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N'y a-t-il de rationalité que scientifique ?

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« S'il n'y avait de rationalité que scientifique, alors tout ce qui ne relèverait pas de la science ne basculerait-il pas dans l'irrationnel ? Non seulement des disciplines intellectuelles (l'histoire, la critique, la philosophie), mais tout le comportement.

Or, il semble que l'irrationalité soit une caractéristique qu'on attribue volontiers à certaines attitudes, certaines pensées, certaines actions, mais pas à toutes.

Dans l'usage courant, il semble que la rationalité soit la règle et son contraire, l'exception, mais cela passe inaperçu car nous n'éprouvons pas le besoin de mentionner que telle ou telle chose est rationnelle (c'est vrai par défaut).

Il y a une rationalité généralisée dans l'action humaine dans la mesure où nous calculons sans cesse (ratio=calcul) : nous établissons des connexions, faisons des prédictions, fondons nos espérances sur l'expérience passée.

En cela, la science ne serait qu'une rationalité exhibée, exacerbée.

Mais n'est-ce pas une définition trop large ? La rationalité du comportement ordinaire n'est-elle pas qu'une apparence, dans la mesure où elle ne se fonde sur rien dans l'ordre du monde, dont nous n'avons guère de moyen de savoir s'il est rationnel ? Y a-t-il une spécificité de la raison scientifique ? Y a-t-il une place pour la vie et la pensée ordinaire entre le scientifique et l'irrationnel ? La science est-elle vraiment le summum de la rationalité (et quelle science : les mathématiques ? les sciences de la nature ? les sciences humaines ?) ? Ou bien fonctionne-t- elle en faisant largement appel à des intuitions, des visions du monde dont la raison ne saurait rendre compte (sinon à posteriori) ? Introduction. Dans le vocabulaire courant, nous disons volontiers que nous connaissons un livre, un film, un ami ...

Et pourtant l'autorité de ces connaissances pâlit dès que l'on évoque la démarche scientifique.

Doit-on alors réserver à cette dernière le monopole du concept de connaissance ? N'y a-t-il de connaissance que scientifique ? Nous examinerons dans un premier temps les modes pré-scientifiques de la connaissance, pour mieux dégager ensuite les motifs qui justifient la restriction de cette notion au domaine de la science.

Nous nous demanderons enfin dans quelle mesure certaines démarches non scientifiques peuvent tout de même revendiquer de façon légitime le terme de connaissance. I.

La connaissance scientifique est seconde. Si l'on s'en tient à la perspective du sens commun, on peut affirmer que la science ne constitue qu'une élaboration poussée de connaissances que nous possédons spontanément ou par expérience. La connaissance empirique. Le moins instruit des hommes ne connaît-il pas en effet son environnement immédiat ? La fréquentation quotidienne des lieux et des hommes, l'observation et le recoupement de nos expériences semblent nous procurer des connaissances solides. La connaissance par ouï-dire. Nous apprenons également bien des choses à travers le dialogue avec autrui.

Les autres enrichissent nos connaissances en partageant avec nous leur expérience et leurs idées.

Ces nouvelles connaissances sont certes obtenues « par ouï-dire », mais si nous les tenons de personnes fiables et compétentes, cela n'équivaut-il pas à des connaissances que nous aurions acquises par nous-mêmes ? Une connaissance artistique. Peut-on dire que le poète possède une connaissance non scientifique des sentiments humains, voire du monde dont il a une vision si spécifique ? On pourrait être tenté de l'affirmer car nous disons que la poésie peut changer notre vision du monde : la métaphore nous ouvre de nouveaux regards sur les choses et les hommes. On atteint cependant ici les limites de l'usage légitime du concept de connaissance : dans le cas de l'artiste, il s'agit plus d'une vision que d'une connaissance. II.

Le monopole scientifique Transition C'est précisément contre cette trop grande extension du concept de connaissance que s'élève le système de la science qui entend déterminer rigoureusement le sens des concepts qu'elle utilise. Le seuil de scientificité. Si la science peut revendiquer le monopole de la connaissance, c'est parce qu'elle confère à cette notion une telle précision et une telle rigueur que tout le reste est renvoyé au domaine de l'opinion non vérifiée.

Il faudra alors déterminer selon quels critères on repère une connaissance scientifique. Connaissance et certitude. La science met en oeuvre des moyens uniques pour préciser et assurer la validité des connaissances : une. »

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