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Erreur et illusion

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« Explication des termes: ERREUR : Affirmation fausse.

A la différence du mensonge, l'erreur implique la bonne foi; l'erreur, dit Platon, est une ignorance double, c'est-àdire une ignorance qui ne se sait pas ignorante, une ignorance doublée d'une illusion. ILLUSION: 1) Toute erreur provenant de l'apparence trompeuse des choses (illusions perceptives). 2) Croyance ou opinion fausse abusant l'esprit par son caractère séduisant et le plus souvent fondée sur la réalisation d'un désir (Cf. l'analyse de Freud concernant la religion).

Contrairement à l'erreur, qui peut être corrigée, l'illusion survit à sa réfutation. A.

L'illusion survit à sa réfutation Le verbe latin illudere signifie « se jouer de », au sens de « tromper », « abuser ».

Le mot illusion, formé à partir de la voix passive du verbe illudere, désigne l'état de celui qui est joué, trompé, abusé.

L'illusion offre donc un aspect négatif (elle est croyance ou opinion fausse) et un aspect positif (celui qui est victime d'une illusion croit sincèrement à cette chose fausse qu'il affirme).

A première vue, il peut sembler qu'erreur et illusion sont des termes synonymes.

L'erreur, elle aussi, est commise en toute bonne foi (sans quoi elle ne serait pas erreur, mais mensonge). Cependant la simple erreur se distingue de l'illusion, parce que l'erreur est susceptible d'être pleinement corrigée.

J'ai fait par exemple une erreur dans un raisonnement mathématique.

Si le professeur me montre où est mon erreur et si je comprends son explication, il n'y a plus de raisons pour que je me trompe de nouveau sur ce point.

Au contraire, une illusion survit à sa réfutation.

Par exemple, écrit Spinoza dans L'Éthique (1677), «lorsque nous regardons le soleil, nous imaginons qu'il est distant de nous d'environ 200 pieds », ce qui est loin d'être la vérité.

Cependant, une fois réfutée par le savoir des astronomes, cette illusion persiste : malgré notre connaissance de la vraie distance du soleil à la Terre, « nous n'imaginerons pas moins qu'il est proche ».

La connaissance vraie ne fait pas disparaître la perception illusoire. B.

Tous prisonniers au fond de la caverne ! Tant qu'on en reste au niveau des apparences, l'illusion est indépassable.

Elle est donc d'autant plus dangereuse qu'elle n'est pas reconnue comme telle, et que le sujet ignore sa propre ignorance.

Ce caractère tragique de l'illusion est illustré par Platon au livre VII de La République, dans sa célèbre allégorie de la caverne (voir p.

40).

Des hommes sont enchaînés depuis leur enfance au fond d'une caverne, face à une paroi sur laquelle défilent les ombres de figurines agitées derrière eux par des montreurs de marionnettes. Comment ne prendraient-ils pas ces ombres pour des choses réelles ? Pour perdre leurs illusions, il leur faudrait pouvoir tourner la tête et observer ce qui se passe derrière leur dos.

Mais ils sont solidement attachés, et précisément, ces chaînes dont parle Platon symbolisent le caractère momentanément indépassable de l'illusion. Le passage de l'illusion à la vérité est cependant possible, mais le mystère de cette conversion est renforcé chez Platon par l'appel au mythe.

« Qu'on détache l'un de ces prisonniers, qu'on le force à se dresser immédiatement », écrit-il...

Mais qui est donc ce « on » libérateur ? Platon veut sans doute montrer que l'on ne peut se déprendre tout seul de l'illusion, parce que celle-ci, par son pouvoir de séduction, trouve en ses propres victimes ses plus ardents défenseurs. « Est illusion le leurre qui subsiste, même quand on sait que l'objet supposé n'existe pas.

» Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique, 1798. « L'opinion d'Aristote, d'après laquelle la vermine serait engendrée par l'ordure - opinion qui est encore celle du peuple ignorant était une erreur (...), alors que c'était une illusion de la part de Christophe Colomb, quand il croyait avoir trouvé une nouvelle route maritime des Indes.

La part de désir que comportait cette erreur est manifeste.

» Freud, L'Avenir d'une illusion, 1927. « Les illusions diffèrent des erreurs en ce que le jugement y est implicite, au point que c'est l'apparence même des choses qui nous semble changée.

» Alain, Éléments de philosophie, 1941. « L'homme est ainsi fait : dès lors qu'il a besoin d'un article de foi, dût-on le lui avoir réfuté de mille manières, il ne cessera pas de le tenir pour "vrai" ».

Nietzsche, Le Gai Savoir, 1883.. »

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