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L’homme est-il esprit ou matière ?

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« Envisager la matière et l'esprit comme objets de connaissance rationnelle revient à essayer de découvrir les lois qui règlent leur fonctionnement respectif.

Mais on se heurte ici à une objection de méthode.

Sont-ce ou non les mêmes lois qui permettent de comprendre la structure et le fonctionnement de ces deux ordres de réalité ? Pour Descartes, la connaissance ne peut atteindre la clarté et la distinction en aucun domaine si elle confond les notions appartenant à ces deux ordres fondamentalement séparés.

Si on pose comme principe fondamental, après Descartes et la tradition mécaniste, que la matière a pour caractéristique essentielle d'être étendue (grandeur, figure et mouvement), et que l'esprit ou la pensée est un ordre de réalité indépendant de la matière, inétendu et immatériel, alors comment comprendre les relations de ces deux dimensions de la réalité ? Le problème est posé spécialement à l'homme, parce que sa spécificité est d'être un composé d'âme et de corps, d'esprit inétendu et de matière étendue. En fait, pour Descartes, l'union de l'âme et du corps est un fait qui n'est guère susceptible d'être éclairci : l'union en l'homme de l'esprit et du corps n'empêche pas qu'on puisse avoir une idée claire et distincte de ce qui ne peut se connaître « qu'obscurément par l'entendement seul ». L'esprit est matériel. «L'âme est formée de molécules imperceptibles.» Lucrèce, De la nature. • En distinguant un monde sensible et un monde intelligible, Platon avait séparé nettement le corps et l'âme, donc la matière et l'esprit.

Mais cette séparation pose un problème, car il faut alors penser /e lien qui existe entre les deux. Des expériences comme la prise de décision, mais aussi la douleur ou les passions attestent la réalité de ce lien. Comment peut-il y avoir un lien entre le corps et l'esprit s'il s'agit de deux réalités totalement différentes? • Lucrèce propose une solution matérialiste au problème: l'esprit et la matière sont liés parce que l'esprit est luimême matériel.

Pour Lucrèce, l'univers tout entier est composé d'atomes, qui se poussent les uns les autres ou s'accrochent selon leurs formes respectives.

La pensée même n'échappe pas à cette règle.

Elle est seulement composée de molécules particulièrement subtiles et rapides, qui agissent de manière très fine sur celles, plus grossières, du corps.

La connaissance : l'âme est matérielle, composée d'atomes, mais elle ne peut subsister seule ; elle est protégée par un corps plus solide, elle permet la sensation.

Chaque corps émet par sa surface une multitude de petites images, de simulacres faits à sa ressemblance.

Ces simulacres flottent dans l'espace où ils se déplacent : ce sont eux qui pénètrent en nous par nos sens pendant la veille, qui s'introduisent par les pores de la peau pendant que nous dormons, de là les rêves.

Ces sensations, à force de s'accumuler, permettent la connaissance, la précision ; par répétition de sensations semblables, l'homme forme des concepts, c'est-à-dire une notion générale. L'imagination consiste à former des images mentales en assemblant des éléments qui n'existent pas seuls dans la réalité : c'est là l'origine de l'erreur.

Une connaissance qui ne résulte pas d'une sensation est nécessairement fallacieuse, il en est ainsi, en particulier, de toutes les spéculations religieuses. Le corps et l'âme sont reliés par un organe spécifique. «Il y a une petite glande dans le cerveau en laquelle l'âme exerce ses fonctions plus particulièrement que dans les autres parties.» Descartes, Les Passions de l'âme (1649). • Dans la lignée de Platon, puis de Thomas d'Aquin, Descartes maintient l'idée d'une séparation entre deux substances distinctes.

Cette idée a une signification religieuse: c'est parce que l'âme est immortelle, qu'un châtiment ou une récompense divines sont possibles après la mort.

Cette distinction permet d'affirmer la liberté de l'homme: c'est parce que l'âme est autre chose que le corps qu'elle échappe aux déterminations mécaniques de celui-ci; c'est le propre de l'homme. • Pour Descartes, l'âme est diffuse dans tout le corps, elle a donc des liens très étroits avec lui: elle n'est pas «comme un pilote en son navire», entièrement aux commandes du corps: entre l'âme et le corps, l'interaction est permanente, notamment avec les passions, qui sont l'action du corps sur l'âme.

II y a toutefois une glande du cerveau, la «glande pinéale», où l'âme exerce plus particulièrement ses fonctions et d'où elle envoie ses ordres aux corps.

Descartes propose donc une solution mixte, où malgré leur différence de nature, l'âme reste située dans le corps, ce qui permet d'expliquer la multiplicité des phénomènes affectifs. La cinquième partie du "Discours de la Méthode" expose la physique cartésienne, forme résumée du Traité du monde ; c'est une déduction rationnelle des principales lois de la nature à partir d'un chaos initial fictif.

« Démontrant les effets par les causes » (V), il s'appuie sur le principe mécaniste d'une nature explicable par figure et mouvement, et fait ainsi l'économie du recours à la notion d'âme (il développe l'exemple de ses travaux sur les fonctions cardiaques).

C'est particulièrement dans l'étude du vivant qu'un tel geste se trouve mis en relief.

De là, le modèle de la machine ou de l'automate pour penser le corps animal et ses divers mouvements, l'image technique ayant pour vocation de souligner ici l'approche mécaniste du monde naturel.

Mais, là où l'animal peut s'y réduire complètement (car il est tout matière), on doit reconnaître en l'homme, et en l'homme seulement, une composition de deux substances : machine jusqu'à un certain point (le corps), ce qui le caractérise en propre reste l'exercice de la. »

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