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L'économie est-elle une science ?

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« [L'économie est une science qui a pour but de produire de l'abondance.

Pour Condillac, la connaissance des mécanismes économiques donne l'abondance et permet de satisfaire les besoins du peuple.

La liberté des échanges, le développement de l'agriculture et de l'industrie conduisent à la prospérité.] Il faut satisfaire la demande Le commerce est l'échange d'objets dont la valeur est déterminée par le besoin des consommateurs.

Avec l'augmentation et le raffinement des besoins, les moyens de production se développent et le commerce devient une source de prospérité.

Le gouvernement doit favoriser le libre-échange et le contrôle des prix: l'offre des marchandises et la stabilité des prix rendent les peuples paisibles. La guerre économique est nuisible Condillac imagine un pays de la taille de l'Europe, une sorte d'union douanière où régneraient la libre circulation des marchandises et l'égalité devant l'impôt et la justice.

Telles sont les conditions idéales qui permettraient de satisfaire tous les besoins.

Au contraire, les barrières douanières et les guerres font obstacle au commerce, ruinent l'activité économique, entraînent la spéculation et les inégalités de revenu. Condillac annonce le Marché commun L'économie ne peut assurer la prospérité que si le libre-échange et l'union économique règnent entre les nations.

Le projet de Condillac sera réalisé deux cents ans plus tard avec la création du Marché commun.

De plus, à une époque où la science économique est dominée par les physiocrates, pour qui l'agriculture est la seule source de la richesse, Condillac prône aussi le développement de l'industrie. [L'économie est une pratique qui ne permet pas d'établir des lois infaillibles.

Croire que l'on peut maîtriser l'économie comme une science est une illusion du siècle des Lumières.

Plus de deux cents ans de prétendue science économique n'ont pas réussi à faire disparaître les crises ni la pauvreté.] Le mythe du progrès a vécu Le Commerce et le gouvernement est paru en 1776, la même année que le livre d'Adam Smith, La Richesse des nations, que certains considèrent comme l'acte de naissance de la science économique moderne.

Comme Condillac, Smith affirme que le libre-échange est la clé du développement et du progrès. Ce sont là des illusions propres au siècle des Lumières.

Il n'y a ni système économique ni système politique idéals. Le libre-échange ne résout pas tout En effet, le libre-échange des marchandises, ou libéralisme économique, n'a pas entraîné la disparition des inégalités, ni la fin de la concurrence, ni la prospérité universelle.

Les changements de mentalité, les révolutions technologiques, les événements politiques rendent impossible la constitution d'une science économique capable de faire des prévisions. L'économie est empirique L'économie est avant tout une pratique qui change en fonction du contexte.

Comme la médecine, elle est plutôt corrective que préventive et doit s'adapter à chaque cas particulier.

Personne ne peut assurer qu'une conjoncture se reproduira, ni que les mesures économiques prises par le gouvernement dans une situation donnée pourront être reprises à l'avenir. Condillac, comme Smith, s'intéresse surtout à la politique économique, ou macroéconomie, la seule à laquelle la philosophie s'intéresse en raison de ses implications morales, sociologiques ou politiques.

A cette échelle, l'économie dépend d'un trop grand nombre de facteurs pour qu'on puisse l'établir sur des lois.

Tout au plus peut-on formuler quelques grands principes approximatifs auxquels les gouvernements ont recours pour régler leur politique économique.

Comme Condillac le rappelle, l'économie repose, à la base, sur des échanges de biens dont la valeur (l'offre et la demande) est déterminée par les désirs des consommateurs.

Or le comportement des consommateurs, comme tout ce qui ressortit à la psychologie humaine, est en partie rationnel et en partie irrationnel.

C'est pourquoi il ne faut pas oublier que l'économie, même si elle traite pour une part de données matérielles et quantifiables, reste une science humaine, et donc une science inexacte.. »

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