Aide en Philo

L'esprit et la raison sont-ils en adéquation ?

Extrait du document

« [La raison, comme faculté de juger, guide l'esprit dans sa quête de connaissance.

D'autre part, la raison, sans esprit, ne serait qu'une forme sans contenu.

Esprit et raison marchent donc de conserve.] La raison est la faculté primordiale de l'esprit L'esprit est un principe immatériel qui s'oppose à la nature et à la matière.

Il est à l'origine de toute connaissance.

Mais ce qui lui confère une réalité objective, c'est la raison.

C'est elle qui, à partir des représentations découlant de nos sensations, de nos sentiments, de nos volontés, élabore des concepts permettant de connaître les êtres et les choses. L'esprit est conforme à l'ordre du monde «Nous appelons liberté naturelle, dit Jean Bodin, de n'être sujet, après Dieu, à homme vivant, et ne souffrir autre commandement que de soi-même: c'est-à-dire, de la raison, qui est toujours conforme à la volonté de Dieu» {Les Six Livres de la République). Ainsi, obéir à la raison, c'est être à la fois libre et vivre en harmonie avec l'esprit, donc l'ordre du monde. L'esprit aspire à la connaissance La raison est comme un instrument au service de l'esprit.

Celui-ci la pousse «à sortir de l'expérience, pour s'élancer, dans un usage pur et à l'aide de simples idées, jusqu'aux extrêmes limites de toute connaissance» (Emmanuel Kant, Critique de la raison pure). L'esprit, sans le secours de la raison, reste une connaissance qui s'ignore elle-même. [La raison limite la vie de l'esprit, laquelle est par nature irrationnelle et illogique.

Il faut accepter sans réserve aucune les forces inconscientes qui font que l'esprit est avant tout imagination.] La raison bride l'esprit L' esprit est bien plus vaste, bien plus riche, bien plus fécond que la raison.

Il y a incompatibilité entre la vie de l'esprit, qui s'associe à l'imagination, et la raison, qui repose sur la seule logique.

Rien, dit Crevel, ne saurait «enchaîner les vents de l'esprit».

Il faut se laisser entraîner par eux.

L'errance de l'esprit est signe de bonne santé psychique. Il faut souhaiter le réveil de l'inconscient Ce n'est pas l'inconscient, mais la vigilance de la raison, qu'il faut redouter.

La logique de la raison jugule les débordements de l'imagination, contrarie les élans créateurs spontanés de l'esprit.

Le réveil de l'inconscient, pour Crevel, a une portée véritablement révolutionnaire.

C'est en s'affranchissant des tyrannies de la raison que l'existence peut infiniment s'enrichir. L'esprit nous apprend la gratuité de la vie Accepter les flux inconscients de la vie de l'esprit, c'est cesser de se battre pour de vains et médiocres intérêts.

C'est découvrir cette ultime dimension de la vie: la gratuité.

Être libre, pour Crevel, c'est être radicalement détaché de tout.

L'acte gratuit (le suicide «pour rien» en est un) «dans sa forme idéale, serait un pont de l'ambition minuscule à la liberté, du relatif à l'absolu». René Crevel défend des idées qui sont très proches de celles d'André Breton.

Certes, ses propos ne sont pas dénués de fondement. Trop souvent, la raison, à vouloir obstinément maîtriser des réalités qui la dépassent, devient tyrannique et déraisonnable. Toutefois, Crevel lui-même, pour défendre ses thèses, pour être compris, se plie aux règles du langage, à des pensées qui ne seraient compréhensibles de personne si elles ne s'enchaînaient pas logiquement.

Autrement dit, il faut bien admettre que l'on ne sort jamais de la raison, à moins d'être fou.

Si le fou nous en apprend beaucoup sur l'esprit, l'inconscient, il est malheureusement incapable de dire que sa folie est une forme de lutte contre les dictatures de la raison.

Voilà la contradiction: c'est encore en comptant sur la raison que je peux raisonnablement, logiquement, en dénoncer les abus.

Faiblesse du surréalisme d'avoir été un mouvement non seulement artistique, mais également intellectuel, déclarant la guerre à la raison tout en reconnaissant implicitement qu'il ne peut s'en passer.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles