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Les faits parlent-ils d'eux- mêmes ?

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Au quotidien, je suis témoin de nombreux faits : je suis plus grand que ma mère ; Molière est l'auteur de l'avare,… De tels faits sont tellement évidents qu'ils semblent parler d'eux-mêmes et m'apporter des vérités. Ce n'est cependant pas vrai pour le premier. Faut-il admettre que ce que paraît montrer un fait peut être trompeur et qu'il ne suffit pas pour élaborer une connaissance ? Dans ce cas, sur quel type de faits cette dernière se base-t-elle ? Comment la raison en tire-t-elle des leçons ?

« Demande d'échange de corrigé de GARDE Maxime ([email protected]). \Sujet déposé : Les faits parlent-ils d\'eux-mêmes Au quotidien, je suis témoin de nombreux faits : je suis plus grand que ma mère ; Molière est l'auteur de l'avare,… De tels faits sont tellement évidents qu'ils semblent parler d'eux-mêmes et m'apporter des vérités.

Ce n'est cependant pas vrai pour le premier.

Fautil admettre que ce que paraît montrer un fait peut être trompeur et qu'il ne suffit pas pour élaborer une connaissance ? Dans ce cas, sur quel type de faits cette dernière se base-t-elle ? Comment la raison en tire-t-elle des leçons ? I) Que peut enseigner la simple « contemplation » des faits empiriques ? A) Qu'est-ce qu'un fait ? La maison est détruite : voilà un fait que je peux constater.

Ma perception m'en informe, et je suis, très capable de le formuler puisque j'ai à ma disposition les concepts de maison et de destruction.

Le fait quotidien implique ainsi une relation entre deux « objets ».

Par contre, maison n'et pas un fait : ce n'est qu'une idée, qu'il faudra éventuellement particulariser pour désigner cette maison.

Mais ce dernier n'est pas davantage un fait : il est tout au plus un objet singulier et ne devient un fait que si, le montrant à quelqu'un, j'insiste sur son existence.

C'est précisément parce- qu'il n'y a pas de fait que quand existe une relation entre deux objets, que le fait semble apporter immédiatement, par le seul constat de sa présence, un début de connaissance, même élémentaire. B) Mais tout fait possède des caractéristiques qui le distinguent des autres faits : Pourtant, le fait ne renvoie qu'à un évènement singulier qui apparaît dans un certain lieu et à un certain moment alors que la connaissance implique une universalité.

Du fait « cette maison est détruite», il est évidemment impossible de déduire que toutes les maisons sont détruites.

Tout au plus cela confirme-t-il que les maisons ne sont pas indestructibles.

Rien n'autorise à universaliser à toute une espèce ce que je constate à propos d'un spécimen, la destruction de cette maison pourrait n'être qu'une exception.

Cette même erreur peut par exemple se reproduire lorsqu'un Espagnol tout juste arrivé en France aperçoit un Français brun et en déduit que tous les Français sont bruns.

Pourtant, la connaissance que l'homme prétend élaborer doit par définition être universelle.

Comment y parvenir si il ne s'appuie que sur des cas singuliers lorsqu'il établit ses théories. II) Comment mettre au point un fait scientifique ? A) Il ne peut que rompre avec le donné : Puisque le donné immédiat est trompeur, il est en quelque sorte nécessaire de pratiquer à son égard un doute sinon de même ampleur, du moins de même intensité que celui adopté par Descartes à envers toutes les apparences sensibles.

De plus, dans un vocabulaire plus récent, Gaston Bachelard a longuement souligné que l'attitude scientifique ne commence que par une rupture avec l'objet immédiat ainsi qu'avec les pensées qui peuvent surgir d'une observation première.

Il s'agit de « démentir le premier contact avec l'objet.

Ce n'est que par une critique de tout ce qui semblait aller de soi que l'on peut commencer à élaborer une véritable connaissance. B) Il répond à une interrogation : Passer de la réception des faits quotidiens à la conception des faits scientifiques, c'est passer de la passivité à une activité de l'esprit sortir du constat d'un fait singulier pour accéder à l'explication d'un fait universel, et l'on n'y parvient que si la raison « oblige la nature à répondre à ses questions »au lieu de « se laisser conduire en laisse par elle » , comme le dit Kant dans Critique de la raison pure.

Au lieu d'accueillir ce qui se passe, il faut en quelque sorte susciter ce qui ne se passait pas.

L'expérimentateur, enseigne Claude Barnard, « veut troubler la nature, maîtriser les phénomènes et les reproduire non seulement dans les conditions où la nature nous les présente mais dans les conditions où elle ne les a pas réalisés ».

S'il n'y a de fait que par une relation, la connaissance scientifique a pour intention de préciser en quoi consiste cette relation : de ne plus la considérer simplement en termes qualitatifs ou vagues mais de la formuler mathématiquement. III) La vérité des faits relève d'une interprétation théorique : A) Le fait scientifique n'est jamais isolé On doit donc admettre que dans l'élaboration de la connaissance, aucun fait ne peut être considéré comme isolé : il serait insignifiant.

Le fait scientifique est en réalité pris dans un réseau théorique tant dans sa préparation que dans son observation et la signification qu'il aura pour le scientifique Aussi peut-on souligner l'incapacité qui serait celle d'un esprit non prévenu dans un laboratoire : il ne saurait même pas quel fait il doit prendre en compte, et s'il tombait dessus par hasard, il ne pourrait le lier, ni à la recherche qu'il a suscité, ni aux enseignements que l'on espère en obtenir.

Mais un tel égarement n'est pas propre aux laboratoires. B) Les sciences humaines traitent aussi des faits construits. Il en va en effet de même dans les sciences humaines.

On attend d'un historien qu'il respecte les faits.

Mais en quoi consistent ces derniers ? Il ne peut d'abord s'agir de la totalité de ce qui a eu lieu au cours d'une période étudiée.

D'une part, parce-que certains évènements ont totalement disparu, faute de traces ou documents, et, d'autre part, parce-que toute étude historique est obligée d'opérer une sélection dans l'ensemble des évènements, pour l'ensemble d'une population.

Mais surtout, l'historien ne retient que des faits qui peuvent concerner son hypothèse de travail.

S'il n'avait pas d'hypothèse, il irait, dit Lucien Febvre, « rodant au hasard à travers le passé, comme un chiffonnier en quête de trouvailles ». Pour conclure, si les faits parlaient d'eux-mêmes, la vérité ne serait pas le dévoilement qu'évoque son nom en grec : a-lêthéia suggère déjà que la nature, loin de révéler spontanément son organisation, est d'abord cachée.

L'évolution du savoir montre que ce qui la voile est composée de strates beaucoup plus nombreuses que ce que ne le pensaient les initiateurs de la science.

Celle-ci recompose un univers qui n'a pus rien à voir avec celui que semblent nous fournir les faits empiriques, et qui risque de s'en éloigner toujours davantage.

Cela ne nous interdit nullement, dans le quotidien, de nous contenter des apparences, mais nous invite à constater que, plus les connaissances scientifiques progressent, plus l'homme du commun devient ignorant. Sujet désiré en échange : Hegel: On dit volontiers : ma volonté a été déterminée par ces mobiles, circonstances, excitations et impulsions.. »

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