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L'expression l'erreur est humaine signifie-t-elle une excuse, une constatation, une condamnation ?

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Une formulation assez originale d'un sujet classique sur la vérité et l'erreur. Celle-ci est-elle une composante intrinsèque de la condition humaine, et l'homme peut-il lutter contre elle ? Cherchez à bien caractériser chacune des attitudes philosophique ( ou pratiques) qui se dessinent derrière les trois interprétations. Dans le cas de la condamnation, examinez bien ce qui est condamné et au nom de quoi. Remarques préliminaires sur la formulation de la question. Il s'agit ici d'évaluer le sens et la portée d'une expression courante, qui est d'ailleurs aussi connue dans sa version latine (« errare humanum est») habituellement assortie d'une assertion qui en dit déjà beaucoup sur la responsabilité humaine en cas d'erreur prolongée ou réitérée («perserverare diabolicum» : il est humain de se tromper ; mais il est diabolique de s'enferrer dans l'erreur). Sens et portée de l'expression en cause font l'objet de trois caractérisations différentes, dont il faudra donc étudier la pertinence : excuse, constatation, condamnation. La question posée demande donc à la fois une définition analytique de chaque terme, et une étude comparée mettant en jeu une réflexion sur le statut de l'erreur (interprétation de sa nature et de sa genèse).
Il n'y a pas de certitude absolue, ni de vérité universelle: l'erreur est humaine. Même dans les science, il existe un principe d'incertitude. Mais, certaines vérités peuvent être établies avec certitude. L'homme est responsable vis-à-vis des autres. Il n' pas le droit à l'erreur. C'est particulièrement vrai dans les pratiques comme la médecine ou la justice.


« Une formulation assez originale d'un sujet classique sur la vérité et l'erreur.

Celle-ci est-elle une composante intrinsèque de la condition humaine, et l'homme peut-il lutter contre elle ? Cherchez à bien caractériser chacune des attitudes philosophique ( ou pratiques) qui se dessinent derrière les trois interprétations.

Dans le cas de la condamnation, examinez bien ce qui est condamné et au nom de quoi. Remarques préliminaires sur la formulation de la question. Il s'agit ici d'évaluer le sens et la portée d'une expression courante, qui est d'ailleurs aussi connue dans sa version latine (« errare humanum est») habituellement assortie d'une assertion qui en dit déjà beaucoup sur la responsabilité humaine en cas d'erreur prolongée ou réitérée («perserverare diabolicum» : il est humain de se tromper ; mais il est diabolique de s'enferrer dans l'erreur).

Sens et portée de l'expression en cause font l'objet de trois caractérisations différentes, dont il faudra donc étudier la pertinence : excuse, constatation, condamnation.

La question posée demande donc à la fois une définition analytique de chaque terme, et une étude comparée mettant en jeu une réflexion sur le statut de l'erreur (interprétation de sa nature et de sa genèse). Le sens des termes utilisés. - l'excuse : ce qui permet de justifier ou d'innocenter, ou encore d'atténuer l'appréciation négative d'un acte.

En apparence assimilable à une faute, cet acte cesse d'en être une dès que peut être produite une excuse permettant d'en reconsidérer le sens.

Dans l'évaluation de la responsabilité d'une personne, l'excuse peut donc jouer un rôle décisif. - la constatation : la simple observation de ce qui est, assortie d'une notation descriptive destinée à en conserver le souvenir.

Je constate les dégâts causés par un accident, sans me prononcer d'emblée sur les responsabilités, ni mettre en cause la faute de tel ou tel.

Le constat automobile est d'abord un simple relevé des positions respectives des véhicules au moment de l'accident.

Ce constat, dès lors qu'il s'assortit d'un barème des responsabilités, permet une imputation de faute à l'un des deux, mais la simple constatation de position, destinée à établir ce qui est, reste distincte de la condamnation qui relève d'une détermination de responsabilité. - la condamnation : le jugement de valeur négative, qui après imputation de responsabilité, porte sur l'auteur de l'acte.

Condamner est le contraire d'approuver. L'enjeu critique d'une distinction rigoureuse des termes. En justice, mais aussi dans le domaine de l'instruction, par exemple, il importe de ne pas confondre les termes évoqués.

