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Mentir involontairement, est-ce mieux que de mentir volontairement ?

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« Introduction On pourrait dire qu'il existe deux sortes de mensonges : le mensonge volontaire, qui consiste à dire le faux tout en sachant que ce que l'on dit est faux, et le mensonge involontaire, qui consiste à dire le faux, mais sans savoir que ce que l'on dit est faux.

À tous les mensonges que l'on peut faire en connaissance de cause s'ajoutent donc ceux que l'on peut faire de manière involontaire.

Mais parmi ces deux sortes de mensonge, l'une est-elle plus excusable que l'autre ? Peut-on dire qu'un mensonge involontaire est préférable à un mensonge inconscient, ou doit-on au contraire admettre que les mensonges involontaires sont d'autant plus déplorables qu'ils manifestent une inconséquence dans les propos, une absence de connaissance tout aussi condamnable que les mauvaises intentions du menteur.

Est-ce que celui qui affirme alors qu'il ne peut être sûr de la vérité de ses propos est plus excusable – en raison de son innocence – ou moins excusable, en raison de son inconséquence – que celui qui ment volontairement et en connaissance de cause et? I. Mieux vaut mentir involontairement, car alors du moins, on le fait sans en avoir l'intention. A. On pourrait tout d'abord dire que celui ment involontairement est moins condamnable que celui ment volontairement.

En effet, si l'on se place d'un point de vue strictement moral, le mensonge involontaire n'est pas une faute, puisque nous ne sommes responsables que de ce que nous faisons en toute liberté.

Selon Aristote, dans L'éthique à Nicomaque, même commettre un crime n'est pas condamnable, si l'on ne savait pas que c'était un crime.

Empoisonner quelqu'un parce qu'on lui a donné un breuvage dont on ne savait pas que c'était un poison, comme l'a fait Déjanire à Héraclès dans la tragédie de Sophocle intitulée les Trachiniennes, ce n'est par exemple pas un crime.

Par contre, on est coupable selon Aristote si l'on est responsable de son ignorance.

Si donc l'ignorant est responsable de son ignorance, son mensonge, même s'il est involontaire, est aussi condamnable qu'un mensonge volontaire, mais s'il n'est pas responsable de son ignorance, alors, il est excusable.

Du point de vue moral, celui qui ment sans le savoir est plus à plaindre que celui qui sait qu'il ment, et ne doit pas être puni s'il ne dépendait pas de lui de savoir que ce qu'il dit est faux. B. Sartre va jusqu'à parler d'une « conscience cynique » chez le menteur, dans l'Être et le Néant, au chapitre II de la deuxième partie.

Celui qui ment volontairement dit le contraire de ce qu'il pense et pense le contraire de ce qu'il dit.

Il utilise le fait que sa conscience demeure cachée à autrui.

Le mensonge se présente donc d'emblée comme un mensonge qui est dirigé vers autrui, et qui vise à créer une asymétrie des informations : celui qui ment volontairement veut tromper autrui, et ne veut pas qu'autrui puisse détenir les mêmes informations que lui.

Du point de vue de l'intention, on peut donc dire que c'est le mensonge volontaire qui est le plus condamnable. C. Pourtant, on peut se demander à partir de quand il y a vraiment mensonge : en effet, selon la définition que donne Rousseau dans les Confessions, on ne ment que lorsqu'on ne dit pas une vérité que l'on est pourtant tenu de dire.

Cela permet à Rousseau de restreindre grandement la définition du mensonge, puisque pour qu'il y ait mensonge, il faut que la vérité en question ait un intérêt et une utilité. La propriété chez Rousseau, y compris la propriété intellectuelle d'une vérité ne peut être définie que par l'utilité.

L'exemple qu'il donne est celui du sable qu'il y a au fond de la mer : savoir que celui-ci est blanc ou rouge n'a aucune importance, et détenir cette vérité n'a plus d'intérêt pour moi que de l'ignorer.

On ne peut donc mentir que sur ce qui a un intérêt pour la personne à qui l'on ment.

Autrement, étant donné qu'on n'est pas tenu de lui dire l'information, on n'est pas tenu non plus de lui donner l'information vraie.

À titre de comparaison, Rousseau écrit que donner une fausse monnaie à l'homme auquel on ne doit rien, ce n'est pas un mal.

Cela met évidence un autre critère pour distinguer les mensonges : celui qui est le plus nuisible à la personne à qui on le dit est le plus condamnable, qu'il soit ou non volontaire.

Mais on peut en déduire aussi que celui qui ment (selon cette définition du mensonge) volontairement est d'autant plus coupable s'il ment puisqu'il devait la vérité, et qu'il est conscient de ne pas la donner. Transition : pourtant, si l'on se place du point de vue non plus de la morale, mais de la connaissance, celui qui ment volontairement est plus méritant que celui qui le fait involontairement. II. A. Mais celui qui ment volontairement, au moins, connait la vérité Socrate présente dans l'Hippias mineur ce qui semble être véritable paradoxe : celui qui ment volontairement est supérieur à celui qui ment involontairement.

Comment est-ce possible ? la différence,. »

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