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l'illusion condamne-t-elle a l'erreur ?

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« Analyse du sujet · Eléments de définition ® Illusion = Du latin illudere qui signifie se jouer de, tromper, leurrer. Le terme désigne l'état de celui qui est trompé, leurré, la méprise des sens ou de l'esprit qui se laisse abuser par l'apparence.

Sous son aspect négatif, l'illusion s'apparente à un défaut de savoir. Positivement, elle est une croyance caractérisée par sa puissance et son énergie. Chez Platon : Non pas ignorance simple mais ignorance qui s'ignore.

C'est, par exemple, la situation des prisonniers dans la caverne, qui sont dans l'illusion précisément parce qu'ils n'ont pas conscience d'y être.

L'illusion se retrouve à plusieurs niveaux : on peut être abusé par les sens, par le langage qui trompe faute de définitions correctes, par la séduction des discours sophistiques et surtout par les artistes qui produisent une illusion au troisième degré, puisque l'image du poète ou du peintre est l'image d'une image du réel.

République, LVII 514a + LX / Le Sophiste 239c-240. Chez Descartes : apparence trompeuse des sens, illusion perceptive.

Ex du bâton brisé dans l'eau.

Désigne également la confusion entre le réel et le rêve, la vie et le songe.

C'est la réalité même du monde qui apparaît comme illusion au terme d'un processus de défiance systématique exercé par la raison (cf.

le doute méthodique et radical, hyperbolique).

Méditations Métaphysique, Méd.

1 Chez Spinoza : leurre qui subsiste même quand la connaissance scientifique substitue le vrai au faux.

A la différence de l'erreur qui est susceptible d'être corrigée, l'illusion survit à sa réfutation et résiste à tout démenti de l'expérience ou du raisonnement.

Ex : l'illusion finaliste. Ethique, I, Appendice + II, proposition 35, scolie + IV, proposition 1. Chez Marx : Fiction qui nous abuse totalement en engendrant une croyance tenace, et dont la genèse psychique révèle l'enracinement dans des désirs et des intérêts vitaux très puissants. Chez Marx, par exemple, l'illusion comme idéologie est un système de représentations propre à une classe sociale que celle-ci prend pour des vérités, mais dont le ressort caché réside dans des intérêts que la conscience se dissimule à elle-même. - - - - - ® Erreur = Du latin error, qui signifie action d'errer, erreur. 1Non-conformité d'un jugement aux normes du vrai. L'erreur se situe au niveau du pouvoir de l'esprit de lier les représentations entre elles ou de les rapporter à des faits d'expérience.

Il n'y a donc d'erreur qu'un niveau du jugement, dans sa fonction d'attribution aussi bien que dans sa fonction assertorique (l'assentiment). Chez Platon : L'erreur consiste à penser autre chose que ce qui est.

Loin d'être pure ignorance, elle réside dans la confusion des genres de l'être et vient de ce que l'âme ne fait pas bon usage de son pouvoir de connaître.

Théétète, 189b-202a. Chez Descartes : L'erreur consiste à donner son assentiment trop précipitamment, en l'absence d'idées claires et distinctes.

Le fondement de l'erreur réside donc dans la dualité chez l'homme d'un entendement fini et d'une volonté infinie.

Méditations Métaphysiques, Méditation IV + Principes de la philosophie, I, § 42. Pour Spinoza : L'erreur est une pensée inadéquate.

Elle n'est pas liée au jugement dans sa fonction assertorique, mais c'est une connaissance insuffisante et partielle, à situer du côté de l'ignorance.

« Idées fausses ou fictions n'ont rien de positif, par quoi elles sont dites fausses ou fictives ; c'est seulement en vertu d'un manque de connaissance qu'on les considère comme telles.

» Ethique, II, proposition 35. Pour Hegel : L'erreur réside dans l'unilatéralité et partialité du point de vue de l'entendement. Qualifie les déterminations finies lorsqu'elles restent figées en elle-mêmes au lieu de se nier dans leur finitude et leur non-vérité pour se dépasser dans leur contraire.

Phénoménologie de l'esprit, t. 1, Préface + Science de la logique. 2Epistémologie et philosophie contemporaine : L'erreur n'est que l'archéologie du vrai, et la vérité n'est qu'une erreur corrigée.

L'erreur n'est plus un problème général de métaphysique, mais un problème technique dans la constitution d'une vérité partielle.

Elle n'a de sens que relatif à telle ou telle vérité dans tel ou tel secteur du savoir. Bachelard, La formation de l'esprit scientifique, ch.

1, 2. Canguilhem, Etudes d'histoire et de philosophie des sciences Morin, Pour sortir du vingtième siècle. · Angles d'analyse ® Il faut d'emblée remarquer que le sujet ne pose pas une relation d'identité entre illusion et erreur, comme si l'une et l'autre se confondaient, mais il pose plutôt une relation de cause à effet : parce qu'il y a illusion, alors, en dernier ressort, nous tombons dans l'erreur. ® Il s'agit donc de savoir si le mécanisme de l'illusion conduit toujours, en définitive, nécessaire à l'erreur. ® On remarque donc, en creux, que c'est aussi la question du chemin vers la vérité qui est aussi mis ici à la question : il s'agira donc de mettre en évidence des distinctions importantes, notamment entre croire et savoir mais aussi, et surtout, entre erreur et illusion. ® C'est donc la nécessité du lien génétique entre illusion et erreur (en tant que l'illusion. »

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