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Les sciences humaines pensent-elles l'homme ?

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« Définition des termes du sujet: PENSÉE: Faculté de connaître, de comprendre, de juger, de raisonner, qui est censée caractériser l'homme, par opposition à l'animal.

Synonyme d'entendement, de raison. PENSER: Exercer une activité proprement intellectuelle ou rationnelle; juger; exercer son esprit sur la matière de la connaissance; unir des représentations dans une conscience. SCIENCE : Ensemble des connaissances portant sur le donné, permettant la prévision et l'action efficace.

Corps de connaissances constituées, articulées par déduction logique et susceptibles d'être vérifiées par l'expérience. HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »). • Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ».

Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage. [Introduction] Depuis leur apparition au cours du XIXe siècle, le statut des sciences humaines n'en finit pas d'être périodiquement remis en question. C'est qu'à se vouloir des sciences au sens habituel, elles risquent de ne pas respecter ce qui fait la spécificité de leur « objet », et donc la leur : il n'est pas évident que l'homme puisse être expliqué de la même façon que les phénomènes naturels.

Outre des problèmes de méthode (l'expérimentation est pour le moins limitée, et elle peut même être impossible, en histoire par exemple ou pour des raisons éthiques), la psychologie, la sociologie, l'histoire, la linguistique, etc.., se heurtent à la présence, dans l'être humain.

de ce que l'on nomme traditionnellement sa liberté.

Doivent-elles, ou peuvent-elles, en tenir compte ? Dans sa conception, même banale, la liberté s'oppose au déterminisme : ce dernier n'est-il pas nécessaire à admettre pour qu'il y ait science ? Les sciences humaines se trouventelles dès lors amenées à penser l'homme comme un être prévisible - de la même façon qu'une éclipse de soleil ou que l'ébullition d'un liquide , ou parviennent-elles à articuler de façon inédite les besoins du savoir scientifique et les exigences de la personne ? [I.

Science et prévisibilité] Par définition, une loi scientifique vaut pour tous les phénomènes qu'elle prétend expliquer.

C'est-à-dire aussi bien pour les phénomènes futurs que pour ceux qui ont déjà été observés.

Le pouvoir que nous donne une loi est précisément la possibilité de prédire comment une situation évoluera nécessairement.

Cela suppose que les phénomènes considérés se répètent, et à l'identique.

La prévisibilité va donc de pair avec le principe même du déterminisme, en l'absence duquel aucune connaissance scientifique n'est classiquement envisageable. Cette prévisibilité suppose d'autre part que les phénomènes sont radicalement semblables entre eux : leurs différences (qualitatives par exemple) sont totalement négligeables, parce qu'elles ne concernent pas leur déroulement.

La science, on le sait depuis Aristote, ne s'intéresse qu'au général, et elle n'a pas à tenir compte des qualités accessoires. Vouloir étudier l'homme scientifiquement - puisque c'est bien le projet des diverses disciplines que l'on regroupe sous l'appellation de « sciences humaines » -, c'est nécessairement le considérer comme déterminé, prévisible et répétitif.

Faute de quoi aucune approche scientifique n'en serait possible.

Ainsi, c'est pour des raisons immédiatement pratiques que les sciences humaines « pensent » l'homme comme un être prévisible. Ce qui appelle sans attendre quelques remarques. [II.

De quelle « pensée » s'agit-il ?] Lorsque Heidegger affirme que « la science ne pense pas », on peut admettre que sa formule concerne aussi les sciences humaines.

On peut même considérer que plus ces dernières se veulent scientifiques, plus elles sont concernées par ce qui est, non pas un reproche, mais un constat.

De ce point de vue, on peut noter qu'en effet le travail des sciences humaines ne consiste pas à « penser l'homme » - qu'il s'agisse de le penser de telle façon ou de telle autre. On peut même considérer qu'il est sous-entendu dans leur constitution même qu'elles ne doivent surtout pas essayer de penser l'homme : cette tâche appartient traditionnellement à la philosophie et, dès leur origine, les sciences humaines ont cherché à se séparer de toute influence philosophique, en redoutant un fatras métaphysique évidemment peu compatible avec un projet scientifique. On admettra en conséquence que cette « pensée » de l'homme n'est pas une pensée authentique ; tout au plus s'agit-il d'une implication rendue nécessaire d'un point de vue méthodologique : pour aborder scientifiquement l'être humain, il est nécessaire de sous-entendre qu'il peut être prévisible. Reste à préciser ce qui, dans l'homme, peut ainsi être considéré comme prévisible.

Deux éléments doivent ici être pris en considération : d'une part, le fait que l'homme dont il est question ne peut en aucun cas être l'individu singulier, mais qu'il s'agit de l'homme au sens générique ; d'autre part, le fait que l'homme semble se modifier lui-même dans le temps (faute de quoi l'histoire n'existerait pas) et que son caractère prévisible sera en conséquence nécessairement limité. En effet on ne peut connaître de l'être humain que ce qu'il a de commun avec ses semblables: les sciences humaines ne peuvent s'intéresser à l'individuel ; ou plutôt elles ne peuvent le prendre en compte qu'en l'intégrant dans des données collectives, qui se traduisent statistiquement.

Ce qui, par exemple, est prévisible dans cette optique, c'est le pourcentage d'électeurs qui iront aux urnes à telle occasion.

Mais, à l'intérieur de ce pourcentage, l'attitude singulière de Mr X.

demeure non connue.

Tout comme le reste, par exemple son évolution psychique, et ce même si l'on connaît l'histoire de sa famille : considérer que, si l'un de ses parents était cyclothymique, il a tant de chances de devenir schizophrène ne garantit absolument pas qu'il le deviendra, tant son évolution dépend aussi d'autres facteurs encore à venir. Enfin, ces statistiques n'ont de validité que relativement à une situation socio-historique donnée.

D'où la nécessité de les recalculer périodiquement, pour restaurer une prévisibilité vraisemblable.. »

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