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Les oeuvres d'art peuvent-elles être utiles ?

Extrait du document

« Termes du sujet: UTILE / UTILITÉ (adj.) 1.

— (Sens objectif) Tout ce qui peut servir valablement de moyen en vue d'une fin quelconque.

2.

— (Sens subjectif) Tout ce qui est apte à satisfaire un besoin, ou à contribuer à un résultat désirable.

3.

— (Sens vulg.) Tout ce qui peut servir au développement écon.

d'une société, au progrès*, à la vie.

4.

— Utilitaire : a) Qui concerne l'utile ; par ext., qui concerne ou considère seulement la vie pratique*.

b) Qui concerne l'utilitarisme.

5.

— Utilitarisme.

: a) Sens propre, doctrine de BENTHAM et de son école, qui prend pour principe moral, socio.

et pol.

l'utile au sens 1.

b) Par ext., toute doctrine qui accorde à l'utile une valeur de principe, en part.

en morale.

6.

— Utilité : a) Caractère de ce qui est utile.

b) (Écon.) Importance que le sujet attribue à un bien disponible en quantité limitée ; cette utilité est supposée diminuer à proportion de l'augmentation des unités du bien qui sont consommées ; par définition, on appelle utilité marginale* l'utilité de la dernière unité de bien disponible ; si le bien satisfait plusieurs besoins, cette utilité est égale à l'utilité de l'unité de bien affectée à la satisfaction du besoin le moins intense.

Rem.

: le néomarginalisme reconnaît que le sujet, s'il peut apprécier les différences d'utilité, ne peut, de façon homogène, les exprimer par une quantité ; d'où le remplacement de la notion par celle de préférence, qui suppose simplement la possibilité d'un ordre. ART: 1) Au sens ancien, tout savoir-faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel).

2) Au sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux-arts), c'est-à-dire à susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive. Oeuvre d'art : ensemble organisé de signes et de matériaux manifestant un idéal de beauté. [Introduction] On définit généralement l'art comme une activité ayant sa fin en elle-même.

On pense que l'artiste crée pour créer, parfois dans le jeu, voire la superficialité, mais jamais pour « servir à » quelque chose.

Les oeuvres font peut-être l'objet d'un commerce.

Mais leur valeur est intrinsèque et non marchande. Mais un monde sans oeuvres d'art ne serait plus un monde humain.

Dans un régime totalitaire où la liberté, voire l'humanité, finissent par disparaître, les oeuvres d'art sont souvent les premières victimes de la censure.

Si l'art n'a pas d'utilité matérielle ou marchande, il doit donc avoir une utilité anthropologique fondamentale.

Mais laquelle ? [I.

Les oeuvres d'art sont par essence inutiles] [1.

Les oeuvres d'art se distinguent des productions techniques par leur inutilité] La technique désigne un ensemble de procédés transmissibles permettant de reproduire des fins utiles.

C'est un savoir-faire orienté vers un but pragmatique.

Il en va tout autrement de l'art.

Cela ne signifie pas qu'il n'existe pas de techniques en art.

Mais les oeuvres belles ont leur fin en elles-mêmes : « Un tableau de Rembrandt utilisé pour boucher une vitre cassée cesse de fonctionner comme oeuvre d'art. Il recouvre cette fonction une fois suspendu aux cimaises du musée » (Marc Jimenez, Qu'est-ce que l'esthétique).

De plus, la création est oeuvre d e la liberté.

Le créateur, le grand artiste ne possède pas seulement un savoir-faire.

Il est celui qui connaissant les règles antérieures en invente d e nouvelles.

Le grand peintre, par exemple, n'est pas un peintre d'École, un habile artisan qui applique scrupuleusement les règles esthétiques en vigueur à une époque donnée.

Il ne suit pas les règles, il les transgresse, bref, il crée.

Le grand artiste, celui qui crée, est un génie.

« Le génie est la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne ses règles à l'art » (« Critique de la faculté de juger »).

Pourquoi la nature ? Kant veut signifier par l'emploi du mot nature: • que la création ne s'apprend pas.

