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l'ignorant est-il toujours l'ennemi de la vérité ?

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« La vérité correspond au caractère de c e qui est vrai soit du point de vue formel, soit parce qu'existant.

P ar opposition, l'ignorance correspond à l'absence de connaissance.

Le « Je sais que je ne sais rien » de Socrate exprime l'ignorance philosophique, du moins celle qui, provisoire, donne accès à la quête du savoir.

Ic i, il s'agit de porter la réflexion sur la question de savoir sur ce que l'on doit entendre par vérité. Ignorer consiste en un premier lieu à ne pas savoir alors que la vérité s'oppose à l'erreur.

C e n'est donc pas à la vérité que l'ignorance s'oppose mais au savoir.

Il semble donc, dans ces conditions que l'ignorance ne s o i t p a s à proprement parler l'ennemi de la vérité.

En effet, parler d'ennemi consiste à désigner l'autre comme celui à qui l'on s'oppose, celui qu'il s'agit de combattre.

O r l'ignorant n'est pas dans l'erreur nécessairement.

C ependant, ne peut-on pas distinguer différentes formes d'ignorance.

Socrate, dans cette perspective, distingue deux formes, l'ignorance qui se sait comme telle et l'ignorance qui s'ignore.

P ensez à cette célèbre formule qu'il prononce : " Je ne sais qu'un chose c 'est que je ne sais rien ".

C 'est contre les sophistes, se présentant comme des savants que Socrate clame son ignorance, mais cette dernière consiste avant tout à se présenter comme la condition d'une recherche de la vérité contrairement à ceux qui croient la détenir en étant prisonniers d'une certitude d'eux- mêmes.

Il s'agit donc ici d'identifier à quelles conditions l'ignorance peut être l'ennemi de la vérité et comment la vérité n'est peut-être pas s implement l'accumulation d'un ensemble de savoirs constitués sans réflexion. Mensonge, erreur et illusion : En quel sens peut-on parler d'une contrainte exercée par la vérité ? V oir le texte de Hannah A rendt, La crise de la culture, p.

305,306.

Q ui dit contrainte dit aliénation de la liberté.

La liberté est par définition l'absence de contrainte.

M ais est-ce à dire qu'être libre, c'est pouvoir faire n'importe quoi, tout en pensant c e que l'on veut ? Si nous ne voyons dans la liberté qu'une licence pour faire tout et n'importe quoi, il es t clair que la liberté et la vérité ne peuvent aller ensemble.

La liberté n'es t pas la licence, une sorte de liberté naturelle , sans foi ni loi.

S'il y a contrainte exercée par la vérité, en réalité, celle-ci est de deux ordres d'exigences : C ontrainte formelle de la vérité tout d'abord.

En tant que la vérité s 'exprime dans un discours vrai, elle nous impose les exigences de la logique.

C ontrainte matérielle du vrai, du fait que l'on doit regarder en face, ce qui est.

La vérité exige que nous cess ions de nous dérober devant ce qui est. M entir, c'est falsifier la vérité, ce qui suppose que nécessairement je la connaisse.

V oir le texte de Kant, La critique de la rais on pure , p.405.

C 'est intentionnellement que je mens sinon, ce ne serait pas un mensonge, mais une simple erreur.

L'erreur est involontaire, elle est commise souvent de toute bonne foi, parce que l'on croit avoir dit la vérité.

M entir, c'est dire les choses autrement qu'elles ne sont.

C et autre n'existe pas, c'est un pur néant.

En mentant, j'entraîne aussi autrui dans la croyanc e dans ce qui n'est pas, donc dans une illusion.

Si en suivant la vérité nous pouvons rester en contact avec l'Être, en suivant le mens onge, nous sommes précipités dans le néant ! C 'est pour cette raison que l'on dit que la vérité est ontologique, elle est le discours sur l'Être, le discours accordé à ce qui est, et elle a vocation à nous inscrire dans ce qui est. La possibilité de l'erreur es t-elle sans conséquence pour la liberté ? L'existence de l'erreur n'est pas neutre.

L'erreur menace notre confiance et constitue une entrave à la libre spontanéité de la liberté.

Il y a différence entre la faute et l'erreur.

La faute est liée au non-respect d'une norme que je s u i s s e n s é connaître.

la cause de l'erreur ne relève que de l' ignorance.

L'erreur est erreur par privation de connaissance.

P lus la connaissance est ample, plus elle est adéquate, et moins l'erreur peut se manifester.

Il importe surtout de percevoir ce que nous coûte les absences de la conscience, nos défauts d'attention en erreurs de toute sorte.

L'ignorance fait que je puis me tromper dans mes jugements, me tromper dans mes choix, dans mes projets, mes décisions, mes engagements. L'allégorie de la Caverne : · P renons l'allégorie de la caverne, que l'on trouve dans le livre V II de la République de Platon.

O n dit allégorie de la caverne, car P laton a en effet tenté une mise en s c è n e où t o u s l e s éléments de l'his toire ont une signification symbolique.

P laton représente la condition de l'homme dans l'ignorance et auss i le chemin de sa libération.

Dès le début, il marque son intention en plaçant sa description dans un contexte qui sera celui de l'éducation.

« V oici l'état de notre nature relativement à l'instruction et à l'ignorance ».

