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Peut-on avoir tort ou raison lorsque l'on dit : c'est beau ?

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« DIRECTIONS DE RECHERCHE • Dire « C'est beau » implique, semble-t-il, un jugement qui postule qu'objectivement on peut reconnaître une qualité à une œuvre d'art. Il semble donc bien que l'on puisse donc avoir tort ou raison lorsqu'on dit « C'est beau ». Mais ne serait-ce pas méconnaître la spécificité de l'œuvre d'art voire la spécificité du jugement esthétique? • Problème du jugement esthétique selon Kant. On trouvera un exposé intéressant de la problématique kantienne ainsi que nombre de réflexions concernant le sujet proposé dans De la Philosophie de Michel Gourinat ( Hachette), tome I, pages 237 à 257 : — l'appréciation de l'agréable est individuelle (page 238); — le goût juge universellement (page 238); - le jugement scientifique manque la beauté (page 239); - le jugement rattache le particulier au général (page 239); — dans le jugement déterminant (empirique ou scientifique) le général est donné d'avance (page 240); — le jugement réfléchissant (esthétique) prétend sans preuve à l'universalité (page 240); — on peut discuter, mais non disputer du goût (page 248); — l'universalité du jugement de goût est purement subjective (page 251). Le beau est ce qui plaît.

Mais le plaisir relève du sentiment, il est donc subjectif.

Or, si l'appréciation du beau dépend de la sensibilité de chacun, le jugement de goût (« c'est beau ») n'est- il pas irréductiblement relatif (« Des goûts et des couleurs, on ne discute pas ») ? Cependant, il semble exister un consensus objectif autour de ce qu'on nomme les « grandes oeuvres ».

Et certains artistes ne deviennent-ils pas des « classiques », traversant les siècles autant que les civilisations ? [Le jugement esthétique n'est pas un jugement purement subjectif.

Il ne se fonde pas seulement sur une sensibilité personnelle.

L'esprit peut juger du beau et du laid, comme il peut juger du bien et du mal, du vrai et du faux.

Il existe des critères objectifs permettant de déterminer si telle chose est véritablement belle.] Les critères objectifs du beau. Nos jugements de goût sont contradictoires puisque à la fois nous disons: « c'est beau », et renvoyons le jugement à la subjectivité de chacun.

Et, de fait les jugements sont divers et il semble impossible de les ramener à l'unité.

Mais, considérons les choses de plus près.

Le consensus n'est-il pas étonnant ? Après tout n'y a-t-il pas moins de désaccord sur la grandeur de Sophocle, sur la beauté du ciel étoilé que sur la théorie du big-bang? Cet accord surprenant des esprits n'est-il pas l'indice de l'objectivité du beau ? Nous pouvons nous accorder donc que la beauté est quelque chose que nous saisissons dans l'objet. C'est à partir du XVIe sous l'impulsion de la redécouverte de la culture gréco-latine et de l'esthétique grecque imitée par les Romains et surtout au XVIIe que la question du beau fait l'objet d'un examen particulier, de la part des artistes et des philosophes.

Il revient donc à l'esthétique de la Renaissance et du XVIle, appelée classique, d'avoir dégagé les règles de production du bel objet.

L'inspiration en est platonicienne.

S'inspirant de la théorie platonicienne du beau ( attention: absolument pas de sa critique de l'art bien que celle-ci en raison de son ambiguïté ait permis la réconciliation de l'art et du beau opérée par l'esthétique classique), l'esthétique classique considère le beau comme une réalité qui existe par soi.

Le beau existe et une fleur ou une oeuvre d'art sont belles parce que la beauté est présente en elles.

Elles ne sont pas belles pour nous mais en elles-mêmes.

Elles ne sont pas belles parce que nous les trouvons belles; nous les trouvons belles parce qu'elles sont belles.

Quelles sont alors les propriétés de ce qui est beau? Là encore la conception platonicienne de la beauté inspire la réponse à cette question. 1) La perfection.

Ce qui est beau est ce à quoi il ne manque rien.

Rien de ce qui appartient à sa nature ne lui fait défaut.

De même qu'un cheval avec des oreilles d'âne n'est pas beau, de même une oeuvre inachevée n'est pas belle.

On n'aurait jamais exposé à l'époque des esquisses. 2) L'ordre et l'harmonie.

En effet qu'est-ce qu'un objet parfait ? C'est un objet, qui, étant complet, forme un tout.

Il est l'unité d'une diversité d'éléments.

Mais, pour que cette diversité ne soit pas une pure juxtaposition, il faut un principe d'ordre qui harmonise les éléments, substitue à la juxtaposition d'éléments sans lien ni rapport une interdépendance de ces mêmes éléments.

« Le beau ne consiste que dans l'ordre c'est à dire dans l'arrangement et la proportion », écrit Bossuet.

Tout ce qui est disloqué, désordonné, démesuré est laid.

Il s'agit alors de trouver la juste mesure, les rapports adéquats, les beaux rapports.

D'où les travaux mathématiques des artistes de la Renaissance recherchant la proportion idéale qu'ils ont cru trouver dans le nombre d'or, déjà utilisé par les grecs (Parthénon).. »

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