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Peut-on apprendre à vivre ?

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« Être vivant ne semble au premier abord ni quelque chose qui nous demande de véritables efforts ni quelque chose qu'il faudrait apprendre : le fait de vivre semble bien plutôt nous être en quelque sorte "donné" (pensez ici au domaine religieux qui fait souvent de la vie "un don de Dieu" ou aux expressions plus courantes comme "donner la vie"...).

On voit donc mal ce qui pourrait là faire l'objet d'un apprentissage d'autant que le mécanisme même de la vie (le cœur qui bat, la circulation du sang, la respiration de nos poumons...) semble se dérouler en toute indépendance, sans que nous y prenions vraiment part.

Demandez-vous alors si un tel point de vue ne limite pas un peu excessivement le sens du terme "vie" , en effet il n'a ici qu'un sens biologique.

Or de toute évidence, notre vie, c'est-à-dire le temps de notre existence sur terre ne se limite pas aux seules données biologiques : l'homme est aussi un être de culture, un être qui apprend.

Mais quel est le sens et le contenu de cet apprentissage ? Qu'implique-t-il pour nos rapports avec les autres ? Est-ce véritablement "à vivre" que l'on apprend ? Ne peut-on aussi apprendre seul ? L'homme malheureux ne sait pas vivre Les stoïciens affirme que la vie heureuse doit résulter d'un apprentissage.

Il s'agit de savoir rester indifférent aux choses qui ne dépendent pas de nous. Mon pouvoir d'accomplir des actes est très limité, par les lois de la nature ou les lois juridiques.

Quant à mon pouvoir de faire réussir mes actions, il est quasiment nul, puisque cela dépend du concours du reste du monde, ou encore de la chance.

En y réfléchissant bien, je ne suis pas absolument certain d'être encore vivant demain ou tout à l'heure.

Tant de choses peuvent arriver... En revanche, il est une chose qui ne dépend que de moi, sur laquelle j'ai un pouvoir absolu : c'est ma volonté.

Moi seul décide de ce que je veux.

Par exemple, si je ne veux pas aller à un endroit, on peut m'y contraindre par la force, mais on n'aura pas pu changer ma volonté.

Je découvre, par cette réflexion, que je possède, comme chaque homme, une volonté absolument libre, ou encore un libre-arbitre, comme disent les philosophes.

Je dispose donc d'un domaine de pouvoir et de liberté, qui est tout intérieur à moi-même. Dès lors mon bonheur dépend uniquement de la pente que je donnerai à ma volonté et à mes idées, à mes représentations des choses, qui sont essentiellement au pouvoir de ma volonté.

C'est ce que nous dit Epictète : « Souviens-toi que ce qui te cause du tort, ce n'est pas qu'on t'insulte ou qu'on te frappe, mais l'opinion que tu as qu'on te fait du tort.

Donc, si quelqu'un t'a mis en colère, sache que c'est ton propre jugement le responsable de ta colère.

Essaye de ne pas céder à la violence de l'imagination: car, une fois que tu auras examiné la chose, tu seras plus facilement maître de toi.

» En effet, si je suis vexé de l'insulte qu'un individu m'adresse, c'est que j'accorde une certaine valeur à son estime.

Mais si je pense que ce n'est qu'un imbécile, ses propos ne m'atteignent plus.

De même, s'il m'arrive un accident et que j'en reste handicapé, si en outre je me pense victime d'un sort injuste et que je désire échapper à cet état, j'en souffrirai.

Mais si j'accepte mon état et ne désire rien d'autre, je ne serai pas malheureux. Cette maîtrise de ma volonté, de mes pensées, de mes désirs est une règle de vie fondamentale à laquelle Epictète nous exhorte : « Si quelqu'un livrait ton corps au premier venu, tu en serais indigné ; mais de livrer toi-même ton âme au premier qui t'insulte en le laissant la troubler et la bouleverser, tu n'en as pas honte ? » (Pensée 28). Vivre est un art «Notre grand et glorieux chef-d'oeuvre, c'est vivre à propos», dit Montaigne dans ses Essais.

Vivre est un art, en effet, et l'on n'a pas assez de toute sa vie et de toute sa sagesse pour l'apprendre et le perfectionner.

L'incertitude quant à notre destinée finale, les maux et les soucis que la vie nous réserve doivent nous inciter à «savoir jouir loyalement de notre être».

On retrouve ici une thématique chère à Épicure. La « Lettre à Ménécée » est une description de la méthode apte à nous procurer le bonheur.

Car si tous les hommes cherchent le bonheur, ils sont, selon le mot d'Aristote, comme des archers qui ne savent pas où est la cible, incapables de la définir et de l'atteindre. Épicure explique que nous n'avons rien à redouter des dieux, vivants bienheureux qui ne se soucient pas des hommes, et que la mort n'est rien pour nous.

Débarrassés du souci du jugement divin et de la survie de l'âme, nous sommes alors aptes à bien vivre notre vie présente.

Bien vivre notre existence veut dire parvenir au bonheur ici-bas, et cela n'est possible que par un bon usage des plaisirs et des désirs. L'homme est un être de désir, et selon qu'il parvient ou échoue à satisfaire ses désirs, il est heureux ou misérable.. »

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