l'époque. »

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