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Les critiques de l'État ?

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« La dictature du prolétariat chez MARX De la même manière que le passage du féodalisme au capitalisme a été fort lent, le passage du capitalisme au communisme ne saurait être immédiat et il y a, à partir de Marx, un véritable débat sur la transition entre les deux modes de production.

Ce débat porte en fait sur deux étapes étroitement confondues que l'on peut distinguer pour l'analyse : celle de la révolution, c'est-à-dire des voies par lesquelles le prolétariat remplace la bourgeoisie comme classe dominante (en s'emparant des moyens de production et de l'État), et celle de la dictature du prolétariat, processus long durant lequel ce dernier transforme la production et l'État selon ses intérêts de classe pour aboutir au communisme.

La phase transitoire est celle du socialisme. Ce double débat a occupé Marx dans la Ife Internationale des travailleurs contre les anarchistes ou contre les réformistes, puis dans le parti social-démocrate allemand contre les partisans de Ferdinand Lassalle (1825-1864), socialiste réformiste de tendance nationaliste [Critique du programme de Gotha, 1875].

Au début du xx siècle, il est au coeur des écrits des socialistes européens et de ceux de Lénine [L'État et la Révolution, 1917] toujours en lutte contre les réformistes ou les « gauchistes » [La Maladie infantile du communisme — le « gauchisme », 1920].

Le même débat et les mêmes désaccords conduisent à la scission des partis ouvriers en « partis révolutionnaires » (communistes) et « partis réformistes » (socialistes ou sociaux-démocrates).

Après 1960, les affrontements théoriques reprennent de plus belle, en particulier en France, en Italie et en Amérique latine, sur les modalités de la révolution (insurrection populaire ou voie pacifique, c'est-à-dire essentiellement par le suffrage universel).

En même temps, le débat s'approfondit sur la transition vers le communisme à partir non pas seulement des pays du socialisme réel d'Europe et d'Asie, mais surtout des pays nouvellement indépendants (Algérie, Congo, Corée du Nord, Égypte...) ou ayant réalisé leur révolution (Cuba, Chili...). Chez Marx, la dictature du prolétariat possède des aspects assez différents selon les textes : plutôt jacobine et centralisée dans la Critique du programme de Gotha (1875), elle apparaît plus décentralisée dans La Guerre civile en France, qui rend compte de la Commune de Paris.

La dictature révolutionnaire du prolétariat, proposée dans le premier texte, est la mise en oeuvre du programme du Manifeste : «Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l'État, c'est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante et pour augmenter, au plus vite, la quantité des forces productives.

Le pouvoir politique, à proprement parler, est le pouvoir organisé d'une classe pour l'oppression d'une.

autre.

Si le prolétariat, dans sa lutte contre la bourgeoisie, se constitue forcément en classe, s'il s'érige par une révolution en classe dominante et comme classe dominante détruit par la violence l'ancien régime de production, il détruit en même temps que ce régime de production les conditions de l'antagonisme des classes, il détruit les classes en général et, par là même, sa propre domination comme classe » [Manifeste du parti communiste, p.

67 et p.

69].

Si, dans ce texte, l'analyse en termes de lutte de classes est plutôt abstraite, c'est-à-dire qu'elle n'accorde pas d'intérêt à la mise en oeuvre concrète de la dictature du prolétariat, l'analyse de la Commune de Paris comble cette lacune par l'observation des pratiques démocratiques à l'intérieur de la nouvelle classe dominante, le prolétariat. Pour Marx, la Commune de Paris est exemplaire à plus d'un titre : d'une part, tous ses membres recevaient un salaire d'ouvrier ; d'autre part, les membres élus au suffrage universel étaient révocables et liés par le mandat impératif de leurs électeurs.

En supprimant l'armée permanente (remplacée par le peuple en armes) et le fonctionnarisme d'État, la Commune réduisait d'autant deux grandes sources de dépenses.

Par ailleurs, elle abolit le travail de nuit des compagnons boulangers ainsi que, plus généralement, les amendes infligées aux ouvriers par les employeurs ; elle loue aux ouvriers les fabriques abandonnées par les capitalistes.

Telles furent les mesures indiquant la tendance de l'action d'un gouvernement du peuple par le peuple [La Guerre civile en France].. »

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