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Peut-on apprendre à vivre?

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« L'enseignement de l'histoire, d'après Rousseau, est surtout négatif.

L'art de vivre qu'il semble dispenser consiste à « supporter les accidents de la vie, à n'en être pas surpris, à ne se plaindre point de son siècle ».

Autrement dit, l'histoire aide à être plus lucide, à se défaire d'illusions naïves sur l'homme qui nous poussent à nous indigner du mal comme s'il pouvait ne pas exister.

Rousseau développe ici une conception plutôt sombre, pessimiste, de la condition humaine.

L'histoire nous apprend-elle à nous accommoder au mal ? Nous incite-t-elle à nous résigner à la corruption de l'humanité ? Rousseau postule dans notre texte que l'histoire se répète, qu'il se joue sur sa scène toujours les mêmes drames, les mêmes intrigues.

Or, s'il est incontestable que l'histoire humaine présente certains aspects universels (guerres, crimes, corruption, abus de pouvoir...), l'intérêt de la connaissance historique n'est-il pas de mettre en évidence au contraire ce qu'il y a de singulier, d'unique et d'inédit dans le cours des affaires humaines ? Une situation historique est toujours en elle-même originale.

Là où l'homme du commun ne voit qu'une guerre ou qu'une crise politique parmi d'autres, l'historien est sensible à ce qui singularise cette guerre par rapport à d'autres, ce qui fait que cette crise de ce pouvoir politique est unique.

Les caractéristiques constantes sont toujours des abstractions ; la réalité historique concrète est toujours singulière.

Dans la mesure où la culture historienne nous apprend à discerner, dans ce qui se répète, les modalités nouvelles, les aspects inédits, on peut considérer que l'histoire nous apprend à être attentif à ce que le présent a de novateur.

L'histoire, loin de nous faire retrouver dans notre siècle ce que d'autres ont déjà connu, souligne ce que chaque siècle a de spécifique : elle permet donc aux hommes d'appartenir à leur époque, de la vivre en étant conscients et peut-être même étonnés de ce qu'ils vivent.

Ne pourrait-on pas aller jusqu'à dire qu'elle nous apprend à vivre le présent, à être de plain-pied avec lui ? La prise de conscience, par la culture historique, de la dimension irréductiblement nouvelle du présent ne saurait nous aider à vivre ce que nous vivons.

Face à l'inédit, nous nous retrouvons en effet forcément démunis.

Nous savons qu'il n'existe aucune recette, que nous ne disposons d'aucune solution toute prête, déjà éprouvée en d'autres temps, en d'autres lieux.

Face à la singularité du présent, nous sommes condamnés à inventer, à créer ; il est vain de reproduire, d'appliquer.

La culture historique nous confronte donc à la nécessité d'accepter le risque et l'imprévu afin d'être à la hauteur des défis du présent.

Autrement dit, elle révèle qu'aucun art de vivre ne peut légitimement nous dispenser d'affronter ce que l'avenir collectif comporte comme indétermination et donc comme angoisse.

La connaissance historique renvoie donc l'homme à sa condition de créateur de nouvelles formes d'existence sociale, autrement dit à sa condition d'agent de l'histoire. L'homme malheureux ne sait pas vivre Les stoïciens affirme que la vie heureuse doit résulter d'un apprentissage.

Il s'agit de savoir rester indifférent aux choses qui ne dépendent pas de nous. Mon pouvoir d'accomplir des actes est très limité, par les lois de la nature ou les lois juridiques.

Quant à mon pouvoir de faire réussir mes actions, il est quasiment nul, puisque cela dépend du concours du reste du monde, ou encore de la chance.

En y réfléchissant bien, je ne suis pas absolument certain d'être encore vivant demain ou tout à l'heure.

Tant de choses peuvent arriver... En revanche, il est une chose qui ne dépend que de moi, sur laquelle j'ai un pouvoir absolu : c'est ma volonté.

Moi seul décide de ce que je veux.

Par exemple, si je ne veux pas aller à un endroit, on peut m'y contraindre par la force, mais on n'aura pas pu changer ma volonté.

Je découvre, par cette réflexion, que je possède, comme chaque homme, une volonté absolument libre, ou encore un libre-arbitre, comme disent les philosophes.

Je dispose donc d'un domaine de pouvoir et de liberté, qui est tout intérieur à moi-même. Dès lors mon bonheur dépend uniquement de la pente que je donnerai à ma volonté et à mes idées, à mes représentations des choses, qui sont essentiellement au pouvoir de ma volonté.

C'est ce que nous dit Epictète : « Souviens-toi que ce qui te cause du tort, ce n'est pas qu'on t'insulte ou qu'on te frappe, mais l'opinion que tu as qu'on te fait du tort.

Donc, si quelqu'un t'a mis en colère, sache que c'est ton propre jugement le responsable de ta colère.

Essaye de ne pas céder à la violence de l'imagination: car, une fois que tu auras examiné la chose, tu seras plus facilement maître de toi.

» En effet, si je suis vexé de l'insulte qu'un individu m'adresse, c'est que j'accorde une certaine valeur à son estime. Mais si je pense que ce n'est qu'un imbécile, ses propos ne m'atteignent plus.

De même, s'il m'arrive un accident et que j'en reste handicapé, si en outre je me pense victime d'un sort injuste et que je désire échapper à cet état, j'en souffrirai.

Mais si j'accepte mon état et ne désire rien d'autre, je ne serai pas malheureux.

Cette maîtrise de ma. »

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