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Les Sciences satisfont-elles notre désir de vérité ?

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« PLAN A.

Les sciences satisfont notre désir de liberté. - Les sciences comme système objectif. - L'appréhension des lois permanentes. B.

Les sciences, en refoulant la subjectivité, satisfont mal le désir total de vérité. - La mathématisation du réel. - La question de la vérité-subjectivité. C.

Les sciences ne satisfont pas notre désir de vérité unitaire. - La fragmentation des sciences. - Le désir philosophique de la synthèse. Problématique : Les connaissances discursives établissant des relations entre les phénomènes contentent-elles le mouvement dynamique qui nous porte vers une connaissance adéquate et juste, vers une représentation valable du réel ? N'y a-t-il pas une opposition entre la parcellisation des sciences et notre désir unitaire de saisir le vrai ? PISTES POUR LA DISSERTATION • L e s s c i e n c e s c o m m e système objectif: que les s c i e n c e s , c o n ç u e s comme ensembles objectifs, comme systèmes de connaissance établissant des relations nécessaires entre des phénomènes, satisfassent notre désir de vérité, qu'elles apportent satisfaction à notre mouvement vers le vrai, quoi de plus évident ? Q uoi de plus naturel ? N o u s désirons le vrai, conçu comme adéquation avec le réel et tendons vers lui, pour échapper à l'instabilité des phénomènes qui nous environnent, pour mieux comprendre et maîtriser la réalité.

Il faut à notre coeur des éléments stables, persistants, immuables.

C e désir de vérité est inscrit dans le coeur de l'homme.

Quand notre monde empirique et changeant nous inspire quelque souffrance, alors nous imaginons et désirons une vérité idéale et permanente.

Dans quel but ? Le désir de vérité tend à trouver du « stable », pour nous armer contre l'angoisse.

Il correspond à notre situation existentielle et résulte d'elle.

C e monde-ci est changeant.

Donc, il y a un monde vrai, objectif, permanent.

C ela nous rassure.

Nietzsche a bien souligné l'aspect psychologique de ce désir de vérité, avide d'éléments sécurisants et stables. O r, comment les sciences n'apporteraient-elles pas satisfaction à ce désir d'une vérité immuable ou, en tout cas, stable ? Les sciences établissent des lois permanentes.

L'introduction de la méthode expérimentale a, progressivement, dans tous les domaines, y compris celui des faits humains, refoulé le flou, l'arbitraire, le contingent, pour introduire le mathématique, le mesurable, le quantitatif.

D'où une appréhension de lois permanentes, qui substituent, au désordre des phénomènes, de l'ordre, de la rigueur et des données cohérentes et unifiées.

En opérant un contrôle rigoureux sur tous les faits empiriques, la méthode expérimentale semble satisfaire notre désir de vérité, notre aspiration au permanent.

C omment la philosophie ou la religion pourraient-elles se prévaloir d'instruments aussi objectifs que ceux des sciences ? C e sont d'abord ces derniers qui semblent nous apporter satisfaction. C 'est pourquoi les sciences qui énoncent des lois et renoncent à la connaissance de l'absolu, se contentant de relations constantes entre les phénomènes, paraissent satisfaire notre désir de vérité.

Des successions invariables de succession et de similitude introduisent de l'ordre dans les choses et semblent infiniment supérieures à toute autre quête du vrai. Q u'est-ce qui garantit que la religion ou la philosophie créent un authentique vrai ? L e s s c i e n c e s sont objectives et débouchent sur la pratique.

Ici l'objectivité semble satisfaire le coeur de l'homme fuyant le fugace et voulant construire un univers objectif. T outefois, l'homme est un être incarné, et non point un réseau de concepts, une subjectivité, et non point un système objectif.

O n peut se demander si les sciences, mathématisées et objectives, satisfont bien un désir de vérité enraciné dans le coeur de l'homme et sa subjectivité profonde. • Les sciences refoulent la subjectivité et l'affectivité en mathématisant le réel : mathématiser le réel, produire une vérité d'essence purement mathématique comporte, en effet, de grosses conséquences en ce qui concerne la satisfaction de notre désir de vérité. Q uand les sciences se sont-elles vraiment constituées ? C 'est avec Galilée, le grand mathématicien et physicien italien ( 1564-1M 2), le premier véritable expérimentateur, que la méthode scientifique se constitue.

Q ue fait Galilée ? Il fait prédominer le modèle géométrique, la formulation logico-mathématique qui deviendra progressivement le paradigme de toutes les sciences.

Il prend le monde mathématique des idéalités pour le seul modèle directeur réel.

Or, que se passe-t-il, avec cette mathématisation ? Les sciences désormais font abstraction du sujet et de tout ce qui appartient à l'esprit et à la subjectivité. Dès lors, ce qui va primer, c'est l'idée d'une nature mécanique et mathématique.

A insi se construisent les sciences, par mathématisation et mécanisme. M ais comment cette mathématisation pourrait-elle, en profondeur, satisfaire notre désir profond et total de vérité ? C ertes, nous désirons un vrai stable, des relations permanentes entre les phénomènes.

M ais, en même temps, ne faut-il pas que l'homme subjectif soit satisfait ? C ar nous s o m m e s a u s s i d e s existants, enracinés dans une subjectivité.

Si la vérité se déploie dans la sphère de l'objectif et du mathématique, ne doit-elle pas aussi se déployer dans le champ de l'existentiel, dans les profondeurs de notre subjectivité ? Oui, la subjectivité est aussi la vérité.

Le vrai, pour nous, ce n'est pas seulement un système mathématique et logique, un ensemble de déductions formelles, mais le fruit d'un itinéraire existentiel.

C omment donc notre désir de vérité pourrait-il être entièrement satisfait par d e s s c i e n c e s purement objectives et mathématiques ? L a vérité, comme le montrait Kierkegaard, s e v i t et s'éprouve.

C e qui compte, c'est aussi le sens de mon destin dans le monde, que les sciences n'explicitent pas.

Elles ne satisfont pas notre désir de vérité concrète, subjective, anthropologique en quelque sorte. A insi les sciences ne peuvent à elles seules satisfaire notre désir de vérité.

L'émotion de l'amour, comme celle de la poésie, de la foi, du rêve, représente autant de formes du savoir, qui peuvent me satisfaire et apporter une réponse à mon désir de vérité.

Ici, ce qui s'affirme, c'est un réel non objectif, une « vérité-subjectivité » contenant une certaine réponse à nos exigences.

L'homme ne dispose-t-il pas d'autres clartés que celles des sciences pour apporter satisfaction à un désir de vérité ? La connaissance objective n'est pas la seule.

Le savoir affectif et subjectif lui aussi constitue une réponse à nos interrogations, à notre désir de constituer un type de vérité.

Ne forme-t-il pas une approche mieux adaptée à nos désirs que la vérité bien provisoire que nous communiquent les sciences, avec l'évolution incessante des théories ? La clarté scientifique peut paraître finalement bien éphémère. D'où une nouvelle formulation de l'idée de vérité.

T out à l'heure, la vérité était objective.

M aintenant elle relève aussi d'une autre approche.

La s c i e n c e apporte une réponse provisoire au désir d'objectivité, non point au coeur et à l'affectivité, à la demande de vérité subjective.

Un système d'équations et de lois m'apporte la maîtrise du monde, non point nécessairement la réponse à mes angoisses existentielles : je suis un individu souffrant, vivant, mourant.

C omment donner un sens à ce destin ?. »

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