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La démarche scientifique implique-t-elle un certain genre de croyance ?

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« Les hypothèses scientifiques sont chargées de croyances La connaissance immédiate, préscientifique n'est pas une connaissance objective.

Elle est au contraire chargée de subjectivité car nous nous projetons inconsciemment sur le monde.

« Je vois le monde comme je suis avant de le voir comme il est », disait Paul Éluard, cité par Bachelard.

Le monde de la connaissance immédiate coloré et divers, bruyant, pittoresque est « notre représentation ».

Il sourit de nos joies et grimace de nos angoisses. Le spectacle de la flamme aux formes bizarre aux couleurs éclatantes, à la morsure cruelle ne nous dit pas ce La science, écrit Gaston Bachelard, « crée de la philosophie ».

Elle représente en effet la pensée vivante, dynamique.

Elle « instruit la raison » car la raison ne s'apparaît à elle même telle qu'elle est et telle qu'elle devient, que dans son activité réelle, actuelle, qui est l'activité scientifique.

Le problème est alors de savoir quelle philosophie de la connaissance la science peut suggérer.

A l'époque où écrit Bachelard les avis divergent.

Émile Meyerson pense que la science accrédite avant tout un réalisme : « Les concepts créés par la science tels l'atome, la masse ou l'énergie...

sont...

des choses...

participant au caractère de la chose en soi. » Pour Brunschvicg, la science qui substitue à l'épaisseur énigmatique du monde un réseau translucide de relations mathématiques, justifierait plutôt l'idéalisme.

Ne transforme t elle pas la matière en idées, en formules algébriques transparentes pour l'esprit? Pour Bergson et ses disciples, comme Édouard Le Roy, la science représente un ensemble de conventions commodes mais artificielles qui permettent plutôt de manipuler le monde que de le comprendre.

Merleau-Ponty, plus proche de Bergson qu'il ne pense, écrit dans cet esprit que « la science manipule les choses et renonce à les habiter », C'est là une interprétation nominaliste de la science.

La philosophie de Bachelard n'est pas une réflexion à posteriori sur la science déjà faite.

Elle veut tirer des enseignements du travail lui même, de la science en train de se faire.

C'est pourquoi elle apparaît plus complexe et plus nuancée.

Elle ne saurait être unilatérale et retient quelque chose tout à la fois du réalisme, de l'idéalisme, du nominalisme. qu'est vraiment une combustion.

Il ne nous parle que de nous-mêmes, sollicite nos rêveries, réveille et nourrit nos désirs inconscients.

Il tourne le dos à la connaissance objective.

L'édification de la science exigera que nous « psychanalysions » cette connaissance immédiate qui n'est que notre représentation.

Pour parvenir au savoir scientifique il sera indispensable d'éliminer de la connaissance les projections psychologiques spontanées et inconscientes, d'opérer une psychanalyse de la connaissance.

Devant le monde des choses nous devons « arrêter toutes les expansions, nous devons brimer notre personne ».

Le monde qui est notre représentation c'est le monde subjectif du poète, aux antipodes du monde objectif du savant : « Les axes de la poésie et de la science sont inverses ».

Bachelard dans ses ouvrages poétiques Psychanalyse du feu, L'eau et les rêves, etc., explore ce monde subjectif.

Dans ses ouvrages d'épistémologie, il lui tourne le dos. L'expression : « le monde est notre représentation » qui définit le subjectivisme involontaire de la connaissance immédiate est empruntée, semble t il, au titre du célèbre ouvrage de Schopenhauer Le monde comme volonté et comme représentation. L'induction scientifique repose sur la croyance Russell, reprenant la critique de Hume sur l'induction, montre que l'on ne peut validement établir aucune loi scientifique à partir de la répétition de phénomènes. L'inductivisme se heurte à un problème majeure : comment passer d'énoncés singuliers à des énoncés universels ? Il y a là une inférence dont absolument rien ne garantit la certitude.

Supposons avec Russell, une dinde consciencieusement inductiviste amenée un beau jour dans une ferme d'élevage.

Le premier jour, on la nourrit à 9 heures du matin.

Rigoureuse, elle note l'énoncé d'observation : « Tel jour X, j'ai été nourrie à 9 heures ».

Le second, idem...

Comme elle est scrupuleuse, elle fait varier les conditions expérimentales : qu'il neige ou qu'il fasse beau, que ce soit un homme ou une femme, on lui donne toujours à manger à 9 heures.

Elle se croit donc autorisée pour finir à énoncer le principe général : « On me donnera toujours à manger à 9 heures du matin ».

Le lendemain est le jour de Noël, et à 8 heures on lui coupe la tête. Logiquement, tous nos raisonnements inductifs sont exposés au même risque que celui de la pauvre dinde, même si psychologiquement il n'en va pas de même, si nous avons souvent beaucoup de mal à nous persuader de l'absence d'assurance de tels raisonnements et s'ils emportent avec eux une très forte croyance.

En aucun cas ce n'est une certitude.

Rien ne me garantit que le prochain corbeau sera noir, que mon eau bouillira demain à 100° ou que le soleil se lèvera à nouveau.

Hume fut le premier à souligner fortement qu'il n'y a aucune nécessité logique à ne pas concevoir le contraire , alors que dans une déduction, en revanche, la conclusion est la conséquence nécessaire des prémisses.. »

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