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Le travail est-il nécessaire à la réalisation de soi ?

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« Introduction • Le travail, comme nous le signale l'étymologie du terme, représente d'abord une activité pénible et douloureuse.

Le mot tripalus ne désignait-il pas, dans le latin populaire, une machine formée de trois pieux, permettant d'assujettir les animaux difficiles ? Aussi le sujet semble-t-il posséder la signification suivante : l'activité pénible et contraignante, exigeant un effort douloureux, activité ayant pour but de produire ce qui est utile est-elle indispensable à la création et à la mise à jour de soi, à savoir de l'aspect le plus profond de la personnalité, ou, plus précisément, de la conscience que le sujet cherche à prendre de son unité et de sa continuité ? • Le travail est-il condition d'une existence réelle ? Est-il le fondement de notre vie ? Mais que peut bien signifier cette vie ? Pour mieux comprendre le sens de la question, il importe de savoir ce que désigne notre « soi » et comment on l'édifie.

La personnalité, le soi et la conscience unifiée représentent-ils une intériorité pure et simple ou bien le fruit d'une activité pratique, fruit construit par le travail ? Tel est le problème inhérent à la question, problème concernant cette conscience par laquelle le sujet saisit son unité : est-elle ou non le fruit d'un travail d'extériorisation ? A.

Thèse : le travail est nécessaire à la réalisation de soi Le travail semble, de prime abord, nécessaire à la réalisation de soi.

Il forme et il produit l'homme.

Car l'homme, en transformant la nature et les choses, se réalise lui-même et crée son « soi », l'aspect le plus profond et le plus unifié de sa personnalité.

Loin d'être seulement activité pénible, le travail est formation.

Qu'est-ce que travailler ? C'est extérioriser sa conscience et se projeter dans le monde, où elle peut acquérir une consistance. La célèbre dialectique du maître et de l'esclave, de Hegel, souligne précisément que le travail est nécessaire à la réalisation de soi.

Si la conscience véritablement humaine semble celle du maître, la conscience de l'esclave va acquérir la liberté par le travail.

En transformant la nature, l'esclave accède à la liberté et contemple sa conscience extériorisée dans les choses.

À côté de la conscience théorique, il est une conscience pratique, qui communique sa structure aux objets, perdant ainsi leur caractère farouchement étranger. « nomme se constitue pour soi par son activité pratique, parce qu'il est poussé à se trouver lui-même, à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement E...] Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu'il marque du sceau de son intériorité.

» (Hegel, Esthétique) S'il ne travaille pas, l'homme en reste au niveau du désir producteur de plaisir et de satisfaction.

Alors le fruit se fond en jouissance.

Mais cette immédiateté pure ne saurait être anthropologiquement satisfaisante.

Pure passivité, la conscience n'accède pas au soi réel, unifié et synthétisé.

Pour tenter réellement de vivre, pour échapper à cette certitude sensible immédiate, ne faut-il pas nier le monde et y projeter sa figure par le travail, cette expression de la vraie négativité humaine ? Transition Toutefois, le travail est-il toujours nécessaire à la réalisation de soi ? Tout travail nous fait-il parvenir à la forme extériorisée de nous-mêmes ? N'est-il pas un travail qui rabaisse l'homme et ne peut-on d'ailleurs penser que le loisir lui aussi forme le soi ? Écouter et voir un opéra de Mozart peut être aussi formateur et même davantage que ne l'est une besogne répétitive ou médiocre.. »

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