Un savoir-faire s'apprend et le grand artiste l'a acquis.

Mais il permet de re-faire ce qui a été fait, d'imiter les grands, il ne permet pas de créer.

Le savoir-faire est une condition nécessaire mais pas suffisante.

La création relève du don, de la nature définie comme ce qui est donné et n'est pas l'oeuvre du savoir et du travail. • puisque pouvoir créer est un don, celui-ci n'est pas intelligible.

Le génie invente les règles au fur et à mesure qu'il crée, sans avoir pensé ces règles et sans les avoir voulues.

L'artiste est inspiré au sens où il ne maîtrise pas entièrement ce qu'il est en train de faire, où, dans ces moments là, il n'a plus l'impression d'être l'auteur de son oeuvre.

La nature est ici ce qui est spontané, non pensé et ne dépend pas de notre pouvoir décisionnel ou intellectuel. Créer ce n'est pas seulement transgresser et nier.

Créer c'est produire quelque chose de nouveau.

Ce n'est pas faire n'importe quoi.

L'originalité ne suffit pas.

Créer c'est inventer d e nouvelles règles esthétiques et l'artiste de génie inaugure ce qui deviendra une École. Enfin, l'oeuvre d'art est toujours unique et non reproductible.

Elle n'a rien de commun avec un objet de consommation de masse.

Elle est « inutile ». [2.

La beauté se spécifie par son inutilité] « Sois belle et tais-toi » est un proverbe révélateur de la conception commune de la beauté.

On ne demande pas à une chose belle de « servir à » quelque chose ; on préfère même qu'elle ne serve à rien.

On la contemple, c'est tout.

Kant fournit une explication conceptuelle forte d e cette inutilité essentielle des oeuvres d'art. Contrairement à l'agréable, qui suscite un intérêt et procure un plaisir sensible, le beau est « désintéressé ».

La satisfaction est désintéressée, ce qui signifie que nous ne pouvons l'éprouver que si nous sommes dans un certain état d'esprit par rapport à l'objet.

Kant ne veut pas dire que la beauté ne nous intéresse pas, que nous sommes indifférents mais que le plaisir esthétique naît lorsque nous n'avons pas le souci de l'utilité (celui qui va en mer dans le seul but de pêcher, qui porte sur elle un regard de technicien, n'éprouvera pas de plaisir esthétique), de l'agréable ( celui qui porte un regard lubrique sur un Nu, éprouve une satisfaction charnelle qui est d'un autre ordre que la satisfaction esthétique), du bien ( celui qui apprécie une oeuvre engagée en raison de son caractère moral, éprouve une satisfaction morale qui n'est pas esthétique).

Le beau n'est ni l'agréable ni le Bien.

Certes une satisfaction peut être morale et esthétique, les deux ne s'excluent pas mais en tant qu'esthétique, elle n'est pas morale.

A l'encontre de Platon, Boileau, Hegel, Kant affirme que le beau n'est pas le vrai.

Mais il n'est pas non plus le pur sensible puisque le beau ne se réduit pas à l'agréable bien que satisfaction esthétique et sensuelle ne s'excluent pas.

Et de cela Hume ne peut rendre compte.

De même qu'une oeuvre d'art immorale peut être belle, de même, peut l'être une oeuvre désagréable, qui nous déchire et bouleverse.

Et inversement, une musique agréable (par les sonorités, le passé qu'elle évoque) n'est pas belle pour autant bien que nous ayons tendance à confondre beauté et agrément.

Par conséquent, le plaisir esthétique est le seul plaisir libre.

Il n'est pas l'effet de la satisfaction de quelque chose, du besoin du corps ou d'une impératif de la raison.

Libre parce que désintéressé. Mais comment peut-on goûter les oeuvres d'art si on n'établit pas entre elles et nous un rapport de convenance ? Peut-on couper les oeuvres de la nécessité impérieuse qui a poussé l'artiste à les créer, et de leur fonction, jouissive, cathartique ou autre, chez le spectateur ?. »

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