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Peut-il exister des moyens de connaissance étrangers à l'intelligence ?

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« Peut-il exister des moyens de connaissance étrangers à l'intelligence ? INTRODUCTION - L'homme est un, et nous sommes tout entiers dans chacun de ses actes.

Mais, pour expliquer le mécanisme de l'activité mentale, nous sommes obligés de distinguer des fonctions diverses entre lesquelles nous distribuons les différentes opérations observées.

Or cette distribution est parfois discutable.

On peut se demander en particulier si les diverses manières de connaître relèvent toutes de l'intelligence ou s'il peut exister des- moyens de connaissance étrangers à cette faculté. A.

On pourrait tout d'abord essayer de répondre à cette question en distinguant les diverses acceptions du mot « intelligence ». a) Dans le langage technique de la psychologie, il est assez classique de définir l'intelligence : l' « ensemble de toutes les fonctions de connaissance » (sens A de LALANDE).

Pour qui s'en tiendrait à cette définition, le problème serait vite résolu : non seulement il n'y aurait pas de moyens de connaissance étrangers à l'intelligence, mais il ne pourrait pas y en avoir; la notion même de « moyens de connaissance étrangers à l'intelligence » constituerait une contradiction clans les termes. b) Mais dans l'usage courant, non seulement du commun, mais encore des philosophes, le mot « intelligence » est pris dans une autre acception, il désigne la faculté à laquelle nous attribuons les connaissances intellectuelles ordinairement refusées aux animaux : le pouvoir de comprendre (.sens B de LALANDE) qui fait dire de nous que nous sommes plus ou moins « intelligents », le pouvoir de penser par concepts, et par suite de raisonner (sens D de LALANDE), que les philosophes appellent aussi « intellect », et « entendement ». En dehors de ces moyens de connaissance et conditionnant l'exercice de l'intelligence elle-même, il y a la sensation et les autres faits psychiques qui en résultent : perception, souvenir, qui semblent bien étrangers à l'intelligence telle que nous l'avons définie. Mais, les psychologues contemporains l'ont justement montré, la sensation n'est guère qu'un être de raison; il n'y a que des perceptions, lesquelles constituent des jugements implicites et, par suite, relèvent de l'intelligence conçue comme faculté de connaissance intellectuelle. Nous croyons donc pouvoir conduire : quelle que soit l'acception dans laquelle on prend le mot, il n'existe pas de moyens de connaissance étrangers à l'intelligence. B.

Mais on peut se demander si on ne pourrait pas distinguer divers modes de connaissance qui nous permettraient de répondre affirmativement à la question posée. a) Pour la psychologie classique, les diverses modalités de la connaissance se ramènent à un type : la connaissance est l' « acte de la pensée qui pose un objet en tant qu'objet » (LALANDE A).

Nous pourrions dire que c'est là la connaissance objective. Cette connaissance est un savoir : elle comporte une certaine représentation d'un objet.

Les images par lesquelles on la symbolise sont empruntées à la lumière (clair, lumineux, brillant..) et aux sens de la vue et de l'ouïe (voir, entendre...).

Elle relève de l'intelligence. b) Mais, à côté de ce mode de connaissance relevant de l'intelligence, certains psychologues en admettent un autre, ou plusieurs autres, qui relèvent de fonctions plus obscures et qu'ils rattachent à la vie.

Nous avons là la connaissance que, faute de mieux, nous pouvons, par opposition à la précédente, appeler subjective. Cette connaissance n'est pas un savoir, mais une sorte de savoir-faire et elle est impliquée dans le comportement : son type le plus net est l'instinct.

Les images par lesquelles on la symbolise sont empruntées à la chaleur, et surtout au sens du toucher affectif : ce mode de connaître consiste dans un sentir que n'accompagne aucune représentation d'objet; au sommet de l'échelle, nous trouvons l'amour conçu comme un mode de connaissance.

Cette connaissance relève de la vie et non de l'intelligence. Mais il nous semble que, ainsi que nous le disons ailleurs, s'ils sont inséparables d'une certaine connaissance, l'amour et la vie ne sont pas, en tant que tels, des modes de connaissance; on ne peut en faire un mode de connaissance qu'en détournant ce mot de son sens usuel.

C'est pourquoi nous conclurons aussi cette seconde partie en disant que, en .

prenant le mot « connaissance » dans son acception légitime, il n'existe et il ne peut pas y avoir de moyens de connaissance étrangers à l'intelligence. CONCLUSION.

— Quoique notre réponse soit catégorique, nous ne tombons pas dans l'intellectualisme, qui explique toute l'activité psychique par l'intelligence.

Nous reconnaissons à l'affectivité et aux tendances un rôle capital dans la genèse ou l'élaboration de la connaissance elle-même; aussi, pensonsnous que, suivant le mot célèbre de PLATON, « il faut aller au vrai avec toute son âme ».

Mais si la connaissance est conditionnée par des facteurs étrangers à l'intelligence, il n'y a que l'intelligence qui connaisse.. »

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