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Pas de reconnaissance de soi sans reconnaissance d'autrui. ?

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« VOCABULAIRE: AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). Si Descartes, dans sa recherche de la vérité, exclut la présence d'autrui en tant que tel, il n'en reste pas moins qu'il affirme que je ne peux accéder à la reconnaissance de moi-même comme « substance pensante » que parce que j'ai en moi l'idée de parfait ou d'infini.

Ce qui signifie que c'est Dieu qui fonde mon existence.

Or Dieu, en tant qu'il est extérieur à moi, n'est-il pas, au fond, l'appellation suprême d'autrui ? Le « je pense », chez Descartes, implique le « je pense Dieu », je pense l'Autre, je pense quelque chose d'extérieur à moi.

On n'est pas très loin de Husserl qui affirme que « toute conscience est conscience de quelque chose » et, partant, que toute conscience est relation à autrui.

Ce n'est donc pas dans la solitude que je peux accéder à la reconnaissance de moi-même.

Au contraire, comme l'affirme Sartre, la conscience qui se replie sur elle-même, qui « essaie de se reprendre, de coïncider enfin avec elle-même, tout au chaud, volet clos », s ‘anéantit.

La reconnaissance d'autrui par soi est nécessaire à la reconnaissance de soi...

par l'autre. «Par le je pense, contrairement à la philosophie de Descartes [...], nous nous atteignons nous-mêmes en face de l'autre, et l'autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes.» Sartre, L'Existentialisme est un humanisme (1946). • Sartre critique l'hypothèse solipsiste de Descartes.

L'existence d'autrui, pour lui, ne peut pas faire l'objet d'une démonstration car le «moi» qui effectuerait cette démonstration ne se connaît lui-même qu'en même temps qu'il connaît autrui. • En effet pour Sartre, «l'autre est indispensable à mon existence aussi bien qu'à la connaissance que j'ai de moi»: je ne peux parler de moi-même et prendre conscience de moi-même que par rapport au regard qu'autrui porte sur moi.

L'intersubjectivité, c'est-à-dire la structure commune à moi et autrui, est première par rapport à ma subjectivité. • C'est pourquoi je ne peux pas sérieusement mettre en doute l'existence d'autrui.

Ce qui ne signifie pas que je sois toujours d'accord avec lui ou que je ne puisse pas le maltraiter. « Par le je pense, contrairement à la philosophie de Descartes, contrairement à la philosophie de Kant, nous nous atteignons nous-mêmes en face de l'autre, et l'autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes.

Ainsi l'homme qui s'atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres et il les découvre comme la condition de son existence.

Il se rend compte qu'il ne peut rien être (au sens où on dit qu'on est spirituel ou qu'on est méchant, ou qu'on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel.

Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre.

L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi.

Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l'autre, comme une liberté posée en face de moi, qui ne pense et qui ne veut que pour ou contre moi.

Ainsi, découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l'intersubjectivité et c'est dans ce monde que l'homme décide ce qu'il est et ce que sont les autres. En outre, s'il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait la nature humaine, il existe pourtant une universalité humaine de condition.

Ce n'est pas par hasard que les personnes d'aujourd'hui parlent plus volontiers de la condition de l'homme que de sa nature.

Par condition ils entendent avec plus ou moins de clarté l'ensemble des limites a priori qui esquissent sa situation fondamentale dans l'univers.

Les situations historiques varient : l'homme peut naître esclave dans une société païenne ou seigneur féodal ou prolétaire.

Ce qui ne varie pas, c'est la nécessité pour lui d'être dans le monde, d'y être au travail, d'y être au milieu des autres et d'y être mortel.

(...) En conséquence, tout projet, quelque individuel qu'il soit a une valeur universelle.

» SARTRE. Le sujet n'est que relativement à autrui Dans la tradition du « je pense » (Descartes), ce qui est atteint est une subjectivité « rigoureusement individuelle ».

Avec le cogito existentialiste, on ne se découvre « pas seulement soi-même, mais aussi les autres ».

En nous atteignant, nous nous atteignons « en face » de l'autre.

D'un autre qui semble avoir été déjà là, puisque nous le trouvons par le mouvement même où nous nous trouvons.

Et, en découvrant cet autre qui est en face de nous, nous découvrons en même temps tous les autres, comme si tous les autres eux aussi étaient déjà là.

Enfin, remarque ultime, cet autre n'est pas le simple alter ego du sujet qui se découvre dans le cogito.

Il est ce qui conditionne le sujet.

Le sujet n'est plus, comme dans les philosophies traditionnelles, un absolu ; il n'est que relativement par rapport à autrui. La reconnaissance d'autrui D'emblée, nous nous croyons d'abord, peut-être, seul au monde.

Et si nous reconnaissons vite que nous ne sommes pas seuls au monde, nous croyons pourtant que c'est autour de nous que le monde se constitue, comme si, en tant que sujet, nous étions le centre autour duquel tout devait se disposer.

Mais à mieux examiner sa situation, le sujet se rend compte qu'il n'a pas d'être en tant que tel, mais que, pour être, il est totalement dépendant d'autrui, de son existence, de son jugement, de son approbation.

Sartre en donne des exemples concrets.

Tout ce qui semble faire un caractère (être jaloux), tout ce qui semble faire une qualité qu'on se serait appropriée (être intelligent), ou un défaut qu'on revendique (être méchant) n'est pas une propriété dont on disposerait d'abord et une fois pour toutes.

Il y faut la reconnaissance d'autrui. Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même Ainsi, pour Sartre, le moi ne peut prétendre, par la seule introspection, se connaître.

Autrui est le médiateur indispensable pour que le moi puisse atteindre sa vérité : « pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre ».

Cette position d'autrui comme médiateur fait que le sujet n'est sujet que par autrui.

Aussi aller désespérément à la recherche du plus profond de soi, du plus particulier, « du plus intime », c'est inexorablement trouver cet autre : « la découverte de mon intimité me découvre en même temps l'autre ». Autrui, « une liberté posée en face de moi » Je découvre autrui, et je me sens découvert face à lui.

C'est « une liberté posée en face de moi », un face-à-face qui marque une rivalité. Celle d'une existence à part entière qui m'échappe en ses pensées et en son vouloir.

Rivalité ou alliance, jamais donnée une fois pour toutes, où je suis l'autrui de ce sujet qui m'accepte ou me rejette, mais qui n'existe comme tel que par moi, tout comme moi je n'existe que par lui.

Notre monde presque immédiat n'est donc pas, pour Sartre, le monde de la nature, il est « un monde que nous appellerons l'intersubjectivité ».

Monde qui n'est pas donné mais à construire, par l'ensemble des décisions que les uns et les autres nous avons sans cesse à prendre.

Liberté sans cesse à confirmer, pour assumer ce qui fait notre condition humaine !. »

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