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L'homme est-il par nature un être religieux ?

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« Introduction et problématisation: La lecture de Marx, de Nietzsche, de Freud, de Sartre nous invite à penser à l'effacement du religieux.

Mais il n'est pas moins évident que ces analyses destructrices n'ont pas entraîné, comme on a cru jadis qu'elles le feraient, la disparition de la religion, et que celle-ci reste d'une étonnante vitalité : même dans les pays les plus développés et les plus sceptiques, où elle a connu une crise indiscutable, qui l'a fortement marginalisée, son rôle a été redéfini (s'intégrant sans trop de heurts dans un cadre politico-philosophique fondamentalement laïque) plus qu'il n'a disparu. Et c'est en fait l'athéisme radical qui paraît aujourd'hui daté, et qui a cessé d'apparaître comme une position intellectuelle avancée : l'influence notamment de l'anthropologie, qui montre dans le fait religieux une des formes les plus universelles de la culture, a souvent conduit à sa relégitimation intellectuelle même par ceux qui se déclarent personnellement incroyants. D'aucuns ont même prétendus à un "retour du religieux".

La religion est-elle une dimension constitutive de l'existence humaine ? Le phénomène religieux permet-il de définir une essence humaine, en droit universelle ? Le phénomène religieux est-il consubstantiel, coextensif à l'humanité commune de tous les hommes ? Est-il un fait de nature ou seulement de culture ? 1 ière partie: La religion est constitutive de la nature humaine. Le phénomène religieux est constitutif de l'essence de l'homme.

En effet le processus d'hominisation en témoigne. L'apparition de croyances et des rites religieux est contemporaine de l'émergence de l'homme lui-même. Toute société humaine s'organise autour d'un sacré (un ensemble de croyances et de pratiques dont elle sanctionne la remise en cause.

Le sacré est la source du pouvoir et des valeurs communes autour desquelles les groupes humains se reconnaissent. Le sentiment religieux est présent dans toutes les sociétés humaines et se manifeste sous des formes très différentes.

Mais il s'accompagne toujours d'un ensemble de rites[1] et de croyances[2] par lequel un groupe humain se rattache à un ordre universel et suprahumain. Selon son étymologie, la religion[3] est un lien ou une mise en relation.

En latin, « religare » signifie relier.

La religion relie l'homme à un être transcendant.

Une autre étymologie ferait dériver le mot « religion » de « religio » à savoir l'intégrité, le scrupule à remplir ses devoirs.

On peut, à la lumière de ces deux hypothèses étymologiques, définir plus précisément la religion comme système de croyances et de pratiques qui, dans le respect et la vénération, relie des hommes entre eux et avec une ou des instance(s) non sensible(s), et donne sens à l'existence subjective.

Cette définition présuppose la délimitation du monde en un domaine sacré[4] et un domaine profane[5], qui serait le trait universel de l'attitude religieuse : « Toutes les croyances religieuses connues présentent un même caractère commun : la division du monde en deux domaines comprenant, l'un tout ce qui est sacré, l'autre tout ce qui est profane, tel est le trait distinctif de la pensée religieuse » (« Les formes élémentaires de la vie religieuse »).

« On pourrait dire que l'histoire des religions, des plus primitives aux plus élaborées, est constituée par les manifestations des réalités sacrées.

De la plus élémentaire hiérophanie : par exemple, la manifestation du sacré dans un objet quelconque, une pierre ou un arbre jusqu'à la hiérophanie suprême qui est, pour un chrétien, l'incarnation de Dieu dans J.C.

C'est toujours le même acte mystérieux : la manifestation de quelque chose de « tout autre », d'une réalité qui n'appartient pas à notre monde, dans des objets qui font partie intégrante de notre monde naturel, profane.

» Mircéa Eliade. [1] Pratique répétitive de louange, d'offrande, de sacrifice, de communion, ou de passage à un nouveau stade de l'existence humaine.

La circoncision et l'eucharistie sont des rites religieux [2] Disposition de l'esprit à être convaincu par un dogme ou une représentation (qui, dans le ces de la croyance religieuse, donne sens et cohérence à l'expérience subjective). [3] Système de croyances et de pratiques qui, dans le respect et la vénération, relie des hommes entre eux et avec une (ou des) instance(s) non sensible(s), et donne sens à l'existence subjective. [4] Caractère de ce qui mis à distance, qui échappe à l'ordre du quotidien, et qui implique respect et précaution rituelle dans les rapports des hommes avec lui.

Par exemple, le crâne d'un ancêtre en Mélanésie, est considéré comme sacré, car il met celui qui s'en approche en contact avec l'au-delà.

Le sacré est le contraire du profane. [5] Du latin « pro », devant, hors de et « fanum », temple.

Tout ce qui est de l'ordre du quotidien, de la vie courante, par opposition à ce qui est sacré.

Chacune de ces deux catégories de « profane » et de « sacré » n'existe d'ailleurs que dans la contradiction à l'égard de l'autre. Définir l'homme comme animal religieux, c'est noter tout simplement que les animaux n'ont pas de religion. Cependant, cette distinction ne nous instruit pas énormément sur ce qu'est la religion.

Certes, elle différencierait l'homme de l'animal mais on pourrait tout aussi bien ici noter que l'art, la technique, la politique, le travail, la science…différencient les hommes des animaux.

Néanmoins, affirmer que l'homme est le seul animal religieux c'est dire qu'il est le seul animal qui éprouve le besoin d'instituer du sacré, c'est-à-dire de poser des valeurs absolues (au sens étymologique de séparées, transcendantes), qu'il éprouve le besoin de croire en une instance non-sensible, et d'adhérer à un système de représentations, de sens et de valeurs.

C'est pourquoi on note une présence du religieux dans toutes les civilisations.

Toutefois, en affirmant que l'homme est un animal religieux, Feuerbach ne fait pas une apologie de la religion, mais il montre que le phénomène religieux doit être compris et interprété.

Cette approche va. »

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