Les échanges sont-ils fondés sur l'égalité ?
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Définition des termes du sujet:
ÉCHANGE: Du latin excambiare, « échanger », «troquer» (de cambiare, «changer »).
En droit, contrat par lequel deux parties se donnent respectivement une chose pour une autre.
En économie,
transfert réciproque de biens ou de services, soit directement (troc), soit indirectement (par l'intermédiaire de la
monnaie).
ÉGALITÉ:
* En mathématique, rapport entre deux grandeurs équivalentes.
* En politique, Principe selon lequel tous les citoyens ont, les mêmes droits et les mêmes obligations.
* Égalité juridique: principe selon lequel les mêmes lois s'appliquent à tous.
* Égalité des chances: principe selon lequel non seulement tous doivent avoir les mêmes droits, mais encore
réellement les mêmes possibilités de les faire valoir.
APPROCHE: C'est Adam Smith (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations [1776], I, 2)
qui est l'auteur central de l'idée que le moteur des échanges n'est autre que l'intérêt personnel ou l'égoïsme privé.
Il
développe l'idée que la recherche de l'intérêt individuel aboutit in fine, par la grâce d'une régulation immanente
appelée " main invisible ", à la réalisation de l'intérêt général (voir aussi B.
Mandeville, " la fable des abeilles ").
Comment expliquer que, malgré la compétition généralisée, une harmonie se dégage entre les hommes ? Pour Smith,
tout se passe comme si une "main invisible" dirigeait l'ensemble des égoïsmes dans l'intérêt de tous: tout en ne
cherchant que son intérêt personnel, l'individu oeuvre souvent d'une manière efficace pour l'intérêt de la
communauté toute entière.
En effet, n'est-ce pas la quête de l'enrichissement personnel qui concourt à fonder la
prospérité d'un pays ?
Cette fiction de la main invisible - hypothèse providentialiste à souhait - est le symbole de l'optimisme libéral qui
croit en l'harmonie des règles spontanées du marché et à l'agrégation des intérêts individuels en intérêts collectifs.
L'explication de cette surprenante main invisible est que le conflit entre des intérêts opposés oblige les partenaires
de l'échange à limiter leurs prétentions, à s'accorder sur des compromis, à réaliser un équilibre correspondant à
l'affectation optimale des ressources.
Au XXe siècle, Hayek proposera une explication supplémentaire : l'interaction
des pensées de tous les acteurs de l'activité économique l'emporte en connaissances et en capacités d'invention
sur n'importe quelle instance centrale.
Le meilleur ordre possible est donc celui qui résulte de la régulation opérée
par des millions d'individus qui prennent des décisions rationnelles en fonction de leur intérêt.
L'échange sous la figure du dialogue permet de considérer l'échange sous le point de vue de l'égalité.
L'échange
peut ne pas concerner que des objets, mais aussi, dans la relation à autrui, des informations, des paroles et des
idées.
Dans le cas particulier du dialogue, il y a ouverture à l'autre et respect de l'autre.
En effet, dans le dialogue,
l'échange suppose une égalité de principe en ce que chaque interlocuteur se reconnaît et est reconnu comme
participant à une raison commune, sous laquelle le dialogue s'instaure.
On peut interpréter l'étymologie du dialogue
comme signifiant un cheminement " à travers " (dia) la " parole ", le " discours " ou la " raison " (logos).
Nous
pouvons construire un discours et une pensée en commun, parce que nous sommes chacun des êtres rationnels.
Il y
a donc alors une égalité face à la raison, également partagée entre nous.
En ce sens, dialoguer c'est viser
l'universel.
Comme le dit Alain : " L'universel, c'est la pensée même.
Une preuve vaut pour tous, ou bien elle ne vaut
même pas pour moi " (Propos).
Dans le dialogue, cependant, on n'échange pas des " biens " que l'on possède déjà,
dans la mesure où c'est précisément dans le dialogue que les pensées vont s'élaborer.
Les échanges de paroles ne
permettent donc pas d'emblée de penser une égalité.
[Introduction]
L'inégalité des échanges économiques existant entre pays « riches » et pays «pauvres », telle que l'analysent
périodiquement les commentateurs et théoriciens, a de quoi choquer.
Pourquoi des pays sont-ils ainsi défavorisés,
ne pouvant exporter que des produits sans grande valeur mais devant importer des produits qui valent beaucoup
plus ? Cette inégalité, que l'on déplore, semble renvoyer à une absence de justice, dont on est prêt à admettre
qu'elle devrait trouver sa place dans les échanges.
Mais est-ce possible ?
[I.
L'échange initial]
a.
Proprement humain par définition, l'échange implique initialement la volonté d'échapper au rapt et à la violence.
Il
suppose un accord, la mise en place d'une relation entre interlocuteurs se respectant, et la définition d'une
équivalence entre des objets différents.
On n'échange en effet que des choses de valeur égale, ce qui suppose que
l'on apprécie d'abord cette dernière — au départ par l'usage attendu de l'objet.
b.
L'introduction de la monnaie comme valeur universelle d'échange facilite les transactions et confirme qu'elles se
situent dans un cadre où une exigence de justice intervient.
Elle rend également possible une dissociation nette
entre valeur d'usage et valeur d'échange : celle-ci suppose qu'un premier acquéreur achète, non pour son usage
personnel, mais pour revendre à une troisième personne.
Il semble logique que son rôle d'intermédiaire soit rétribué.
c.
Mais la monnaie ouvre de multiples possibilités : le prêt et l'usure, le stockage de marchandises qui les rend plus.
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