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L'expérience de la beauté passe-t-elle nécessairement par l'oeuvre d'art ?

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« PLAN A.

L'expérience de la beauté passe nécessairement par l'oeuvre d'art. - La beauté artistique est supérieure à la beauté naturelle. - L'oeuvre d'art comme forme raisonnée de la beauté. B.

L'expérience de la beauté passe aussi par la nature. - Une expérience de l'intuition. - La beauté libre. C.

L'expérience de la beauté passe par la mise en forme de toute la vie. - L'art n'équivaut pas toujours aux beaux-arts. - L'expérience de la beauté comme façon de s'élever contre les laideurs de l'existence. Problématique : Le beau artistique est-il supérieur ou non au beau naturel ou « existentiel »? Si l'expérience de la beauté consiste en la saisie d'une unité et d'une forme, en l'appréhension d'une perfection esthétique donnant lieu à une satisfaction universelle, ne doit-on inclure que l'oeuvre d'art pour la saisie globale du beau ? PISTES POUR LA DISSERTATION • La beauté artistique est supérieure à la beauté naturelle : L'expérience de la beauté passe-t-elle nécessairement et obligatoirement par l'oeuvre d'art ? On peut, dans un certain sens, répondre affirmativement à cette question.

Il y a, dans l'expérience de la beauté, la notion d'une présence spirituelle, d'une forme organisatrice apportée par l'esprit.

Si telle est l'expérience de la beauté, ne passe-t-elle pas nécessairement par l'oeuvre d'art, par l'ensemble de matériaux structurés par l'esprit humain ? Dès lors, la beauté des fleurs sauvages ou celle des cimes montagneuses ne sauraient réellement être prises en compte.

L'oeuvre d'art, le tableau, la symphonie, etc., sont les véhicules nécessaires et suffisants de la beauté.

La beauté artistique, beauté spirituelle, est l'authentique saisie, par opposition aux beautés naturelles. N'est-ce pas, au fond, ce que sous une autre forme, disait Hegel, pour qui le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature ? Si la beauté artistique est infiniment élevée, alors c'est par l'oeuvre d'art qu'il faut nécessairement passer pour faire l'expérience du beau : elle forme le moyen terme nécessaire pour accéder à ce type privilégié d'expérience.

Certes, il y a une beauté de la vie et de la nature, mais elle est d'une qualité très inférieure.

La splendeur réelle de la beauté exige la rencontre du tableau ou de la mélodie,-de la sculpture ou de la poésie.

Il faut accéder à l'oeuvre d'art pour concevoir une perfection esthétique, pour rencontrer le principe d'une authentique satisfaction. « Autant l'esprit et ses créations sont plus élevés que la nature et ses manifestations, autant le beau artistique est lui aussi plus élevé que la beauté de la nature.

Même, abstraction faite du contenu, une mauvaise idée, comme il nous en passe par la tête, est plus élevée que n'importe quel produit naturel ; car en une telle idée sont présents toujours l'esprit et la liberté.

» (Hegel, Esthétique.

Textes choisis, PUF, p.

11). Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

La contemplation de la belle nature accorde mystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauté naturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui est nécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'un être naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art, tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plus de plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher de soleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrache de la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature et se pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, pense Hegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire de l'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faite pour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche à s'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sens qui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étant historiquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegel définit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.

La religion chrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte en croix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en est l'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il est naturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettre l'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de son. »

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