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Les conditions du dialogue authentique : reconnaissance et compréhension d'autrui.

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Le mot de « dialogue » est à la mode ; il évoque la rencontre, la communication, la coopération, ou, à défaut, la négociation.

Il faut se garder de tomber dans le piège des mots et, au-delà de la demande ou de la promesse de dialogue, il faut voir d'abord si les conditions du dialogue authentique sont réunies, car, dans les techniques actuelles de la propagande ou de la « guerre psychologique », le « dialogue » ou la « négociation » couvrent l'intention de forcer le partenaire (considéré a priori comme adversaire; à se soumettre, ou d'utiliser la publicité donnée à ces rencontres comme moyen de propagande ou de manipulation de l'opinion publique.

Le dialogue authentique entre deux interlocuteurs ou deux sous-groupes réunis en discussion en vue d'une décision ou de la résolution d'un problème, implique 5 conditions :

1 — L'absence de groupes extérieurs de pression. On appelle « groupe de pression » un groupe, une institution ou une foule (ou même un public pouvant intervenir) qui exerce sur les interlocuteurs en présence une certaine pression. Celle-ci peut être matérielle (une assemblée entourée par la troupe, un comité assiégé par des grévistes...) ou morale. Dans ce dernier cas, le plus fréquent, les interlocuteurs se présentent comme des « porte-parole » d'un groupe extérieur dont ils défendent exclusivement le point de vue et par qui ils vont être jugés à l'issue des débats. La participation authentique est dès lors impossible. Le dialogue ne peut être qu'un procès où les parties plaident tour à tour et où l'absence d'arbitre ou de responsable de la décision finale complique encore le problème.

« Les conditions du dialogue authentique : reconnaissance et compréhension d'autrui. Le mot de « dialogue » est à la mode ; il évoque la rencontre, la communication, la coopération, ou, à défaut, la négociation. Il faut se garder de tomber dans le piège des mots et, au-delà de la demande ou de la promesse de dialogue, il faut voir d'abord si les conditions du dialogue authentique sont réunies, car, dans les techniques actuelles de la propagande ou de la « guerre psychologique », le « dialogue » ou la « négociation » couvrent l'intention de forcer le partenaire (considéré a priori comme adversaire; à se soumettre, ou d'utiliser la publicité donnée à ces rencontres comme moyen de propagande ou de manipulation de l'opinion publique. Le dialogue authentique entre deux interlocuteurs ou deux sous-groupes réunis en discussion en vue d'une décision ou de la résolution d'un problème, implique 5 conditions : 1 — L'absence de groupes extérieurs de pression.

On appelle « groupe de pression » un groupe, une institution ou une foule (ou même un public pouvant intervenir) qui exerce sur les interlocuteurs en présence une certaine pression.

Celle-ci peut être matérielle (une assemblée entourée par la troupe, un comité assiégé par des grévistes...) ou morale.

Dans ce dernier cas, le plus fréquent, les interlocuteurs se présentent comme des « porte-parole » d'un groupe extérieur dont ils défendent exclusivement le point de vue et par qui ils vont être jugés à l'issue des débats.

La participation authentique est dès lors impossible.

Le dialogue ne peut être qu'un procès où les parties plaident tour à tour et où l'absence d'arbitre ou de responsable de la décision finale complique encore le problème. L'absence de groupe extérieur de pression garantit donc la liberté de participation au dialogue, pour les membres qui y sont directement et personnellement impliqués.

C'est cette garantie qui était classiquement accordée autrefois lorsque les partis ou les groupes adverses envoyaient en négociation, des plénipotentiaires (c'est-à-dire ayant tout pouvoir pour négocier et en assumant la complète responsabilité). Dans le cas le plus simple ou le plus banal, un dialogue devient artificiel, théâtral et stérile, si d'autres personnes entourent les interlocuteurs et ont (ou prennent) le droit de les déranger, de les critiquer, de les influencer. 2 — La reconnaissance d'autrui.

« Reconnaître » autrui a ici le sens de le respecter comme être et comme autre.

A l'inverse, le mépris, la haine, la volonté de domination, qu'ils se manifestent de façon directe (agressivité) ou indirecte (ruse et manipulation des consciences), annihilent le dialogue comme tel. La plupart du temps nous traitons d'« idiots », de « fous » ou d'« hommes de mauvaise foi » (ouvertement ou intérieurement) ceux et celles qui ne partagent pas nos opinions, nos conceptions, nos résolutions.

A l'inverse, la reconnaissance d'autrui suppose que nous acceptons l'autre comme un semblable et qu'il a le droit d'avoir son point de vue, ses opinions, ses intérêts, ses besoins et ses attentes... différents des nôtres. 3 — La compréhension et l'intercompréhension.

Cari Roger s'écrivait dans un article en 1951 sur « la communication, blocage et facilitation » : « Je veux vous proposer une petite expérience de laboratoire que vous pourrez essayer pour tester la qualité de votre compréhension : la prochaine fois que vous serez en discussion avec votre femme, ou votre ami, ou un petit groupe d'amis, stoppez la discussion et, pour l'expérience, instituez cette règle : que chaque personne ne puisse s'expliquer elle-même qu'après avoir d'abord réexposé les idées elles sentiments de l'interlocuteur avec exactitude et à la satisfaction de celui-ci.

Cela signifierait simplement qu'avant de présenter votre propre point de vue, il serait nécessaire d'assimiler le cadre de référence de l'interlocuteur, pour comprendre ses pensées et ses sentiments, au point de pouvoir les résumer pour lui.

Cela semble simple, n'est-ce pas ? Mais si vous essayez, vous trouverez que c'est une des choses les plus difficiles que vous ayez jamais tenté de faire.

» Le fait est que cette expérience est terriblement difficile et qu'elle est donc très révélatrice de la difficulté naturelle où nous sommes d'écouter autrui, si nous voulons admettre que « écouter » signifie être capable de reprendre ou de résumer ce qu'il vient de dire (avec le sens exact que cela avait pour lui) en obtenant son accord.

Nous « entendons » mais nous n'écoutons pas.

L'écoute compréhensive est, au même titre que la capacité d'observer ce qui se passe en fait an niveau vécu entre les interlocuteurs, la clé du dialogue authentique. 4 — La sincérité et la spontanéité personnelles dans la participation.

« Participer » c'est, outre la liberté de disposer de soi-même déjà vue au point 1 ci-dessus, « vouloir faire partie du dialogue ou du groupe de discussion », se considérer comme co-responsable de ce qui s'y passe et de ce qui s'ensuivra.

Cette volonté d'« en être » s'exprime au plus haut degré par la sincérité de la spontanéité des interventions personnelles dans la discussion.

Ceci suppose un « climat de confiance » mais ce climat n'est que le résultat des conditions générales que nous analysons. 5 — Nombre et valeur des interactions.

On appelle « interaction » en psychologie des groupes le fait que l'intervention d'un participant (si elle est écoutée et comprise) influence celui ou ceux à qui elle s'adresse et que ce participant est à son tour influencé par les réponses. Un réseau complexe d'allers et retours de l'information et des opinions s'instaure donc qui — si les autres conditions sont actualisées — représente la vie affective du couple ou du groupe.

Un groupe «mort » est un groupe dans lequel il n'y a pas d'interaction. Il est certain que la diversité ou la divergence des points de vue engendre dans tout couple ou groupe une tension.

La tension n'est pas nécessairement nuisible et il n'y a pas de raison de la fuir.

Elle est négative lorsque le couple ou le groupe est dans un état de conflit latent qui inhibe la participation ou la fausse.

La tension est positive quand elle n'empêche pas les interactions et ne met pas en péril l'unité du groupe (le désir des participants de participer). Cela étant dit, la valeur des interactions réside dans le fait qu'elles opèrent la mobilisation du système des opinions de chacun, et ainsi la discussion évolue vers la découverte en commun (par suite de l'être -ensemble) d'idées ou de solutions qui sont nouvelles pour tout le monde et qui scellent la co-responsabilité de la décision ou de l'action. Conclusion.

S'il y a un dialogue qui est fait de l'enchevêtrement de deux monologues, il est une autre forme du dialogue qui consiste à éprouver la naissance d'idées nouvelles venues de la participation effective des esprits.

Il se produit dans ces dialogues une sorte d'excitation de la pensée personnelle par celle d'autrui ; des solutions, des résolutions ou des idées jaillissent en s'engendrant les unes les autres, dans l'approbation commune.

Nous existons dans un univers interhumain.

La relation à autrui est une dimension essentielle de la réalité-humaine, de l'être-homme.

Autrui attend de nous d'être reconnu (considéré comme un semblable) et compris.

Nous attendons aussi cela d'Autrui.

Il est naturel à l'être humain de communiquer, d'échanger, de compter sur la réciprocité (loi fondamentale de la Société, selon Lévi-Strauss).

Nous ne pourrions même pas nous penser nous-mêmes et nous identifier, s'il n'y avait pas Autrui.. »

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