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Peut-on aider autrui ?

Extrait du document

« L'homme ne vit pas seul, il est confronté en permanence à d'autres personnes.

L'existence la plus quotidienne n'en finit pas de nous mettre en contact avec l'altérité.

Mais qu'est ce qu'autrui? C'est d'abord l'autre, le différent.

Mais généralement nous privilégions sous le nom d'autrui les seuls êtres humains parce que je sens, je présuppose qu'ils partagent avec moi une façon d'être, de voir le monde que le reste des choses n'ont pas.

Il s'agit ici de savoir si je peux aider autrui, si je peux lui apporter mon secours.

Il semble dans un premier temps, que je puisse aider mon prochain, sinon la générosité n'aurait aucun sens.

Mais cette aide ne peut-elle pas être que matérielle? Puis-je aider autrui quand il ne va pas bien intérieurement? En effet, autrui me sera toujours inconnu, inaccessible? J e n e peux entrer dans sa tête? Cependant, ne puis-je pas l'aider à s'aider lui-même? Je peux donner mon aide à autrui Dans l'histoire de l'homme telle qu'il la reconstitue, Rousseau lui attribue comme premier sentiment la pitié.

Avoir pitié de l'autre, cela sous-entend d'abord qu'il est bien mon équivalent, que je peux "me mettre à sa place" et ressentir comme lui ce qu'il subit (c'est le sens initial de la sympathie - de sunpathein, subir avec ou en m ê m e temps).

La pitié, sentiment universel, est un mouvement nous attachant d e manière positive a u x h o m m e s et fondant ainsi un certain type de sociabilité.

L'individu s'identifie à la souffrance d'autrui et fait tout pour l'atténuer. La réflexion sur la sociabilité de l'homme conduit Rousseau à insister sur le rôle des sentiments.

Ainsi, le sentiment naturel d e la pitié pour nos semblables (Discours sur l'origine d e l'inégalité), qui nous pousse à nous identifier à celui qui souffre, est une manière de nous unir aux autres par affection plutôt que par intérêt.

La pitié est à l'origine des vertus sociales. Le sentiment n'est pas limité au caractère sociable de l'homme.

Il est aussi bien ce qui nous révèle notre spiritualité, la foi naturelle en une intelligence divine à laquelle invite l'ordre de l'univers, que ce qui nous permet de décider du bien ou du mal, du vrai et du faux.

Ainsi, les connaissances évidentes sont, pour Rousseau, celles auxquelles, dans la sincérité d e m o n coeur, je ne p e u x refuser mon consentement (Profession de foi du vicaire savoyard). La générosité indique la capacité d'un individu à offrir, à donner à l'autre, notamment quand il est dans le besoin.

Quand mon ami a besoin de moi pour déménager, je fais des actions, je me sers de ce que j'ai pour faciliter et faire avancer son déménagement.

Je vis en effet, dans le même monde qu'autrui, je peux donc agir sur ce monde, sur l'environnement pour faciliter l'existence d'autrui, pour lui rendre le monde plus favorable.

Ainsi, en faisant un don, j'aide celui qui est dans la misère... Mais cependant, si je peux agir sur ce qui est matériel pour aider autrui, je ne peux agir directement sur ses pensées, sur sa conscience. Autrui m'est inaccessible, je ne peux pas l'aider à résoudre ses problèmes intérieurs Pourtant, aider autrui, ce n'est pas seulement l'aider matériellement, mais c'est aussi et surtout l'aider quand psychiquement il ne va pas bien.

Et pourtant cela ne semble pas réellement possible. Toute notre histoire personnelle (avec nos rêves et nos angoisses) s'exprime dans notre façon de percevoir et d'analyser la réalité.

Nous mettre psychologiquement à la place de quelqu'un implique d' entrer dans ses codes d'évaluation.

Il faut saisir de l'intérieur le sens de ses gestes, c'est à dire les resituer dans un vécu global.

La compréhension de l'autre passe forcément par une implication subjective. Toutefois toute forme d'implication subjective n'est pas bien venue dans le projet de connaissance d'autrui.

La psychanalyse a révélé combien l'écoute d'autrui est difficile, chacun ayant spontanément tendance à n'entendre dans le discours de l'autre que l'écho de ses propres problèmes.

Freud a compris que pour aider autrui rien ne sert de lui donner de sages conseils en se mettant généreusement à sa place car il n'est pas sûr que l'autre soit d'emblée capable d'entendre ce qu'on lui dit. Ainsi, les pensées et les sentiments de chacun ne sont pas accessibles aux autres.

Nous ne pouvons jamais savoir ce que l'autre pense ou ressent comme émotion.

Je ne p e u x donc pas tenter de lui donner des conseils, à partir de ce que moi je ressens, puisqu'il n'y a aucune comparaison. Ainsi, chacun a sa propre idée du bonheur qui correspond à son désir.

dans ces conditions c'est à lui à faire son bonheur.

Les solutions des autres , les moyens des autres ne l'intéresse pas car c'est à lui de trouver des moyens pour arriver à sa propre fin. Je peux aider autrui à prendre conscience de lui-même et s'aider lui-même Pourtant, nier toute possibilité d'aider autrui, n'est-ce pas nier la psychanalyse o u m ê m e le dialoguer avec autrui? En fait, la psychanalyse indique qu'il faut avoir pacifié son propre vécu pour accéder à une compréhension authentique d'autrui.

En ce sens la pratique psychanalytique enseigne non pas à se mettre à la place des autres pour mieux les comprendre, mais elle indique comment chacun peut reprendre une place active dans le déroulement de sa vie psychique.

Pour aider réellement autrui, il faut ainsi lui offrir un espace d e parole libérée où il puisse reprendre une place active dans l'enchaînement de ses actes. Dès lors, c'est le véritable dialogue avec autrui, que je p e u x lui apporter m a plus grande aide. Dialoguer, c'est laisser advenir, en face de moi, un "Tu" qui me somme de l'admettre dans son écart par rapport à moi, c'est faire une discussion par demandes et réponses, c'est reconnaître la pensée d'autrui : le dialogue ne recherche pas la fusion des consciences, et c'est en cela qu'il peut symboliser un face à face radical dans lequel Emmanuel Levinas trouve la garantie du respect d'autrui.

Le dialogue est ainsi le début de l'humanité.

En dialoguant, j'aide autrui en le laissant parler, verbaliser et chercher avec lui la meilleure voie pour lui, sans essayer de se mettre à sa place, mais bien de le respecter comme tel et d'évoluer ensemble. Ainsi, je peux aider matériellement Pourtant, je ne peux pas réellement bonheur.

Dès lors, la seule façon de respectant, de trouver le mieux pour autrui par amitié mais aussi parce que je peux me mettre à sa place, que je ressens sa souffrance. savoir les émotions que l'autre a, ce qu'il pense et ce qu'il faut faire pour l'aider, pour lui amener le l'aider, c'est de faire fi de ma subjectivité et de laisser l'autre s'exprimer, en essayant avec lui, en le lui.

Il faut lui laisser l'espace de reprendre l'initiative de sa vie.. »

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