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l'humanité est-elle maîtresse de sa destinée

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« L'humanité est-elle maîtresse de sa destinée ? Introduction.

— Par suite, peut-être, d'un besoin inconscient, d'explication par des rapports nécessaires, les Anciens faisaient dépendre les événements de leur vie d'un Destin aux arrêts irréformables.

De cette vue primitive il nous reste la notion de destinée.

Notion passablement ambiguë qu'il nous faudrait préciser avant de répondre à la question de savoir si l'humanité est maîtresse de sa destinée. I.

— CE QU'IL FAUT ENTENDRE PAR DESTINÉE DE L'HUMANITÉ « Destinée » évoque d'abord ce à quoi un être est destiné, le rôle qui lui est assigné, surtout le terme vers lequel il se dirige : terme fortuit d'une suite de hasards ? ou, au contraire, but vers lequel il s'achemine à travers des péripéties plus ou moins complexes ? Le mot ne le dit pas. Mais, en même temps que ce terme mystérieux, il évoque l'ensemble du périple qui y conduit : « destinée », en ce sens, est synonyme de « vie » ou d' « existence ». Toutefois, s'agissant de l'humanité, le sens du vocable devient plus énigmatique.

En effet, la destinée individuelle aboutit à la mort.

Or, si, lorsqu'on l'applique à l'humanité, la notion de « destinée » n'exclut pas la mort, c'est-à-dire l'anéantissement, du genre humain, elle ne l'implique pas non plus.

Le mot, dans ce contexte, ne semble dire guère plus que devenir ». Il s'agit donc de savoir si l'humanité est maîtresse de son devenir, c'est-à-dire de son avenir, non pas immédiat, mais lointain et, en quelque sorte, définitif. II.

— L'HUMANITÉ EN A-T-ELLE LA MAÎTRISE ? Au niveau de notre expérience, la maîtrise des événements comme des hommes est conditionnée par des qualités exceptionnelles d'intelligence et de vouloir, avant tout par la maîtrise de soi. Par là même il semble que nous devions répondre par la négative à la question posée.

Car si l'on peut tenir l'humanité pour une personne morale, ce n'est pas une personne physique, consciente d'elle-même, douée d'intelligence et du pouvoir de décision.

A vrai dire, ce n'est qu'une abstraction : le mot ne désigne que l'ensemble des personnes physiques.

L'humanité n'est donc pas maîtresse de sa destinée. Mais faudra-t-il en dire autant des individus dont elle est composée ? Nous ne croyons plus au Destin.

Dès lors ne peut-on pas admettre que chacun de nous est maître de sa destinée personnelle et que, par suite, l'humanité, qui est faite de l'ensemble des hommes, possède la même maîtrise ? Ici encore s'impose, non pas une simple négation, mais toute une cascade de réponses négatives. Tout d'abord de l'inexistence du Destin, il ne suit pas que nous soyons maîtres de notre destinée.

Examinons-nous loyalement, ils sont bien rares les cas dans lesquels nous nous déterminons en êtres en pleine possession de soi, pour des raisons conscientes et réfléchies : le plus souvent nous sommes menés par les impressions du moment, par le hasard, par les autres...

Jusque dans l'existence de personnages qui nous semblent avoir conduit leur destinée avec une maîtrise sans faille, ôn relève des circonstances fortuites sans lesquelles leur orientation eût été différente. Ensuite, la destinée de l'humanité n'est pas la simple résultante de la maîtrise bien réduite que les individus exercent sur leur devenir.

Elle dépend bien plus des grands hommes qui inspirent ou imposent leurs vues ou leurs volontés à leurs contemporains et indirectement à ceux qui viennent après eux.

A dire vrai, ce seraient eux les maîtres de la destinée de l'humanité et non l'humanité elle-même. Toutefois ce serait abuser que de leur reconnaître un tel pouvoir.

L'action de chacun d'eux est bien réduite, et elle est si différente de l'un à l'autre que l'on ne peut considérer leur ensemble comme une synthèse de l'humanité.

Ce n'est donc pas par ses grands hommes que celle-ci maîtrise sa destinée. Conclusion.

— L'humanité n'est donc pas maîtresse de sa destinée.

Peu à peu, sans doute, elle conquiert la maîtrise de la matière.

La maîtrise des hommes est plus lente à obtenir, mais il semble bien qu'elle commence à progresser.

Quant à maîtriser sa destinée, l'humanité en est encore à la recherche du terme où il faudrait tendre.

La dire maîtresse de sa destinée serait se payer de mots.. »

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