Lucrèce, Le «clinamen»
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Thème 278
Lucrèce, Le «clinamen»
Indications générales
Lucrèce (99-55 avant J.-C.) est un disciple romain d'Épicure (il naît près de deux siècles après son maître).
Il laisse un
grand poème, De la Nature, qui est en même temps un exposé de physique et de morale.
Comme Épicure, Lucrèce est
matérialiste et atomiste.
Il est donc aussi déterministe: tout ce qui arrive a une cause: tous les phénomènes sont dus
aux mouvements, aux chocs et aux agglomérations des atomes.
Mais ce mouvement lui-même, d'où vient-il?
Citation
«Les atomes descendent bien en droite ligne dans le vide, entraînés par leur pesanteur; mais il leur arrive, on ne
saurait dire où ni quand, de s'écarter un peu de la verticale, si peu qu'à peine peut-on parler de déclinaison [clinamen].
[...] Enfin si tous les mouvements sont enchaînés dans la nature, si toujours d'un premier naît un second suivant un
ordre rigoureux, si par leur déclinaison les atomes ne provoquent pas un mouvement qui rompe les lois de la fatalité et
qui empêche que les causes ne se succèdent à l'infini, d'où vient donc cette liberté accordée sur terre aux êtres
vivants, d'où vient, dis je, cette libre faculté arrachée au destin, qui nous fait aller partout où la volonté nous mène?»
(De la Nature, livre II.)
Explication
«Clinamen» est le mot latin qui a été traduit par «déclinaison»: il s'agit d'une légère déviation de parcours, par rapport
à la chute des atomes dans le vide.
Cette déviation, rien ne permet de l'expliquer, mais il est nécessaire de la supposer
pour expliquer tous les autres phénomènes.
Originellement pour Lucrèce, les atomes sont soumis à la gravité et
tombent dans le vide, parallèlement, en ligne droite.
Pour que se forment des corps composés, il faut supposer qu'au
moins un atome, par lui-même, a dévié de la droite ligne pour en heurter un autre.
De là une succession de chocs en
tous sens, d'où sont apparus tous les corps composés, en fonction des affinités entre atomes: ceux-ci, plus ou moins
lisses ou plus ou moins «crochus» (d'où l'expression «atomes crochus»), se sont emmêlés les uns aux autres jusqu'à
former des corps (et les âmes aussi, faites d'atomes très subtils).
Exemple d'utilisation
La théorie du «clinamen» est une affirmation forte de l'existence du libre arbitre: c'est l'idée que, dans un monde
matériel où tout est déterminé par des chocs et des accrochages, il y a de manière irréductible de la volonté libre, qui
échappe au déterminisme, qui échappe à l'enchaînement des causes et des effets.
La grande originalité de la pensée
de Lucrèce (fidèle à Épicure), c'est de penser la liberté tout en restant dans le cadre du matérialisme.
SUJET TYPE: L'acte libre est-il un acte imprévisible?
Contresens à ne pas commettre
Ne pas faire de la théorie de Lucrèce un spiritualisme, un
dualisme (comme chez Descartes), qui attribuerait la liberté à l'âme et le déterminisme
DUALISME:
Théorie au corps: chez Lucrèce, tout est corps, y compris l'âme.
philosophique qui distingue deux Ne pas faire de la théorie de Lucrèce un indéterminisme: ce n'est pas parce que
plans de réalité distincts.
Dans Lucrèce constate l'existence de la liberté que tout, dans le monde, arrive sans suivre
le cadre de la philosophie du aucune règle : une partie des atomes n'est pas libre et se déplace en fonction des
corps, théorie selon laquelle le chocs subis et s'accroche aux autres en fonction de leurs formes; d'autre part, la
corps et l'âme sont deux êtres liberté, pour Lucrèce, est justement un facteur nécessaire pour l'explication du monde
tel qu'il est: c'est donc pour expliquer le monde que Lucrèce postule l'existence de la
distincts.
liberté..
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