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Notre connaissance du réel se limite-t-elle au savoir scientifique ?

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« I - LES TERMES DU SUJET "Connaissance" : acte d'acquérir un savoir.

Elle implique des procédures qui sont à cerner. "Réel" : terme général : ensemble des choses hors de moi.

Le réel est d'abord ce que je constate. "Savoir scientifique" : type de savoir fortement structuré par des méthodes, des procédures d'expérimentation, de mesure, de vérification. Le verbe "se limiter" invite à s'interroger sur l'équivalence entre les termes "connaissance" et "savoir scientifique" ; n'est-il pas réducteur de ne conférer le statut de connaissance qu'au savoir proprement scientifique ? N'y a-t-il pas d'autres formes de connaissance du réel ? II - L'ANALYSE DU PROBLEME Le savoir scientifique a pour caractéristique l'objectivité.

Il parvient à des connaissances en suspendant le rôle des passions dans l'étude du réel.

Dans la vie courante nous abordons le réel par nos sensations, nos désirs.

Nous sommes subjectifs.

Nous émettons des opinions ; nos jugements sont affectifs, insuffisamment réfléchis. Cependant, tout savoir n'est pas scientifique.

Le savoir-faire n'implique-t-il pas une certaine connaissance du réel ? Ne connaît-on que ce que l'on objective, selon une démarche scientifique ? III - UNE DÉMARCHE POSSIBLE A) OPPOSITION DE l'OPINION ET DU SAVOIR SCIENTIFIQUE L'opinion est une pensée mal fondée.

Elle exprime des préjugés ou des idées partielles et confuses.

C'est le premier genre de connaissance, le plus imparfait, une connaissance par ouï-dire, comme l'affirme Spinoza.

Il faut donc la "détruire" selon le mot de Bachelard.

Le savoir scientifique a pour qualité d'expliciter rigoureusement ses démarches et concepts.

Il définit le sens de ses termes, ou il établit des protocoles après avoir fixé tous les paramètres.

Il privilégie l'ordre et la mesure. L'opinion est un obstacle épistémologique à la connaissance du réel.

Elle le déforme par nos préjugés ou nos passions. B) QUEL EST LE RÉEL CONNU PAR LA SCIENCE ? Bachelard montre que ce réel est construit.

Il n'est pas séparable des instruments qui ont réalisé l'expérimentation. Ce n'est pas une réalité immédiate, vécue.

Au contraire, c'est un produit très élaboré de la technologie de laboratoire.

Les organes des sens sont écartés car grossiers et subjectifs.

Le réel découvert est passé par le filtre des appareils de mesure.

On peut ainsi parler de réalité objective. Objectiver, signifie placer devant soi. Pour la science, l'homme connaît ce qu'il a lui-même élaboré. Le caractère polémique de la connaissance ...

Devant le réel le plus complexe, si nous étions livrés à nous mêmes c'est du côté du pittoresque, du pouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance; le monde serait notre représentation.

Par contre si nous étions livrés tout entiers à la société c'est du côté du général, de l'utile, du convenu que nous chercherions la connaissance; le monde serait notre convention.

En fait la vérité scientifique est une prédiction, mieux une prédication.

Nous appelons les esprits à la convergence en annonçant la nouvelle scientifique, en transmettant du même coup une pensée et une expérience, liant la pensée à l'expérience dans une vérification : le monde scientifique est donc notre vérification.

Au dessus du sujet, au delà de l'objet immédiat la science moderne se fonde sur le projet.

Dans la pensée scientifique la méditation de l'objet par le sujet prend toujours la forme du projet... ...

Déjà l'observation a besoin d'un corps de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins la première vision de sorte que ce n'est jamais la première observation qui est la bonne.

L'observation scientifique est toujours une observation polémique; elle confirme ou infirme une thèse antérieure... Naturellement dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore.

Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments...

Or les instruments ne sont que des théories matérialisées.

Il en sort des phénomènes qui portent de toute part la marque théorique...

» Gaston BACHELARD (introduction). »

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