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Peut-on croire en l'existence de la matière ?

Extrait du document

« [Rien n'est plus assuré que l'existence d'une matière qui s'étale sous mon regard et sous mes doigts, dans l'espace et dans le temps.

Je suis environné de choses et d'êtres matériels dont l'existence ne fait aucun doute.] Lorsque l'on étudie la perception, on a peine à comprendre que la réalité de la matière dans son ensemble puisse être mise en doute.

Même lorsque la méditation ramène tout au sujet pensant, ce pensant a un vis-à-vis, un opposé complémentaire, aussi immédiat que son propre être: le monde matériel dont l'existence est indubitable.

Je ne peux pas avoir conscience de mon existence sans avoir en même temps conscience de l'existence de la matière. Spontanément, je crois à ce que je perçois et à la permanence du monde perçu.

Bien plus, je sais que si je tourne la tête et que je me retourne à nouveau, ma table de travail n'aura pas disparu, elle sera toujours à sa place.

Si je m'absente, demain à mon retour, c'est le même monde que je rai.

retrouverai. Le réel, c'est cela même qui m'apparaît «à travers».

Ce que la perception donne, ce n'est ni une image ni un signe, c'est la chose elle-même, «en chair et en os», incontestablement présente comme matière.

Il n'est pas permis de douter du réel.

«Quelle plaisanterie qu'un philosophe mette en question l'existence des choses sensibles !», s'exclame Berkeley. Berkeley : « Etre, c'est être perçu » Cette formule de Berkeley peut sembler surprenante puisqu'elle consiste à n'accorder de réalité qu'à ce que nous percevons.

Dire « Etre c'est être perçu », c'est affirmer que rien n'existe en dehors de l'esprit, que toute réalité est un esprit qui perçoit.

Nous avons commencé par noter que la perception est cette activité de l'esprit qui rassemble, qui collecte, or c'est justement la raison pour laquelle Berkeley ne va accorder de réalité qu'à ce qui est perçu.

En effet, il est impossible de séparer, d'isoler une idée des sensations que nous éprouvons.

Par exemple, on ne peut pas parvenir à se représenter l'étendue (ce qu'on se représente étendu dans l'espace) dépourvue de couleur, de même nous ne pouvons pas nous représenter la matière indépendamment d'une certaine forme, d'une certaine étendue, d'une certaine figure.

Tous les éléments qui composent notre univers, que l'on pense à la couleur, la saveur, l'étendue, le mouvement…n'ont aucune existence en dehors de la perception que nous en avons.

L'étendue n'est ni grande ni petite, le mouvement n'est ni lent, ni rapide, ils ne sont donc rien ; de même je ne puis former l'idée d'un corps étendu qui est en mouvement sans lui donner aussi une couleur.

Quand nous pensons que la matière ou l'étendue existent seules, nous nous laissons abuser par les mots, par le langage.

Berkeley va répondre à un problème (le problème de Molyneux), qui a suscité de nombreux débats, et qui consistait à se demander si un aveugle né, recouvrant subitement la vue, pourrait discerner visuellement le cube et la sphère qu'il sait déjà discerner par le toucher.

Or, ceci serait possible si notre perception nous livrait l'étendue géométrique abstraite, mais une description des processus de la vision montre qu'il n'en est rien, car nous éprouvons à tout instant l'incommunicabilité des idées visuelles et des idées tactiles.

L'illusion selon laquelle il y aurait une idée commune à la vue et au toucher, une idée abstraite d'étendue vient de l'emploi de mots.

Le langage nous fait croire, à tort, à l'existence d'entités abstraites, mais il n'y a pas de réalité en dehors de la perception.

Mais alors, si la matière comme substrat, comme réalité indépendante, est une pure illusion, qu'est-ce qui fait que les objets qui tombent sous nos sens demeurent là, même quand nous fermons les yeux, même quand nous ne sommes plus là ? Berkeley va alors faire appel à l'existence de Dieu, c'est-à-dire un esprit qui soutient le tout, et qui permet de penser l'unité du monde. [Nos pensées et nos perceptions n'existent pas hors d'une intelligence qui pense et qui perçoit.

Exister, pour la matière, n'est rien d'autre qu'être perçue.

Il n'existe donc pas de matière indépendante de la perception.] Lorsque l'homme conçoit la matière, il lui attribue une étendue, une figure, un mouvement.

Or, ces attributs sont. »

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