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L'éducation augmente-t-elle les inégalités ?

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« VOCABULAIRE: ÉDUCATION (n.

f.) 1.

— Processus consistant en ce qu'une ou plusieurs fonctions se développent graduellement par l'exercice et se perfectionnent. 2.

— Suite des opérations par lesquelles des adultes développent les qualités de l'enfant ( apprentissage, enseignement ; l'éducation a un caractère global). 3.

— Résultat de 1 ou de 2. ÉGALITÉ: * En mathématique, rapport entre deux grandeurs équivalentes. * En politique, Principe selon lequel tous les citoyens ont, les mêmes droits et les mêmes obligations. * Égalité juridique: principe selon lequel les mêmes lois s'appliquent à tous. * Égalité des chances: principe selon lequel non seulement tous doivent avoir les mêmes droits, mais encore réellement les mêmes possibilités de les faire valoir. Introduction — Définition de l'éducation comme ensemble des moyens visant à former et à développer l'esprit humain. — Reprise de la distinction faite par Kant: l'éducation comporte deux parties (l'une, négative, est la discipline ; l'autre, positive, est l'instruction). — Mise en évidence du paradoxe: comment l'éducation qu'on reconnaît sans peine comme un bien pourrait-elle déboucher sur quelque chose d'injuste, c'est-à-dire l'augmentation des inégalités ? — Annonce du plan. 1.

Comment l'éducation peut-elle avoir pour effet d'augmenter les inégalités ? — Examen de la position de Rousseau qui dans son oeuvre a soutenu une thèse, en apparence, un peu paradoxale: à la différence de ses contemporains, les philosophes des Lumières, qui voyaient dans l'éducation et la culture un moyen d'émancipation des hommes, il a attiré l'attention sur le risque existant d'un accroissement des inégalités résultant précisément de l'éducation.

Dans un pur état de nature, les inégalités entre les hommes seraient moins importantes qu'elles ne le sont dans l'état de société.

En effet, plus certains hommes seront instruits, plus l'écart qui les sépare de ceux qui ne le sont pas sera grand.

Selon Rousseau, l'éducation en tant qu'apport de la société creuse donc inévitablement les inégalités. — Les hommes ne peuvent tous avoir la même éducation dans la mesure où les familles, premiers acteurs responsables de l'éducation, sont différentes et inégales.

Ainsi l'enfant d'une famille instruite sera-t-il favorisé par rapport à celui issu d'un milieu peu cultivé.

Ce n'est donc pas la nature qui produit de l'inégalité, mais bien la culture. En civilisant les hommes, la société crée de l'inégalité et, souvent, des différences qui passent pour naturelles « sont uniquement l'ouvrage de l'habitude et des divers genres de vie que les hommes adoptent dans la société ». Par cette affirmation, Rousseau accorde à l'éducation toute son importance, en montrant qu'elle n'influence pas uniquement l'épanouissement des esprits, mais aussi des corps.

Un corps robuste ou délicat l'est moins en raison de sa constitution naturelle, donnée une fois pour toutes, qu'en fonction de la manière, dure ou délicate, selon laquelle il a été élevé. L'argumentation de Rousseau s'appuie ici sur le caractère le plus manifeste de la culture, à savoir l'extrême variété de ses manifestations, des comportements et des manières de vivre que les différentes sociétés humaines nous donnent à voir. Les inégalités qui en découlent se renforcent toujours davantage, au cours de l'existence, comme l'illustre l'image du géant qui, à chaque pas, augmente l'écart qui le sépare du nain.

Cette image sert à nous faire comprendre que l'inégalité culturelle, qui prend sa source dans les différences d'éducation, non seulement ne peut jamais être comblée, mais s'accroît même au fur et à mesure que les existences individuelles se déroulent. En inversant ainsi la perspective traditionnelle, à propos de l'origine de l'inégalité, ce texte engage par là même une réflexion d'ordre politique.

Si les inégalités naturelles, certes inévitables, sont minimes, celles qu'institue une société peuvent être supprimées, et avec elles les injustices qu'elles entraînent. Nul pouvoir et nul privilège social ne peuvent donc s'appuyer sur une soi-disant supériorité naturelle pour justifier leur exercice, et ils peuvent être contestés pour le motif qu'ils reposent en réalité sur l'arbitraire de la culture. — Examen du cas de l'école: celle-ci, dès son origine, a eu pour mission de combler les inégalités.

Aucun État ne saurait laisser l'éducation entièrement entre les mains des familles sous peine de voir se creuser un immense fossé au sein de la société.

Pourtant l'école ne risque-t-elle pas elle-même de creuser d'importantes inégalités entre les familles ? Réussit-elle entièrement sa mission ? Plus de deux millions de personnes adultes seraient en France confrontées à des problèmes d'illettrisme : ce chiffre inquiétant donne la mesure des progrès à accomplir en matière de lutte contre les inégalités. II.

Comment éviter que l'éducation augmente les inégalités ? – Ce que l'éducation des familles ne peut apporter, c'est à l'école de le faire.

L'école doit être obligatoire et gratuite. Elle doit dispenser le même enseignement à tous les enfants quelles que soient leurs différences et leurs spécificités. L'égalité d'accès de tous les hommes à l'instruction est le fondement même de l'école républicaine. – Mais l'école peut-elle parvenir à combler les inégalités sociales en matière d'éducation ? Peut-elle parvenir à réaliser l'objectif républicain d'une égalité d'accès des enfants à l'instruction ? Les enfants des milieux cultivés ne. »

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