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L'homme peut il perdre son humanité?

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« Analyse du sujet et dégagement de la problématique ● Le sujet propose une question paradoxale : à quoi ressemblerait un homme qui aurait perdu son humanité? En quoi se transformerait-il? Le sujet rassemble trois notions, étudions-les rapidement. Tout d'abord, l'homme.

C'est justement son humanité qu'il faudra définir.

Ainsi, il faudra réfléchir à la notion de nature.

Que signifie, pour un être, avoir une nature? Quels sont les rapports, en cet être, entre ce qui le distingue des autres êtres de même nature, et sa nature même? Peut-on dire que l'on possède une nature, comme l'on possèderait quelque chose que l'on serait susceptible de perdre? Le sujet, ensuite, est orienté par la question « peut-il..? ».

En raison du caractère paradoxal de la question, de la contradiction qu'elle interroge, on peut dire qu'elle désigne seulement la possibilité, la possibilité logique. Est-il logiquement possible, pour un membre de la nature humaine, de perdre de qui le définit, sa nature même, son humanité? Envisager la question sous l'angle moral de la permission serait un contresens : il ne s'agirait plus alors d'une perte, mais d'une élection. La notion de perte, enfin, est triple.

Au sens le plus général, elle désigne, dans le temps, le manque d'un objet ou d'une propriété précédemment possédés.

Mais il y a trois pertes, dont les sens sont radicalement distincts.

Il y a, tout d'abord, la perte contingente.

En raison d'événements contingents, un objet possédé est perdu.

On peut élargir cette perte à la soumission à d'autres agents qui nous raviraient ce que l'on perd : ainsi en va-t-il de tel prisonnier, ayant perdu sa dignité en raison de mauvais traitements.

Le sens de la perte contingente est la passion, la passivité, la soumission à des conditions non maîtrisée, c'est-à-dire, en ce qui concerne la nature humaine, la finitude.

Il y a, ensuite, une perte conditionnée.

Ainsi en va-t-il de celui qui perd au jeu, de celui qui risque, qui tente, qui hasarde.

Cette perte provient d'une action posée, résolument, mais non voulue inconditionnellement dans ses conséquences : le pari.

Il y a, enfin, la perte dans son sens le plus fort, la perte par déchéance.

Elle consiste dans la perte de privilèges, d'honneurs, d'une dignité ou d'une qualité particulières.

Ainsi, en va-t-il du responsable que l'on déchoit de ses privilèges en raison d'un manquement à ses devoirs.

Cette perte, issue d'une action libre et entièrement voulue, relève du champ moral. ● Dans la mesure où le sujet interroge la possibilité même, pour l'homme, de perdre son humanité, il faudra envisager la perte sous son triple aspect.

Ainsi nous sont livrées trois questions : L'homme peut-il se voir ôter son humanité? L'homme peut-il risquer, peut-il jouer son humanité? Et, enfin, l'homme peut-il déchoir de son humanité? Par ailleurs, pour autant qu'à première vue la logique interdit de concevoir un être qui perdrait sa nature mais demeurerait le même, il faut chercher, si l'on avance que l'homme peut perdre son humanité, comment il peut la perdre.

Ainsi, on pourra approfondir la notion de nature et demander ce que signifie pour l'homme d'être selon un humanité qu'il peut perdre.

Que signifierait la possibilité même de la perte de l'humanité, pour tout homme? En effet, si l'homme peut perdre son humanité, alors tout homme risque sans cesse cette possibilité, et n'est homme que malgré cette possibilité.

Pour comprendre cette signification, il est essentiel de demander s'il s'agit là d'une possibilité donnée à toute nature, ou d'un privilège de la nature humaine.

Peuton aller jusqu'à y voir l'unique privilège de la nature humaine, son unique différence spécifique, vis-à-vis du genre animal, par exemple? C'est donc, en fin de compte, la notion d'inhumain qu'il faut interroger.

On dit que de l'homme qu'il est inhumain.

Qu'est-ce qui en l'homme, peut être perdu jusqu'à faire de lui un inhumain? Que signifie, pour l'homme, la possibilité de l'inhumain? Proposition de plan I L'homme peut-il être dépossédé de son humanité? Maurice BLANCHOT L'Entretien infini « - Je lis dans le livre d'Antelme[1] : « Mais il n'y a pas d'ambiguïté, nous restons des homme, nous ne finirons qu'en hommes...

C'est parce que nous sommes des hommes comme eux que les SS seront en définitive impuissants devant nous...

Le bourreau peut tuer un homme, mais il ne peut pas le changer en autre chose.

» [...] « L'homme peut tout, et d'abord m'ôter à moi-même, me retirer le pouvoir de dire « Je ».

Dans le malheur – et, pour notre société, le malheur est toujours d'abord déchéance sociale - , l'homme, frappé par les hommes, est radicalement altéré, il n'existe plus dans son identité personnelle, non seulement tombé au-dessous de la personne, mais au-dessous de toute classe et de tout rapport collectif réel, en ce sens déjà hors du monde, être sans horizon. Et il n'est pas une chose : une chose, même inutile, est précieuse; le déporté n'est pas la chose du SS; quand il travaille en travailleur, son travail lui rend quelque peu le prix d'un homme exploité; mais le déporté essentiel, celui qui n'a plus ni figure ni parole, le travail qu'on lui impose n'est destiné qu'à exténuer son pouvoir de vivre et à le livrer à l'insécurité démesurée des éléments; plus de recours nulle part : au dehors le froid, en lui la faim, partout une violence indéterminée [...]. »

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