L'histoire : une source de leçons ?

« Histoire réelle et histoire pensée «Le même mot, comme le constate Raymond Aron (1905-1983), en français, en anglais, en allemand, s'applique à la réalité historique et à la connaissance que nous en prenons.

Histoire, history, Geschichte désignent à la fois le devenir de l'humanité et la science que les hommes s'efforcent d'élaborer de leur devenir» (La Philosophie de l'histoire, 1946). Il va de soi que ce sont surtout les interprétations de l'histoire humaine, la question de l'existence ou de la non-existence d'un sens de l'histoire, le caractère scientifique ou non des études historiques, etc.

— autrement dit, l'histoire comme discipline théorique — qui retiendront ici l'essentiel de notre attention. L'histoire comme recueil d'instruction morale «L'histoire est un grand miroir où l'on se voit tout entier.

Un homme ne fait rien qu'un autre ne fasse ou ne puisse faire.

En faisant donc attention aux grands exemples de cruauté, de dérèglements, d'impudicités et de semblables crimes, nous.

apercevons où nous peut porter la corruption de notre coeur quand nous ne travaillons pas à la guérir», déclarait Lamy, philosophe français du xvii' siècle (Entretiens sur les sciences, 1683).

L'histoire, à en croire cet auteur, nous offrirait, à livre ouvert, la connaissance de l'humanité. Au xviii e siècle encore, on considère surtout l'histoire comme une source d'instruction morale pour les princes et pour les jeunes gens bien nés (cf l'immense succès des Vies de Plutarque, auteur grec des i"-ii` siècles ap. J.-C.: ces Vies d'hommes illustres — Alexandre, Pompée, Brutus, etc.

— sont des portraits psychologiques et moraux, bien plus que des biographies soucieuses de rigueur historique). L'histoire comme moyen d'édification du prince Quand même l'histoire serait inutile aux autres hommes, écrivait Bossuet, «il faudrait la faire lire aux princes.

Il n'y a pas de meilleur moyen de leur découvrir ce que peuvent les passions et les intérêts, les temps et les conjonctures, les bons et les mauvais conseils.

[...] Par le secours de l'histoire, ils forment leur jugement» (Discours sur l'histoire universelle, 1681).. »