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Les relations humaines se réduisent-elles a un échange ?

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« Introduction Lorsque le sens commun aborde la notion de relations humaines, il trouve en elles une base, un fondement social : l'échange.

C'est en effet toujours un échange qui caractérise, au fond, toutes les actions humaines produites en société.

Une parole adressée à autrui caractérise l'attente d'une compréhension, voire d'une parole en retour de la part de cet autre.

Même un acte qui semble, de prime abord, n'attendre rien en retour peut-être compris comme échange autistique : le chasseur solitaire qui tue, pour sa consommation, un animal échange bien du loisir et des munitions contre de la nourriture. En consultant le dictionnaire, l'échange y est caractérisé comme moyen, pour les groupes sociaux, d'établir et de maintenir des relations entre eux et semble donc être le fondement de tout agir humain inscrit dans toute société. Le mariage, la parenté, le don sont des exemples, parmi tant d'autres des relations d'échange social.

L'échange peut également se définir comme acte économique, comme cession de biens ou de services en vue de contreparties. Mais alors, toutes les relations humaines doivent-elle être comprises comme actes intéressés ? N'est-ce pas réducteur de penser ainsi les relations humaines ? I) L'échange comme noyau dur des relations sociales Lorsque Aristote défini, dans sa Politique, l'homme comme « animal politique » (zoon politikon), il reconnaît, au fond, le paradoxe de l'être humain.

Sa nature animale est indéniable : il est un être cherchant à satisfaire ses besoins vitaux et sexuels.

Mais là où il se différencie fondamentalement de l'animal, c'est qu'il a pris conscience que cette satisfaction devait s'inscrire, au-delà de l'ordre brutal et insécurisé de la nature, dans un ordre social, culturel, communautaire, éthique.

L'échange prend alors ici tout son sens, les relations humaines se définissant comme relations d'échange bannissant de fait les relations de force ou les actes iniques.

L'échange caractérisera donc les relations humaines dans leur forme culturelle, sociale. Si nombreux sont ceux qui condamnent et dénoncent un « réductionnisme » des relations humaines à un simple échange, les anthropologues Mauss et Lévi-Strauss montrent, quant à eux, que la notion d'échange est présente partout et qu'il s'agit de la délivrer de sa connotation péjorative et réductrice. Mauss, concernant les échanges qui caractérisent les relations humaines s'exprime ainsi : « Dans les économies qui ont précédé la nôtre, on ne constate pour ainsi dire jamais de simples échanges de biens, de richesses et de produits au cours d'un marché passé entre individus.

D'abord, ce ne sont pas des individus, ce sont des collectivités qui s'obligent mutuellement, échangent et contractent […].

De plus, ce qu'ils échangent ce ne sont pas exclusivement des biens et des richesses, des meubles et des immeubles, des choses utiles économiquement.

Ce sont, avant tout, des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes, des foires, dont le marché n'est qu'un des moments […].

Enfin, ces prestations et contre-prestations s'engagent sous une forme plutôt volontaire, par des présents, des cadeaux, bien qu'elles soient au fond rigoureusement obligatoires, à peine de guerre privée ou publique.

» (Cf.

Marcel Mauss, Essai sur le don) L'échange n'exprime donc que pas que la simple relation économique et intéressée qui subsiste dans chaque société, mais caractérise à tous niveaux des relations morales, culturelles, sentimentales… qui, bien que codifiées, sont les garantes d'une paix civile voulue par ses acteurs.

Ce n'est pas, en ce sens, réduire les relations humaines que d'y voir un échange constant, c'est plutôt la manière d'en trouver la signification fondamentale. II) L'acte "pur", désintéressé Une difficulté subsiste cependant.

Si toutes nos relations sont compréhensibles comme simple échange, comment dès lors laisser une place à l'idée de relation « pure », désintéressée. En effet, le même Aristote, qui consacre les vertus politiques de l'être humain dans sa capacité à échanger avec ses semblables, aborde la notion d'amitié.

Il en distinguait trois sortes (Cf.

Livre VIII de l'Éthique à Nicomaque) : l'amitié en vue du plaisir ; l'amitié en vue de l'intérêt ; l'amitié des hommes de bien, semblables par la vertu.

Pour Aristote, la seule véritable amitié est l'amitié vertueuse.

Cette dernière est recherchée par tout homme, même si tout homme ne la rencontre pas nécessairement.

Elle est, comme l'amour, désignée par le mot philia et caractérise le sentiment vertueux car désintéressé.

L'échange ne doit donc pas être recherché par celui qui aime ainsi.

Ce dernier serait alors porteur d'un amour impur car intéressé, en attente d'une contrepartie. Kant, plus tard, insistera également sur cette « pureté » de l'action bonne, qui ne réclame pas d'autre chose qu'elle-. »

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