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Mort, Souffrance, Injustice : est-ce le dernier mot de la condition humaine ?

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« Analyse du sujet : · Il s'agit de s'interroger sur l'imperfection humaine. · « Mort, souffrance, injustice » sont des maux : Ø le 1 er désigne le mal métaphysique, la finitude : la mort est la marque de notre inscription dans le temps (en tant qu'êtres mortels, nous sommes engendrés et corruptibles). Ø le 2nd désigne le mal physique, la douleur : la souffrance est la marque de notre nature sensible, de notre corporéité. Ø le 3 ème renvoie au mal commis, à la faute.

Injustice est un mal, participe de notre imperfection en ce qu'elle introduit un désordre : des méchants ne sont pas punis et des innocents souffrent.

C'est sur ce dernier terme que se concentre l'expression « dernier mot » dans la mesure où on peut rapporter le 1er et le 2nd à celui-ci. · Savoir si ces maux, qui appartiennent à la condition humaine en sont « le dernier mot », consiste à se demander si l'humanité n'est finalement que cela : sommes-nous condamnés à l'imperfection ? · Mais plus précisément, il s'agit d'évaluer quelle attitude adopter face à ces maux : sont-ils le « dernier mot » de notre condition = doit-on nous résigner à l'imperfection ? Si l'imperfection est le dernier mot de notre condition, quel sens y a-t-il à chercher à vouloir nous améliorer ? Se révolter contre la mort, la souffrance, l'injustice, n'est-il pas vain ? · Enjeux : 1) La possibilité du bonheur.

Sommes-nous voués au malheur ? Le bonheur est-il un idéal impossible ? 2) La responsabilité face au mal (en particulier le mal moral).

L'homme ne peut-il pas éviter certains maux ? Auquel cas, la mort et la souffrance sont-elles forcément injustes ? Problématique : La mort, la souffrance, l'injustice nous scandalisent : elles nous sont insupportables car elles introduisent du désordre et heurtent notre sensibilité ou notre sens moral.

Néanmoins, on admet aussi que l'imperfection caractérise notre condition et de ce fait, on peut être tentés par la résignation ou l'indifférence.

Dans ce cas, la mort, la souffrance et l'injustice sont posées comme dernier mot de la condition humaine : elles se trouvent justifiées, voire banalisées, par un certain fatalisme.

Comment expliquer ces deux attitudes si éloignées ? L'imperfection est-elle le dernier mot de notre condition de sorte qu'il ne sert à rien de s'indigner, voire de se révolter, contre elle, ou bien, une telle conception est-elle au contraire une solution facile nous dispensant de tout progrès ? 1- IL N'Y A PAS D'AU- DELÀ DE L'IMPERFECTION a) Mort, souffrance, injustice caractérisent la vie Désigner la mort, la souffrance et l'injustice comme des maux est révélateur d'une certaine attitude par rapport à la vie.

En effet, si l'on considère qu'à l'état naturel, rien n'est ni bon ni mauvais, mais simplement favorable à la conservation ou nuisible, agréable ou déplaisant, on peut poser que le bien et le mal, en tant que valeurs, ne proviennent que d'une convention.

Or, ainsi que le fait remarquer Nietzsche, une telle décision révèle une forme de faiblesse : la mort, la souffrance, l'injustice ne sont des maux que pour celui qui n'a pas la force suffisante pour les supporter.

C'est pourquoi, une vie délivrée de la mort, de la souffrance, de l'injustice est un « arrière-monde », un idéal, une fiction métaphysique forgée par la faiblesse qui refuse ce qui constitue la vie dans son fond. b) L'imperfection est indépassable La conception nietzschéenne trouve une expression radicale dans le discours de Calliclès dans le Gorgias de Platon. Lorsque Socrate dans le Gorgias s'entretient avec Calliclès, il met en avant une définition de l'homme heureux à laquelle le jeune sophiste répond qu'il s'agit là d'un idéal illusoire.

Socrate privilégie le désir de plénitude, de contentement comme achèvement de l'homme ; Calliclès lui rétorque alors que ce bonheur = un bonheur de pierre. En effet, exister, c'est désirer et en cela, se condamner à l'insatisfaction.

Cependant, celle-ci vaut mieux que l'impassibilité : ne plus désirer = mourir.

Nous vivons de passions (donc de souffrances) mais nous vivons : refuser cette composante essentielle de l'existence, c'est déchoir du côté des pierres ou poursuivre vainement un idéal divin (donc non-humain).

Enfin, la justice selon la nature est liée à la souffrance et à la mort : selon la nature, le plus fort l'emporte sur le plus faible.

Celui qui périt, du point de vue de la nature, est celui qui n'a pas les ressources vitales suffisantes pour se conserver ; aussi sa mort est-elle juste, c'est-à-dire est dans l'ordre des choses : mourir ne contredit que la justice établie par les faibles. Il n'y a donc rien au-delà de cet état de nature : toute tentative pour ôter à la mort, à la souffrance, à l'injustice, le dernier mot, est vaine. Transition : § La mort, la souffrance, l'injustice constituent la vie dans son essence.

Il est donc vain de vouloir revenir sur un tel fait : toute tentative d'amélioration de l'humanité relève d'un manque de lucidité ou d'un optimisme naïf. § Pourtant, si les choses sont ainsi faites, faut-il s'abandonner à l'imperfection ? Si la mort, la souffrance et l'injustice ne sont que les conséquences de l'essence de l'homme, à quoi bon chercher à y remédier ? Et dans ce cas, y a-t-il encore un sens à espérer être heureux ? § Enjeu : notre responsabilité face au mal. 2- L'IMPERFECTION, a) DONT NOTRE VOLONTÉ EST CAUSE, N'EST PAS IMPUTABLE À NOTRE FINITUDE L'expérience de la mauvaise conscience comme révélateur de la contingence du mal. »

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