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On a souvent redit que l'héroïsme était l'inspiration générale du théâtre de Corneille, mais on a parfois mal défini l'héroïsme cornélien. Vous direz en quoi consiste cet héroïsme et comment l'effet qu'il produit sur les spectateurs est salutaire et mora

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On a souvent redit que l'héroïsme était l'inspiration générale du théâtre de Corneille, mais on a parfois mal défini l'héroïsme cornélien. Vous direz en quoi consiste cet héroïsme et comment l'effet qu'il produit sur les spectateurs est salutaire et moral.

  • I. L'héroïsme cornélien n'est pas le triomphe constant et assuré du devoir sur la passion, ni la vertu, ni la bonté d'âme.
  • II. L'héroïsme de Corneille consiste dans l'exaltation de la volonté libre et souveraine. On retrouve cela chez tous les héros cornéliens, vertueux ou non.

  

« On a souvent redit que l'héroïsme était l'inspiration générale du théâtre de Corneille, mais on a parfois mal défini l'héroïsme cornélien.

Vous direz en quoi consiste cet héroïsme et comment l'effet qu'il produit sur les spectateurs est salutaire et moral. Que l'héroïsme soit l'inspiration générale du théâtre de Corneille, cela a été redit par tous les critiques, depuis La Bruyère.

Encore faut-il savoir en quoi consiste cet héroïsme et se défier des formules simplistes.

Demandons à Corneille lui-même des exemples qui nous éclaireront et nous montreront pourquoi l'effet de ses tragédies est salutaire et moral. I.

L'héroïsme cornélien n'est pas le triomphe constant et assuré du devoir sur la passion, ni la vertu, ni la bonté d'âme. 1.

Laissons les lâches qui ont leur place dans tout théâtre comme dans la vie et ne sauraient en aucune façon représenter l'idéal cornélien, les Prusias, les Félix...

Il est des personnages bien cornéliens qui sacrifient tout à une passion dominante, Camille à l'amour, Cléopâtre à la vengeance.

Celle-ci va jusqu'au crime. 2.

D'autres se font un faux point d'honneur et un faux devoir, Emilie.., le jeune Horace, quand il tue sa sœur, non sous le coup de la colère, mais par « raison.

» 3.

Même chez ceux qui sont vertueux, on ne peut pas dire la plupart du temps que c'est le devoir qui l'emporte, c'est un sentiment plus noble encore placé sur un autre plan, l'honneur chez le Cid, la magnanimité chez Auguste, l'amour divin chez Polyeucte.

Chez tous ces personnages il n'y a pas lutte entre le devoir et la passion, à proprement parler, mais entre deux sentiments nobles ou si l'on veut entre deux devoirs dont le plus difficile l'emporte. II.

L'héroïsme de Corneille consiste dans l'exaltation de la volonté libre et souveraine.

On retrouve cela chez tous les héros cornéliens, vertueux ou non. 1.

Tous sont clairvoyants, ils savent ce qu'ils veulent, même Camille...

Ils hésitent quelquefois, pas longtemps (stances de Rodrigue, monologue d'Auguste), mais ils n'essaient pas de se faire illusion à eux-mêmes comme les personnages de Racine.

Leurs passions mêmes sont lucides et raisonnent. 2.

Une fois la détermination prise, ils n'y reviennent jamais et n'ont pas de regret après l'acte accompli...

(Je le ferais encor, si j'avais à le faire.) 3.

L'œil toujours fixé sur le but à atteindre, l'idéal à réaliser, ils savent écarter tous les obstacles intérieurs ou extérieurs, ils souffrent et parfois se déchirent le cœur, mais ne transigent pas...

le Cid, Pauline, Polyeucte. 4.

Aussi sont-ils parfaitement maîtres d'eux-mêmes...

Auguste..., etc. Ils sont libres et nous apprennent à le devenir et à le rester. Et c'est pourquoi le théâtre de Corneille est d'une moralité si élevée.

Spectacle sain et réconfortant..

Comparez avec Racine qui peut décourager et énerver...

(On peut aussi rappeler 'pi'1 Corneille est contemporain de Descartes : traité des Passions.). »

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