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Les règles sociales ne sont elles que des conventions arbitraires ?

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« Définitions : – Convention : «Ce qui résulte d'un accord réciproque, d'une règle acceptée (et non de la nature).

Ce qui est admis par un accord tacite..

(Le Robert) – Arbitraire : «Qui dépend de la seule volonté, ne procède pas d'un ordre préétabli ou naturel, n'est pas lié par l'observation de règles.» (Id.) • Si l'on s'en tient à ces définitions communes de «convention» et d'«arbitraire», il apparaît que les règles sociales sont bien des conventions arbitraires, dans la mesure où, n'étant pas universelles alors que les lois de la nature sont toujours universelles, elles ne peuvent résulter, procéder de la nature. Seule la règle sociale de la prohibition de l'inceste, qui est, elle, universelle, serait à la fois conventionnelle (de l'ordre de la culture) et naturelle, marquant précisément, selon Cl.

Lévi-Strauss, le passage de la nature à la culture. • Cependant, la notion d' «accord» est quelque peu problématique, puisqu' il n'est pas assuré que cet accord soit passé, même tacitement, entre les individus, et qu'il ne serait pas d'une certaine manière imposé : ainsi la langue est-elle une convention, mais qui, pour une large part, s'impose d'elle-même.

Le caractère "arbitraire" de ces conventions que sont les règles sociales pourrait ainsi être mis en cause, même si ces règles sociales ne relèvent pas d'une nécessité identique à celle des lois naturelles. [Le droit est le fruit d'une convention.

C'est une réalité purement sociale car c'est le résultat d'une conduite en tant que celle-ci est institutionnalisée.

Ce n'est qu'en tant que membre d'une collectivité qu'un individu peut avoir des droits.] L'origine de la justice est une convention. Dans ce passage de La République, Glaucon, ami de Socrate prend la parole pour tenter de définir la justice.

Contre Thrasymaque qui vient de soutenir que la justice est naturelle et se confond avec la loi du plus fort, Glaucon pense, au contraire, que la justice résulte d'une convention. « Glaucon : - Ecoute ce que je me suis chargé d'exposer d'abord, c'est-à-dire quelle est la nature et l'origine de la justice. On dit que, suivant la nature, commettre l'injustice est un bien, la subir un mal, mais qu'il y a plus de mal à la subir que de bien à la commettre.

Aussi quand les hommes se font et subissent mutuellement des injustices et qu'ils en ressentent le plaisir ou le dommage, ceux qui ne peuvent éviter l'un et obtenir l'autre, jugent qu'il est utile de s'entendre les uns les autres pour ne plus commettre ni subir l'injustice.

De là prirent naissance les lois et les conventions des hommes entre eux, et les prescriptions de la loi furent appelées légalité et justice.

Telle est l'origine et l'essence de la justice.

Elle tient le milieu entre le plus grand bien, c'est-à-dire l'impunité dans l'injustice, et le plus grand mal, c'est-à-dire l'impuissance à se venger de l'injustice.

Placée entre ces deux extrêmes, la justice n'est pas aimée comme un bien, mais honorée à cause de l'impuissance où l'on est de commettre l'injustice.

Car celui qui peut la commettre et qui est véritablement homme se garderait bien de faire une convention aux fins de supprimer l'injustice ou commise ou subie : ce serait folie de sa part.

Voilà donc, Socrate, quelle est la nature de la justice, et l'origine qu'on lui donne.

» Platon, La République, livre 2, 358d/359b.

Traduction Chambry. Vaut-il mieux subir l'injustice que la commettre ? Pour Socrate, la justice est une valeur absolue.

Elle est pour lui le bien et la vertu par excellence.

Glaucon propose ici de définir la justice non comme une fin, mais comme un moyen.

Elle n'a donc qu'une valeur relative.

Il oppose la nature et la loi.

Par nature, l'injustice est préférable.

Par la loi, la justice est préférable.

Ce changement s'explique par le fait que les hommes ont fait un calcul.

Avant l'établissement de toute loi, le risque de subir l'injustice étant supérieur à l'occasion de pouvoir la commettre dans la majorité des cas, les hommes s'entendent entre eux et établissent une convention par laquelle ils se protègent de l'injustice subie et renoncent à l'injustice commise. La justice n'est donc pas naturelle.

Elle résulte d'une institution, d'un contrat.

C'est sur la loi qu'il faut s'appuyer pour la faire exister, et non sur la nature. Le seul fondement possible du droit : le contrat. Qu'est-ce qu'un contrat ? Le code civil dit : « le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes s'obligent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou ne pas faire quelque chose.

» (article. »

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