P laton commence ainsi par symboliser la vie humaine par la condition de prisonniers enfermés dans une caverne.

La condition de l'homme est d'abord celle de l'ignorance et l'ignorance est manque de clarté, manque de la lumière de la connaissance.

La caverne figure une vie renfermée, obscure qui n'a ni la lumière, ni la liberté du grand jour.

C ependant, cette caverne possède une ouverture vers la lumière extérieure.

C ela veut dire que l'homme qui y est d'abord enfermé peut en sortir.

L'homme n'est pas condamné à l'ignorance, il peut s'en libérer, s'élever à une vie plus libre et plus éclairée.

L'ignorance est venue avec la naissance de l'homme, elle ne lui est pas tombée dessus plus tard.

L'incarcération dans l'ignorance prend deux formes.

Les fers maintiennent la tête face au mur et les chaînes empêchent de se lever.

Le mur symbolise la matière.

C e qui attache d'abord l'homme, fixe son regard vers la matière, ce sont les tendances liées à l'incarnation.

Le corps est là, qui imprime sa pesanteur et leste l'élan de l'esprit.

La s ensation, les habitudes mécaniques, les tendances inconscientes, la base biologique inconsciente, tout cela tire l'esprit vers le bas et non vers le haut.

La conscience, dans l'ignorance, est d'avantage tournée vers la matière que vers l'esprit.

Le corps semble porter une lourdeur et une résistance à la connaissance et lester l'esprit d'ignorance.

D e plus, il faut remarquer que la lumière que voient les prisonniers n'est même pas celle de l'extérieur.

Elle vient d'un feu situé derrière eux.

C 'est de la part de P laton tout à fait intentionnel.

C ela veut dire qu'au fond, notre vie matérielle est vécue dans une lumière artificielle qui n'est pas celle du vrai. · M ais que voient donc ces hommes dans l'ignorance ? Entre les prisonniers et le feu qui est derrière eux, se dresse un mur.

Derrière le mur passent des personnages qui portent sur leur tête des figures de terre cuite : statuettes d'animaux, d'homme, d'objets divers.

Les prisonniers enchaînés n'ont jamais vu autre chose que des ombres s ur le mur.

L'ombre figure la connaissance des apparences.

Mais l'ombre rend possible la communication des prisonniers entre eux.

C es hommes discutent et s'entendent sur le défilé des ombres, c'est pourquoi on nommera opinion leur première forme de c onnaissance.

Nous savons que l'opinion ne juge que sur les apparences, qu'elle ne discerne rien.

Telle est le savoir empirique en ce monde.

T el est le monde sensible, monde qui est, dans la mesure où l'esprit y est piégé au premier degré, illus oire et même struc turé dans une double illusion.

Non seulement les prisonniers ne voient que des ombres, mais ces ombres ne sont pas ombre de réalité, puisque les objets portés au-dessus du mur sont des copies d'objets réels qui se trouvent au dehors.

C ependant cette réalité est en fait fondée sur une intelligence virtuelle, celle des Idées.

L'objet porté symbolise la chos e dans le monde sensible et la chose est une copie d'une e s s e n c e qui est dans le monde lumineux, qui est en dehors de l'espac e-temps du monde empirique, c'est-à-dire dans le monde intelligible .

Supposons que parmi les prisonniers, il y ait un homme intelligent qui s'avise de secouer l'opinion, qui par ses ques tions, mette en cause ce qui simplement se répète par habitude.

T out d'un coup le prisonnier voit, que ce qu'il croyait être la vérité, n'est qu'une ombre, de la Réalité, sa projection sur le mur.

En se retournant, il voit que les c h o s e s qui défilent sont plus réelles que les apparences.

De l'ordre du savoir de l'opinion i l p a s s e à c e l u i de la perception jus te, ou croyance naturelle, il passe de la vision irréelle dans le sensible, à une vision correcte dans le sensible.

M ais ce ne serait pas encore le plus haut degré de la connaissance.

notre prisonnier est cependant s ur le chemin.

Il lui est offert la possibilité de s e mettre en marche et de la chercher.

Pour voir de manière correcte, il faut déjà se détacher de l'opinion et de ses préjugés. · L'ascension de l'homme dans la vérité est un affranchiss ement, un affranchissement vis-à-vis du sensible le plus grossier, vers un ordre du sensible plus subtil, vers une intuition intellectuelle des essences, enfin, vers une vision dans la conscience d'unité du Bien.

La quête du vrai, commenc e par une expérience confuse de perception, se poursuit dans une expérience claire de perception, puis dans une expérience intellectuelle d'intuition et enfin s 'achève dans une expérience spirituelle du Bien.

C ette libération est en même temps une purification de l'âme, elle est une dans l'ignorance détournée.

L'homme que la connaissance libère ne peut plus envier les valeurs de l'ignorance.

Il est dans un détachement naturel vis-àvis du monde de l'opinion.

Le sens premier de l' éducation : est de libérer l'homme de la servitude, de l'aider à s'élever dans la droiture et le bien.

La vérité ici n'est donc pas un savoir extérieur à la vie, elle est la V ie se connaissant elle-même, entrant en possession d'elle-même.

T out ce dont l'âme a besoin de savoir se trouve déjà en elle.. »

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