Constater un fait (tel objet a été volé ; un élève se trompe) ce n'est évidemment pas l'excuser (le vol est imputable à quelqu'un, qui en est donc responsable ; l'erreur relève peut-être d'un défaut d'attention, ou d'un travail insuffisant).

Mais ce même constat ne peut non plus valoir d'emblée condamnation déterminée, car il importe d'établir circonstances et motifs du vol, ou causes effectives de l'erreur.

Tout vol doit être puni, mais il y aura des degrés dans la condamnation.

Toute erreur doit être sanctionnée, mais plus ou moins gravement selon sa portée (ainsi, en mathématiques, une petite erreur de calcul qui fausse le résultat est-elle beaucoup moins grave qu'une faute de logique dans la conduite du raisonnement).

L(excuse ne change en rien la nature de l'acte, mais elle permet de moduler l'appréciation de la responsabilité relative de son auteur.

Un élève convalescent, encore affaibli par une maladie récente, a des excuses lorsqu'il ne parvient pas à se concentre&et commet des erreurs.

En justice, la notion de circonstances atténuantes joue un peu le rôle d'une excuse, sans toutefois innocenter l'acte qui est jugé.

Quant à la condamnation, elle variera elle aussi en fonction des éléments d'appréciation évoqués. Éléments de réflexion, à partir de la mise au point qui précède, sur l'expression « l'erreur est humaine ». Envisager le statut de l'erreur, c'est nécessairement réfléchir sur sa genèse.

Dire que l'erreur est le propre de l'homme, c'est en un sens renvoyer son explication à la détermination d'une nature.

Se tromper, produire un jugement faux, attesterait la faiblesse intrinsèque de cette nature.

L'homme est faillible, dit la religion chrétienne.

Et cette faillibilité s'entend bien sûr sur le double plan de la connaissance et de l'action : elle concerne le jugement de l'homme (théorique ou pratique) mais aussi la faute morale. Cependant, l'attribution de l'erreur à la nature de l'homme reste ambiguë.

S'agit-il de suggérer qu'en raison de sa finitude, de la faiblesse de ses sens, ou de la limitation de ses capacités de connaissance, l'homme se trompe nécessairement ? Ou, de façon moins radicale, qu'il a une propension à l'erreur.

Mais dans ce dernier cas, l'erreur n'a rien de fatale : la méthode, la rigueur permettent de l'éviter.

L'erreur ne réside pas dans l'apparence sensible, mais dans le jugement porté sur elle : d'où le rôle de la volonté qui peut suspendre le jugement.

Cette perspective (qui est par exemple celle de Descartes) rend l'homme responsable de ses erreurs, car celles-ci peuvent être ou ne pas être.

Se référer à la nature humaine pour rendre compte de l'erreur peut dans le premier cas représenter une excuse, puisque l'erreur n'est pas imputable au libre-arbitre de l'homme, naturellement porté à se tromper, et démuni de tout moyen pour l'éviter.

Dans le second cas au contraire, si l'erreur relève de la volonté qui décide déjuger précipitamment, il y a responsabilité de l'homme.

Dès lors, sera condamné l'homme qui se trompe alors qu'il pourrait éviter l'erreur.

L'erreur, certes, est alors dite «humaine», mais sans que cela signifie fatalisation du jugement faux. L'expression vaut condamnation dans la mesure où l'on peut dire tout aussi bien « le jugement vrai est humain».

De fait l'ambiguïté pourrait s'expliciter d'une manière un peu différente si l'on se demandait dans quelle mesure l'erreur atteste une sorte de «malfaçon» de Y être humain, on ne fait que signaler un errement dans l'utilisation de ses facultés.

Le constat «l'erreur est humaine» signifie simplement que l'homme peut se tromper, étant entendu qu'il peut aussi ne pas se tromper.

Plutôt que de condamner ou d'excuser l'homme pour ses erreurs, nombreux sont les philosophes qui ont adopté le point de vue du simple constat, et entrepris une explication génétique de l'erreur, comme Descartes et Spinoza ou, dans une autre perspective, Bachelard (cf.

La Formation de l'Esprit scientifique).. »

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