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L'esclavage dans l'Antiquité grecque et romaine

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Dans le monde antique d'Athènes et de Rome, l'esclavage est une pratique répandue, moralement et économiquement justifiée. Par exemple, la société grecque, dans laquelle vit Aristote, est esclavagiste. Pour lui comme pour la plupart de ses contemporains, l'esclavage va de soi. Il explique ici que la différence de statut entre les hommes libres et les esclaves tient à une différence de nature entre les hommes.

« Dans le monde antique d'Athènes et de Rome, l'esclavage est une pratique répandue, moralement et économiquement justifiée.

Par exemple, la société grecque, dans laquelle vit Aristote, est esclavagiste.

Pour lui comme pour la plupart de ses contemporains, l'esclavage va de soi.

Il explique ici que la différence de statut entre les hommes libres et les esclaves tient à une différence de nature entre les hommes. Le rôle économique Dans l'Antiquité, l'esclavage est considéré comme un phénomène naturel.

Indispensable à l'accomplissement des travaux des champs, l'esclavage est une institution et l'esclave est un bien dont la valeur est celle d'un outil.

Les esclaves font ainsi l'objet de transactions. Les demandeurs peuvent les acheter sur des marchés: un pacte est alors scellé et confié à un greffier.

Il arrive que des propriétaires mettent leurs esclaves en gage pour régler leurs dettes. Les esclaves dans l'Antiquité grecque et romaine Les Grecs considèrent l'esclavage comme nécessaire et légitime et dénient tout droit aux esclaves.

Ceux-ci accomplissent les travaux domestiques ou entretiennent les propriétés terriennes.

On ne trouve pas de critique morale du phénomène de l'esclavage chez les penseurs grecs. Par exemple, la société grecque, dans laquelle vit Aristote, est esclavagiste.

Pour lui comme pour la plupart de ses contemporains, l'esclavage va de soi.

Il explique ici que la différence de statut entre les hommes libres et les esclaves tient à une différence de nature entre les hommes. L'esclave est défini par Aristote d'une part comme celui qui appartient à un autre (un « bien acquis »), d'autre part comme celui qui est « un instrument en vue de l'action », la différence entre l'esclave et l'outil étant alors que le premier est un instrument animé. La question posée est de savoir si l'esclavage est « par nature » ou « contre nature ».

Aristote répond que l'esclavage est naturel, en ce sens qu'il est raisonnable (« la raison le montre...

») et juste — la justice se définissant pour Aristote non comme le respect de droits individuels, mais comme une juste répartition des fonctions à l'intérieur d'une société. Il est en effet socialement avantageux qu'il y ait des gens qui commandent et d'autres qui soient commandés.

Mais il faut remarquer qu'Aristote réduit alors la relation maître/ esclave à la relation commandant/commandé...

comme s'il n'y avait pas d'autre façon de commander que celle que suppose l'esclavage ! Cela montre à quel point l'organisation esclavagiste de la société va de soi pour Aristote.

Son caractère naturel est toujours au fond présupposé. La deuxième partie du texte enrichit l'idée d'un esclavage « naturel ».

La différence entre hommes libres et esclaves est naturelle si elle est marquée dans le corps et dans l'âme des individus.

Car la nature, pour Aristote, est finalisée : les phénomènes s'expliquent par ce pour quoi ils sont faits.

On doit donc pouvoir repérer une prédisposition naturelle à l'esclavage ou à la maîtrise.

Un corps robuste, fait pour les travaux manuels, indiquera la « nature » esclave, comme un corps droit une « nature » faite pour la réflexion et la vie politique.

(Athènes était, à l'époque d'Aristote, une démocratie.

Si les citoyens pouvaient siéger à l'assemblée, c'est que les esclaves travaillaient à leur place.) Mais l'esclavage ou la liberté ne manifestent pas seulement leur prédisposition dans les corps.

Une âme belle et supérieure est aussi nécessaire au citoyen propriétaire d'esclave.

Or il arrive que la nature brouille les cartes : des esclaves peuvent avoir des corps d'hommes libres, mais ils n'en ont pas l'âme (c'est le sens de la phrase : « tels ont des corps d'hommes libres, tels en ont l'âme »).

Et, en ajoutant que la supériorité morale est plus difficile à apercevoir que la beauté des corps, Aristote suggère que certains maîtres ne possèdent pas la vertu qui devrait être au fondement de leur statut.

La référence à une nature de l'esclave et du maître pourrait ainsi paradoxalement se comprendre comme une critique à l'égard de certaines pratiques sociales où les maîtres réels ne sont pas toujours ceux que la nature prescrit.

La justification que fait Aristote de l'esclavage n'est donc pas inconditionnelle. Toutefois, les esclaves ne peuvent pas être l'objet de traitements inhumains.

Ainsi, la loi athénienne punit le meurtre d'un esclave.

Des considérations réalistes incitent d'ailleurs à la préservation et à l'entretien de cette force de travail.

De plus, il n'est pas rare que des rapports humains se développent entre maître et esclaves.

L'esclave peut être « affranchi», c'est-à-dire libéré, par son maître.

Il aura entre-temps appris un métier.

Sans disposer des droits des hommes libres, les affranchis occupent une place importante au sein de la société.

L'esclavage romain est plus dur.

Les maîtres jouissent d'un droit de vie et de mort sur leurs esclaves.

De plus, la politique expansionniste de l'Empire nécessite l'importation d'esclaves étrangers pour compléter la main-d'oeuvre locale.

Au Ier siècle av.

J.-C., le gladiateur Spartacus appellera à un vaste soulèvement des esclaves. Justification de l'esclavage: Aristote politiquement incorrect Aristote est un modéré en politique et un conservateur en matière sociale.

Cet aspect ne contribuera pas pour peu à sa fortune future chez les philosophes des siècles suivants. C'est par nature, disait-il, qu'il y a des gens qui commandent et d'autres qui obéissent, qu'il y a des maîtres et des esclaves.

Et Aristote d'ajouter cette hypothèse fantastique: si les machines étaient capables, sur une simple injonction ou même en devinant ce que l'on va leur demander, d'accomplir leur travail à la manière dont les statues de Dédale se rendaient, selon la légende, d'elles-mêmes à l'assemblée des dieux, si de cette manière les navettes pouvaient tisser d'elles-mêmes, alors il n'y aurait plus de maîtres ni d'esclaves. Cette explication, déjà matérialiste, de l'histoire frappera vivement Marx. Certes, lorsqu'il songe à cette possibilité, Aristote ne la croit pas une seconde réalisable et c'est bien pourquoi, selon lui, l'esclavage est une fatalité.

II y aura toujours des esclaves parce qu'on aura toujours besoin de faire marcher les machines.

Tel est en substance le raisonnement d'Aristote.

Les philosophes devraient se méfier lorsqu'ils évoquent des nécessités qui ne sont pas strictement logiques.. »

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