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Où est le mal ?

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« Introduction Penser le mal nécessite toujours un rapport de celui-ci avec ce qu'on appelle le bien.

Le mal peut avoir plusieurs formes (la folie, le péché, la volonté d'être méchant etc.), et apparaît le plus souvent comme quelque chose d'obscur et d'indéfini.

Les hommes relativisent le mal puisque ce qui est un bien pour certains peut être un mal pour d'autres.

Peut-on rechercher l'origine, le lieu d'émergence du mal, ou reste-t-il incessamment aux yeux de l'homme le contraire d'une norme, d'une valeur ? Il y a toujours une angoisse qui parle quand on s'interroge sur le mal, car si on pouvait le définir ou le localiser aisément, il ne serait qu'un phénomène auquel on pourrait remédier facilement. C'est ce côté sombre d'une entité abstraite qu'il faudra tenter de déterminer. I.

les origines mythiques du mal. a.

Les premiers chapitres de la Bible font le récit d'une Création harmonieuse, bien agencée, selon le vouloir de la bonté et de la perfection divine (La Genèse).

Mais on s'aperçoit rapidement que le Paradis contient déjà en lui le mal, mal qui se concrétise par une action interdite (Eve qui croque la pomme du savoir sous la tentation du serpent), faute qui aura pour conséquence les peines de l'humanité.

Saint Paul attribue à Adam d'avoir fait entrer dans le monde non seulement la mort, mais le péché (Epîtres aux Romains, V, 12-21).

On peut considérer alors que le mal est bien présent sur la terre, et qu'il peut être saisi par l'homme, comme semble l'indiquer la prière du « notre père » : « Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre nous du mal ». b.

Leibniz se demande comment il est possible que le mal existe dans « le meilleur des mondes possibles » (monde issu de la création de Dieu).

C'est la question centrale de sa Théodicée (1710).

Il faut alors donner une justification divine face au mal.

Et Leibniz donne trois genres de mal : 1) le mal métaphysique qui naît de l'état de créature ; tout être créé est imparfait, car sinon il serait parfait comme Dieu ; 2) le mal physique (douleur, souffrance) justifié par sa fonction.

Il peut être utile (comme pour la conservation de l'individu) ou servir à l'amélioration en tant que punition ; et 3) le mal moral, ou le péché, conséquence de la liberté humaine, et permettant la rédemption (le rachat) par le Christ. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. La trop fameuse formule : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles» apparaît en substance dans un ouvrage de Leibniz (16461716) qui sut mettre son génie de logicien au service de la religion : La Théodicée (1710), dont le titre exact est : Essais de théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal. La Théodicée est un ouvrage où Leibniz s'efforce de résoudre quelques problèmes classiques posés à la théologie, et qu'il énonce ainsi : « Quand il n'y aurait point de concours (le Dieu aux mauvaises actions, on ne laisserait pas de trouver de la difficulté en ce qu'il les prévoit et qu'il les permet, les pouvant empêcher par sa toute-puissance.» Comment peut-on concilier la bonté de Dieu avec l'existence du mal ? Comment peut-on concilier la liberté humaine avec la toute-puissance divine ? Le terme même de théodicée signifie « justice de Dieu » (du grec théos qui signifie « Dieu » et dikè qui signifie « justice »).

Leibniz est le premier à avoir formé ce néologisme qui devait rester dans la langue philosophique.

Mais les problèmes qu'il pose sont bien connus et Épicure (341-270 avant J.-C.) en avait déjà donné une formulation vigoureuse, qui tendait à prouver que notre conception du divin est parfaitement erronée.

Le but de Leibniz est tout autre, puisqu'il s'agit de défendre la cause de Dieu. Voltaire a eu beau jeu dans Candide (1759) de se gausser d'une formule qu'il ne comprend pas et qu'il malmène. Leibniz n'écrit pas «tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes », mais « L'on a montré que cet univers doit être effectivement meilleur que tout autre univers possible » ou encore : « Il faut dire que Dieu, entre les suites possibles de choses, infinies en nombre, a choisi la meilleure, et que par conséquent la meilleure est celle-là même qui existe en acte.» Ce qui varie de la formule voltairienne à la formule vraie de Leibniz est l'idée de pluralité.

Dieu conçoit une infinité de mondes possibles, et il choisit suivant le principe du meilleur.

Cela ne veut pas dire que Leibniz nie le mal et que nous vivons «dans le meilleur des mondes », mais que tous les autres mondes possibles, que Dieu a conçus, sans choisir de les faire exister, seraient pires.

Ce qui, avouons-le, n'est guère réjouissant, Leibniz va jusqu'à écrire : « En outre, si Dieu n'avait pas choisi la meilleure suite universelle (suite dans laquelle le péché intervient), il aurait admis quelque chose de pire que tout péché des créatures.

» Le Dieu de Leibniz n'est pas un despote, ni, comme chez Descartes, un « libre créateur des vérités éternel-les ». Dieu est en quelque sorte « assujetti » à la logique.

Si son esprit comprend et conçoit tout ce qui peut ou pourrait exister, il ne crée pas les vérités : il les comprend.

La création consiste alors à élire, parmi toutes les possibilités concevables et calculables, celle qui offre le plus de perfection, compte tenu de la limitation des créatures, de leur imperfection.

Le Dieu de Leibniz est avant tout calculateur, logicien.

Guidé par le principe du meilleur, il porte à l'existence la totalité la plus harmonieuse.. »

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