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L'objectivité implique-t-elle la neutralité ?

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« Analyse du sujet L'allégorie de la justic e représente une femme avec les yeux bandés, un glaive à la main.

Le fait qu'elle ait les yeux bandés témoigne de son objectivité : elle ne regarde pas l'habit ou l'aspect de la pers onne qu'elle juge.

Elle ne juge qu'en fonction de ses actes et se veut impartiale.

M ais elle porte également un glaive : elle peut tuer, ou sanctionner.

Elle fera s'abattre la sentence sur celui qui a commis un crime.

Elle n'est donc pas neutre puisqu'elle finira pour prendre parti pour ou contre celui qui e s t jugé.

Cette représentation de la justice interroge donc la notion de neutralité.

Q u'appelle-t-on neutralité ? L'objectivité implique-t-elle la neutralité ? Si nous considérons que l'objectivité est la capac ité à forger son jugement sans s'impliquer personnellement et subjectivement (traiter une chose c omme un objet extérieur à soi), il semble nécessaire de reconnaître que celui qui juge es t neutre, puisqu'il ne prend pas parti a priori pour ou c ontre.

Mais sa décision a pourtant l'effet d'une prise de parti : elle délimite l'espac e du juste et de l'injuste.

Il y a donc une forme de paradoxe dans l'objectivité qui, tout en restant extérieur à l'objet du jugement, ne permet pas de res ter pleinement neutre vis -à-vis de cet objet. Nous chercherons tout d'abord à montrer que l'objectivité implique par principe la neutralité puisqu'il s'agit justement de s'extraire de toute partialité pour juger ce qui est sans s 'appuyer sur des préjugés.

Néanmoins, nous nous attacherons à saisir qu'il s'agit d'une théorie idéal du jugement qui rencontre ses limites dans le fait que nous ne pouvons jamais pleinement faire abstraction de ce que nous sommes : l'objectivité s e trouve alors ramenée à un effort de relativité qui n'est jamais neutre.

C ependant, nous nous efforcerons de comprendre que l'exercic e de relativité, s'il n'est jamais neutre en tant que tel, permet de viser une neutralité puisque le jugement qui en déc oule se justifie rationnellement, indépendamment des valeurs de l'individu qui juge. Proposition de plan 1.

L'objectivité semble impliquer la neutralité, dans la mesure où pour être objectif, il convient de ne se fonder que sur des faits avérés ou prouvés (a) au sujet desquels l'esprit adopte une distance et une méthode critique (b) qui l'engage purement et s implement à faire un travail d'arbitrage dans lequel il ne fait pas intervenir ses propres convictions mais ne se forge sa conviction qu'à partir de son raisonnement (Desc artes).(c) 2.

Il reste toutefois que cette théorie idéale de l'objectivité est limitée.

En effet, tant en raison de facteurs incons cients (Freud) qui interviennent sans que je le veuille dans mon jugement, (a) qu'en fonction des connaissances que je possède et de celles qui peuvent me manquer pour avoir une représentation exacte des faits (Kant)(b) ou encore des principes et des valeurs que j'ai acquis es au cours de ma vie et qui faussent mon jugement (c) il devient difficile de prétendre pratiquement que l'objectivité est neutralité. 3.

Dès lors, le problème de la construction d'une objectivité critique s e repose.

E n ce sens, peut-être faut-il faire de l'objectivité un idéal régulateur au sens de Kant,(a) c e qui permet alors de penser que nous pouvons être impartiaux seulement en raison d'une critique de notre propre pos itionnement (Bourdieu),(b) critique qui nous permet d'être neutres moralement en prenant pourtant des décisions qui tranc hent les dilemmes auxquels nous sommes confrontés (Dworkin).(c). »

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