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Montaigne: Peut-on se fier à la raison ?

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La participation que nous avons à la connaissance de la vérité, quelle qu'elle soit, ce n'est pas par nos propres forces que nous l'avons acquise. Dieu nous a assez appris cela par les témoins qu'il a choisis du vulgaire, simples et ignorants, pour nous instruire de ses admirables secrets : notre foi, ce n'est pas notre acquêt', c'est un pur présent de la libéralité d'autrui. Ce n'est pas par discours ou par notre entendement que nous avons reçu notre religion, c'est par autorité et par commandement étranger. La faiblesse de notre jugement nous y aide plus que la force, et notre aveuglement plus que notre clairvoyance. C'est par l'entremise de notre ignorance plus que notre science que nous sommes savants de ce divin savoir. Ce n'est pas merveille si nos moyens naturels et terrestres ne peuvent concevoir cette connaissance supernaturelle et céleste ; apportons-y seulement du nôtre l'obéissance et la sujétion. (...] Si me faut-il voir enfin s'il est en la puissance de l'homme de trouver ce qu'il cherche, et si cette quête qu'il a employée depuis tant de siècles, l'a enrichi de quelque nouvelle force et de quelque vérité solide. Je crois qu'il me confessera, s'il parle en conscience, que tout l'acquêt qu'il a retiré d'une si longue poursuite, c'est d'avoir appris à reconnaître sa faiblesse. L'ignorance qui était naturellement en nous, nous l'avons, par longue étude, confirmée et avérée. Il est advenu aux gens véritablement savants ce qui advient aux épis de blé : ils vont s'élevant et se haussant, la tête droite et fière, tant qu'ils sont vides ; mais, quand ils sont pleins et grossis de grain en leur maturité, ils commencent à s'humilier et à baisser les cornes. Pareillement, les hommes ayant tout essayé et tout sondé, n'ayant trouvé en cet amas de science et provision de tant de choses diverses rien de massif et ferme, et rien que vanité, ils ont renoncé à leur présomption et reconnu leur condition naturelle.

« ontaigne: La participation que nous avons à la connaissance de la vérité, quelle qu'elle soit, ce n'est pas par nos propres forces que nous l'avons acquise.

Dieu nous a assez appris cela par les témoins qu'il a choisis du vulgaire, simples et ignorants, pour nous instruire de ses admirables secrets : notre foi, ce n'est pas notre acquêt', c'est un pur présent de la libéralité d'autrui.

Ce n'est pas par discours ou par notre entendement que nous avons reçu notre religion, c'est par autorité et par commandement étranger.

La faiblesse de notre jugement nous y aide plus que la force, et notre aveuglement plus que notre clairvoyance.

C'est par l'entremise de notre ignorance plus que notre science que nous sommes savants de ce divin savoir.

Ce n'est pas merveille si nos moyens naturels et terrestres ne peuvent concevoir cette connaissance supernaturelle et céleste ; apportons-y seulement du nôtre l'obéissance et la sujétion.

(...] Si me faut-il voir enfin s'il est en la puissance de l'homme de trouver ce qu'il cherche, et si cette quête qu'il a employée depuis tant de siècles, l'a enrichi de quelque nouvelle force et de quelque vérité solide. Je crois qu'il me confessera, s'il parle en conscience, que tout l'acquêt qu'il a retiré d'une si longue poursuite, c'est d'avoir appris à reconnaître sa faiblesse.

L'ignorance qui était naturellement en nous, nous l'avons, par longue étude, confirmée et avérée.

Il est advenu aux gens véritablement savants ce qui advient aux épis de blé : ils vont s'élevant et se haussant, la tête droite et fière, tant qu'ils sont vides ; mais, quand ils sont pleins et grossis de grain en leur maturité, ils commencent à s'humilier et à baisser les cornes.

Pareillement, les hommes ayant tout essayé et tout sondé, n'ayant trouvé en cet amas de science et provision de tant de choses diverses rien de massif et ferme, et rien que vanité, ils ont renoncé à leur présomption et reconnu leur condition naturelle. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Peut-on se fier à la raison lorsqu'il s'agit des vérités de la foi ? 2 La raison est-elle autonome ? 3 A quoi nous mènent, paradoxalement, le travail et la culture de la raison ? Réponses: 1 - Non, car celles-ci ne peuvent nous être connues que grâce à une révélation divine.

De plus, Dieu la réserve plutôt aux ignorants, aux simples. 2 - Non, la raison est plutôt passive, réceptive.

La vérité s'impose à elle du dehors. 3 - Ils nous conduisent à reconnaître notre propre ignorance, à réaliser l'incapacité de la raison à découvrir, par ellemême, une quelconque vérité. Introduction Est-ce par sa propre raison que l’homme parvient à la connaissance ? L’homme est-il un être doué de raison et capable de savoir ? La raison est habituellement la caractéristique principale de l’homme, celle qui permet de la distinguer de l’animal : là où le règne animal est régi par l’instinct, le genre humain, lui, est capable de penser, de raisonner et d’apprendre.

Tout le mystère est de savoir comment l’homme peut passer de l’ignorance au savoir.

Les seules forces de son entendement le lui permettent-il ? Nous considérons habituellement l’apprentissage comme un chemin qui nous mène de l’ignorance au savoir, et pourtant, on voit qu’il y a là un problème : celui qui ne connait pas la vérité, comment la reconnaitra-t-il lorsqu’il est confrontée à elle ? Peut-on, par la seule force de son intelligence, apprendre quelque chose ? Montaigne, dans ce texte, présente une thèse originale : selon lui, on ne saurait apprendre quoi que ce soit par soi-même. Étude linéaire du texte. Dans un premier temps, Montaigne présente sa thèse, que nous pouvons retrouver dans la première phrase de notre texte : « La participation que nous avons à la connaissance de la vérité, quelle qu'elle soit, ce n'est pas par nos propres forces que nous l'avons acquise ».

Par le terme même de « participation », nous comprenons que nous avons part à la connaissance, sans que cette participation ne vienne entièrement de nous, ce qui est confirmé par la fin de la phrase. Montaigne choisit comme paradigme de la connaissance la connaissance de Dieu.

Il y a une incommensurabilité entre le savoir humain et la vérité divine, exprimée plus loin dans le texte par les termes antithétiques « connaissance supernaturelle et céleste » et « nos moyens naturels et terrestres ».

L’homme ne pourrait donc par ses propres forces comprendre une vérité divine qui n’a rien de commun avec ses propres capacités.. »

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