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Avons -nous tort ou raison quand on dit :"c'est beau" ?

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« Le beau est ce qui plaît.

Mais le plaisir relève du sentiment, il est donc subjectif.

Or, si l'appréciation du beau dépend de la sensibilité de chacun, le jugement de goût (« c'est beau ») n'est- il pas irréductiblement relatif (« Des goûts et des couleurs, on ne discute pas ») ? Cependant, il semble exister un consensus objectif autour de ce qu'on nomme les « grandes oeuvres ».

Et certains artistes ne deviennent-ils pas des « classiques », traversant les siècles autant que les civilisations ? MISE AU POINT KANTIENNE KANT : « La beauté en dehors de cette relation avec le sentiment du sujet n'est plus rien.

» Quoi de plus étonnant sur le sujet, quoi de plus surprenant sur « le beau » ! — Cela n'a l'air de rien.

Et pourtant, cela menace toute espèce de beauté et réconforte tout sujet dans sa singularité.

Loin d'avoir une existence en luimême, « le beau » est tributaire de notre puissance d'appréciation ou de discernement.

Le jugement sur le beau, loin d'être la mesure du beau, juge bien celui qui juge.

Il se détache de la chose jugée belle pour se tourner exclusivement vers le sujet et vers ce qu'il y a de plus affectif en lui. — DIRE « CECI EST BEAU » REVIENT A DIRE QUE LE BEAU EST NON CE QUI EST BEAU MAIS CE QUI EST JUGÉ BEAU. Pour «l'inconstestable inventeur du continent esthétique», le jugement sur le beau est un jugement purement esthétique. Esthétique ne veut pas dire « aisthésis » au sens grec du terme, ni sensation mais sentiment de plaisir ou de déplaisir, émotion vive ou moins vive que l'on éprouve en présence « du beau ».

Le beau dépend de ce sentiment. Le beau se réduit à cette émotion.

En déclarant : « ceci est beau », on ne dit rien sur ce qui est connu ou reconnu, mais sur ce qui est savouré et savoureux.

Le beau n'est pas un SAVOIR, mais une SAVEUR. Kant aurait dit : FAVEUR.

Car il ne s'agit pas du sentiment d'un sujet connaissant, mais du sentiment d'un sujet connaisseur.

Le beau est le jugement d'un sentiment ou encore le sentiment d'un jugement.

Ce n'est pas la chose que l'on vise, mais le sentiment de notre propre visée. — DIRE « CECI EST BEAU » NE VEUT PAS DIRE QUE CECI NOUS PLAÎT PARCE QUE CECI EST BEAU, MAIS QUE CECI EST BEAU PARCE QUE CECI NOUS PLAÎT. Ceci a un sens pour autant que l'on admette le présupposé selon lequel, le principe déterminant de tout jugement sur le beau est SUBJECTIF.

Présupposé légitime selon Kant, car on a beau scruter les qualités marquantes et remarquables d'une chose, on ne saurait y discerner la beauté.

Notre jugement « ne tient pas le moins du monde à l'existence de la chose». — DIRE « CECI EST BEAU » C'EST NE RIEN DIRE SUR LA CHOSE QUE NOUS JUGEONS BELLE, MAIS TOUT SUR LA MANIÈRE DONT NOUS SOMMES AFFECTÉS PAR CETTE CHOSE. Kant : « l'homme parle du beau comme si la beauté était un mode d'être de l'objet et comme si le jugement était logique quoiqu'il soit seulement esthétique et ne contienne qu'un rapport de la représentation de l'objet au sujet.

» Dans l'acte déjuger sur le beau, j'attribue à mon sentiment particulier et personnel une valeur universelle.

Mon jugement personnel et paradoxalement et fondamentalement POUR AUTRUI.

Partant du sentiment personnel de plaisir, j'affirme toutefois l'universalité de ce sentiment c'est-à-dire sa vérité pour autrui.

Mon moi dépasse son moi vers autrui.

Et l'on se met à sentir en se mettant à la place de tout autre.

Et l'on se met à sortir de son isolement et à rompre toute espèce de solitude. — DIRE « CECI EST BEAU » C'EST AUSSI SE METTRE A SE SENTIR AUPRES DES UNS ET DES AUTRES. Ce qui est beau pour moi est « prétendument » beau pour les autres en vertu d'un sens commun esthétique qu'il nous faut présupposer en tout homme.

« Ceci est beau » est une déclaration fondamentalement subjective, mais sa validité doit être objective. — « CECI EST BEAU » POUR MOI, DONC CECI DOIT ÊTRE BEAU POUR TOUT LE MONDE. Le jugement sur le beau se contente de réclamer l'adhésion de chacun qui confirmerait non une règle, mais l'assentiment d'autrui.

On lance pour ainsi dire un appel au suffrage universel, en vertu de CE SENS ESTHETIQUE présumé COMMUN à tous les sujets qui jugent. Ceci exprime «la nécessité» subjective du beau.

Cette nécessité tout esthétique est selon Kant EXEMPLAIRE c'està-dire une nécessité de l'assentiment de tous à mon jugement considéré comme EXEMPLE d'une règle impossible à énoncer.

D'où la présomption toute gracieuse de celui qui déclare « ceci est beau » tout en étant dans l'impossibilité de produire des raisons. Car mon jugement sur le beau ne contient qu'une obligation.

Il ne dit pas que chacun sera d'accord (prévision) mais que chacun doit être d'accord (exigence). — DIRE CECI EST BEAU POUR MOI NE VEUT PAS DIRE SEULEMENT QUE CECI EST BEAU POUR MOI MAIS QUE CECI DOIT ÊTRE AUSSI BEAU POUR LES AUTRES. Cette revendication de l'universalité se fonde sur l'humanité de l'homme.

En effet, le sentiment du beau ne peut être éprouvé que par un être raisonnable-sensiblement affecté.

Or, ceci est la définition même de l'homme.

Dès lors le sentiment du beau est un sentiment propre à l'homme. — DIRE « CECI EST BEAU » C'EST RESSENTIR CETTE EGALE PROPORTION DE SENS ET DE RAISON, D'ANIMALITÉ ET DE RATIONALITÉ, QUI EST LE PROPRE DE L'HUMANITÉ. — DIRE « CECI EST BEAU » REVIENT A DIRE QUE JE SUIS UN HOMME « SEMBLABLE » À TOUS LES HOMMES. Mais qu'est-ce que l'humanité de l'homme, sinon la liberté d'un être-raisonnable-et-sensiblement-affecté ? Mon jugement sur le beau ne fait appel à l'humanité de l'homme que pour autant qu'il s'adresse à sa liberté. — DIRE « CECI EST BEAU » C'EST EXIGER LE PARTAGE AU NOM D'UNE MÊME LIBERTÉ. Le beau ne fait rien d'autre que mettre à l'épreuve « la liberté de l'âme » en face de ce qui lui plaît ou lui déplaît. Dans son analytique du beau, Kant distingue quatre points de vue : — point de vue de la qualité: est beau ce qui plaît sans aucun intérêt. — point de vue de la quantité: est beau ce qui plaît universellement sans concept.. »

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