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Il est facile, comme on l'a souvent fait, de dégager des tragédies de Corneille un idéal moral « cornélien ». Définissez brièvement cet idéal et dites dans quelle mesure il serait, selon vous, applicable non pas seulement à des êtres d'exception, mais à

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Ici la méthode la plus sûre pour être exact et complet est celle de la revue. Passez en revue toutes les pièces de Corneille en notant successivement et l'idéal moral que chacune nous propose et la mesure dans laquelle cet idéal est applicable à la vie commune :  Le Cid : l'idéal est qu'il faut savoir sacrifier un amour, si profond et si légitime qu'il soit, au devoir supérieur de venger l'honneur du nom, même si, pour cette vengeance, on risque gravement sa vie. Tel quel, cet idéal, applicable à la vie commune de la noblesse au XVIIe siècle, a perdu aujourd'hui toute valeur pratique. Rien n'oblige un fils à tuer en duel celui qui a insulté son père.

« Il est facile, comme on Va souvent fait, de dégager des tragédies de Corneille un idéal moral « cornélien ». Définissez brièvement cet idéal et dites dans quelle mesure il serait, selon vous, applicable non pas seulement à des êtres d'exception, mais à la vie commune. Ici la méthode la plus sûre pour être exact et complet est celle de la revue.

Passez en revue toutes les pièces de Corneille en notant successivement et l'idéal moral que chacune nous propose et la mesure dans laquelle cet idéal est applicable à la vie commune : Le Cid : l'idéal est qu'il faut savoir sacrifier un amour, si profond et si légitime qu'il soit, au devoir supérieur de venger l'honneur du nom, même si, pour cette vengeance, on risque gravement sa vie.

Tel quel, cet idéal, applicable à la vie commune de la noblesse au XVIIe siècle, a perdu aujourd'hui toute valeur pratique.

Rien n'oblige un fils à tuer en duel celui qui a insulté son père.

Mais dans la plupart des œuvres du passé il est nécessaire et juste de faire une adaptation.

L'idéal qu'elles nous proposent peut rester valable si l'on suppose, dans les mœurs actuelles, des situations non pas identiques, mais équivalentes.

Un fils peut être obligé de renoncer à celle qu'il aime pour sauver la fortune de sa famille, ou bien (sujet traité par certains romans) parce qu'il est Français, qu'elle est Allemande, etc. Horace : l'idéal du patriotisme est resté le même, du moins tel qu'il est chez le vieil Horace et surtout chez Curiace. Cinna : l'idéal moral d'Emilie, le devoir de vengeance implacable même contre un homme qui est votre bienfaiteur, a évidemment changé; il en est de même pour l'idéal de Cinna, soumission absolue aux volontés de la femme aimée; aucune adaptation n'est possible avec la vie actuelle.

Par contre le problème moral qu'Auguste doit résoudre et le parti qu'il choisit sont de tous les temps, etc.

Quand nous aurons terminé notre revue, nous verrons qu'il y a dans l'idéal cornélien des parties vivantes, — d'autres qui peuvent s'adapter à la vie actuelle, — d'autres qui sont caduques et particulièrement ces « grands intérêts » d'ambition ou de vengeance qui sont le sujet de ses dernières pièces. D'ailleurs ce procédé de la revue ne doit pas nous faire oublier que l'examen des détails ne suggère pas toujours certaines réflexions d'ensemble.

Nous aurons à nous souvenir de certaines idées que nous avons rencontrées dans les sujets précédents.

Même s'il n'y avait chez Corneille que des Rodrigues, des Chimènes, des Curiaces, des Augustes, des Polyeuctes, des Paulines, des Nico-mèdes, on pourrait penser que l'idéal cornélien ne suffirait pas nécessairement pour guider la vie commune.

Tout le monde ne peut pas être un héros et on n'a pas toujours l'occasion de l'être.

Nous pourrons dire qu'il serait bon de nuancer, d'humaniser l'idéal cornélien en accordant davantage à la faiblesse humaine, en nous montrant qu'une vie peut être grande et belle en s'en tenant à des devoirs plus faciles. Enfin nous pouvons terminer par une explication qui sera celle que nous avons plusieurs fois utilisée dans les sujets précédents (C.

P., n° 153).

L'idéal cornélien s'explique, surtout dans sa partie caduque, par l'idéal de la société aristocratique contemporaine, engagée dans de violentes luttes d'ambition où l'énergie était la vertu la plus nécessaire.. »

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