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L'injustice est-elle une fatalité?

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C'est la nature qui est alors légitimée comme critère d'une justice réelle, donc véritable et concrète. Celle des hommes du peuple (la « démocratie »)s'apparente le plus souvent à une marque de faiblesse de ceux qui veulent se protéger de la supériorité naturelle des plus forts (intellectuellement, physiquement). L'idéal de raison vertueuse socratique est ainsi critiqué et dénoncé comme illusoire. La seule légitimité propre à gouverner et régler tout conflit est celle, immédiate, d'une hiérarchie naturelle : du plus faible au plus fort (quantitativement et qualitativement : physiquement et intellectuellement). Le plus fort gouvernera naturellement les autres. L'injustice serait donc celle des faibles qui institutionnalisent des « lois » réactives et anti-naturelles pour éviter leur soumission légitime (en accord avec l'ordre naturel). Cela amène inévitablement à dresser un parallèle avec notre actualité. La justice n'empêche toujours pas l'injuste de se produire. Pire, celle-ci est parfois dénoncée elle-même comme « inique » (injuste), dans le cas par exemple d'une condamnation d'un innocent (erreur judiciaire). Elle continue d'ailleurs d'être parasitée et de sanctionner toute tentative de « se faire justice soi-même ».

« Introduction Remarquons d'emblée que la justice peut recevoir deux définitions qui s'opposent.

Celle, institutionnalisée (qui se détermine selon des lois humainement choisies), se confronte à une approche « naturaliste » (fondée sur le droit naturel) de la justice terrestre.

Nous sommes en effet les héritiers de ce paradoxe que Platon aurait, de manière exemplaire, illustré dans un dialogue.

Le Gorgias confronte, sur la question particulière de la nature du juste et de l'injuste, Socrate (affirmation du but moral de la justice) à Calliclès (affirmation d'une « légitimité » naturelle de la justice).

L'irrésolution de cette opposition nous donne à réfléchir sur une réalité double de l'injustice.

Est-elle omniprésente, puisqu'elle se manifeste doublement comme « immoralité » humaine ou comme « illégitimité » naturelle ? Deux définitions distinctes de la justice concrète créent logiquement deux définitions de ce à quoi cette dernière s'oppose.

L'injustice est-elle donc une fatalité, toute action prenant le double risque de s'opposer à la nature ou à la culture ? Cette affirmation implicite de l'impuissance de toute justice à s'imposer sur terre, sera discutée prioritairement. La connaissance de la nature de la justice peut-elle influencer, de quelque manière, l'injustice manifeste ? La justice n'est-elle, après tout, qu'une illusion ? I.

L'idéal déchu de justice Le dialogue du Gorgias a ceci d'étonnant qu'il donne à Calliclès une des plus magnifiques et véhémentes tirades que Platon ai jamais placé dans la bouche d'un adversaire de l' « Académie ».

Calliclès reproche à Socrate d'utiliser, à sa guise, « nature » (monde sensible) et « loi » (appartenant à la rationalité) pour définir ce qui est juste.

Cela jette une confusion sur la notion de justice elle-même : « Et moi, je n'aime pas beaucoup ce qu'a fait Polos quand il t'a concédé que commettre l'injustice est plus vilain que la subir.

En fait, dès qu'il t'a accordé cela, tu l'as fait s'empêtrer dans ce qu'il disait et tu lui as cloué le bec ; tout cela, parce qu'il a eu honte de dire ce qu'il pensait.

Mais, tu sais, Socrate, réellement, ces questions que tu rabâches, ce sont des inepties, des chevilles d'orateur popuaire – oui, toi qui prétends rechercher la vérité ! – pour faire passer que le beau est beau selon la loi, et pas selon la nature.

Nature et loi, le plus souvent, se contredisent. [...] En effet, dans l'ordre de la nature, le plus vilain est aussi le plus mauvais : c'est subir l'injustice ; en revanche, selon la loi, le plus laid, c'est la commettre.

» (Gorgias, 482 b - 483 c) Calliclès en vient à disqualifier ce dualisme nature/culture en montrant en quoi la culture devrait être l'entreprise d'adéquation avec le droit naturel, celui du plus fort.

C'est la nature qui est alors légitimée comme critère d'une justice réelle, donc véritable et concrète.

Celle des hommes du peuple (la « démocratie »)s'apparente le plus souvent à une marque de faiblesse de ceux qui veulent se protéger de la supériorité naturelle des plus forts (intellectuellement, physiquement).

L'idéal de raison vertueuse socratique est ainsi critiqué et dénoncé comme illusoire.

La seule légitimité propre à gouverner et régler tout conflit est celle, immédiate, d'une hiérarchie naturelle : du plus faible au plus fort (quantitativement et qualitativement : physiquement et intellectuellement).

Le plus fort gouvernera naturellement les autres.

L'injustice serait donc celle des faibles qui institutionnalisent des « lois » réactives et anti-naturelles pour éviter leur soumission légitime (en accord avec l'ordre naturel). Cela amène inévitablement à dresser un parallèle avec notre actualité.

La justice n'empêche toujours pas l'injuste de se produire.

Pire, celle-ci est parfois dénoncée elle-même comme « inique » (injuste), dans le cas par exemple d'une condamnation d'un innocent (erreur judiciaire).

Elle continue d'ailleurs d'être parasitée et de sanctionner toute tentative de « se faire justice soi-même ».

Cette « Loi du talion » (« oeil pour oeil, dent pour dent »), qui prône la punition proportionnelle, est condamnable et passible de sanctions par les lois qui régissent le droit pénal (parmi tant d'autres) ; selon le point de vue, elle peut être jugée juste ou injuste.

L'idéal de justice reçoit donc un coup d'arrêt lorsque la question de sa légitimité est posée.

Comment vaincre une injustice qui, d'un certain point de vue, peut subsister au cœur même de toute entreprise de justice ? Juste et injuste peuvent, selon le point de vue, être affirmés simultanément d'une seule et même chose.

Dès lors, la philosophie doit elle conclure au triomphe de l'injustice par l'incapacité humaine d'une définition unique de la justice ? II.

La réponse socratique. »

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